La Vallée des chevaux
devait se
trouver.
— Nous n’allons pas tarder à le savoir. Dalanar a dit que
le jour où nous aurons atteint l’endroit où convergent trois rivières qui se
dirigent vers l’est, nous saurions que nous suivons la Grande Rivière Mère.
D’après moi, la plupart de ces petits cours d’eau ont des chances de nous mener
dans la bonne direction.
— Tu as raison. Restons du côté gauche. Plus tard, ce sera
peut-être plus difficile de traverser.
— Les Losadunaï vivent sur la rive sud, rappela Jondalar.
Et nous pourrions peut-être nous arrêter dans une de leurs Cavernes. La rive
nord est censée être le territoire des Têtes Plates.
— Ne nous arrêtons pas chez les Losadunaï, proposa
Thonolan. Ils vont nous demander de rester chez eux et nous nous sommes déjà
suffisamment attardés chez les Lanzadonii. Si nous ne les avions pas quittés à
temps, la saison aurait été trop avancée, et au lieu de traverser le glacier,
nous aurions été obligés de le contourner par le nord. Et là, en effet, nous
aurions croisé le territoire des Têtes Plates. Je tiens à continuer et je pense
que nous sommes maintenant suffisamment au sud pour ne plus risquer de les rencontrer.
De toute façon, quelle importance ? Tu ne vas pas me dire que tu as peur
de quelques malheureux Têtes Plates. Il paraît que tuer un Tête Plate, c’est
comme de tuer un ours.
— Je n’ai pas particulièrement envie de me retrouver nez à
nez avec un ours, répondit Jondalar en fronçant les sourcils. J’ai entendu dire
que les Têtes Plates étaient intelligents et qu’ils étaient presque humains.
— Intelligents, peut-être... Mais pas humains puisqu’ils
sont incapables de parler.
— Ce ne sont pas les Têtes Plates qui m’inquiètent,
Thonolan. Je pense simplement que les Losadunaï connaissent la région et qu’ils
peuvent nous indiquer la bonne route. Nous pouvons faire halte chez eux juste
le temps qu’ils nous fournissent quelques points de repère et nous expliquent ce
qui nous attend. D’après Dalanar, certains d’entre eux parlent le zelandonii.
Nous n’aurons aucun mal à nous comprendre.
— D’accord ! Si tu penses que ça vaut mieux.
Le torrent était déjà trop large pour qu’ils puissent le
franchir. Ils aperçurent alors un tronc d’arbre tombé en travers du cours d’eau
et qui formait un pont naturel, et s’en approchèrent, Jondalar en tête. Il
s’engageait sur des racines apparentes de l’arbre quand soudain Thonolan, qui
regardait autour de lui en attendant son tour, lui cria :
— Jondalar ! Attention !
Une pierre lui frôla la tête en sifflant. Aussitôt, il se laissa
tomber et saisit une de ses sagaies. Thonolan s’était accroupi, les yeux fixés
sur l’endroit d’où était partie la pierre. Lorsque les branches nues et
enchevêtrées d’un buisson tout proche bougèrent, il lança son arme. Il
s’apprêtait à jeter une seconde sagaie quand six êtres émergèrent des
broussailles.
— Des Têtes Plates ! cria-t-il en reculant pour mieux
viser.
— Attends ! cria son frère. Ils sont trop nombreux.
— Le costaud a l’air d’être le chef de la bande. Si je
réussis à l’atteindre, les autres prendront peut-être la fuite.
— Non ! Ils vont se ruer sur nous avant que nous ayons
le temps de les viser à nouveau. Pour l’instant, ils se tiennent à distance et
ne font pas mine d’avancer. (Jondalar se releva, tenant toujours sa sagaie.) Ne
bouge pas ! conseilla-t-il à son frère. Attendons. Et ne quitte pas le
costaud des yeux. Il a très bien compris que c’est lui que tu vises.
Jondalar dévisageait le costaud et avait l’impression
déconcertante que les grands yeux bruns étaient aussi en train de l’étudier.
C’était la première fois qu’il voyait des Têtes Plates d’aussi près et il était
surpris car ils ne correspondaient pas à l’idée qu’il s’en faisait. Les yeux
qui l’observaient étaient enfoncés dans des orbites proéminentes, accentuées
par des sourcils broussailleux. Le nez aux larges narines, mais étroit en haut,
comme une sorte de bec, les faisait apparaître encore plus enfoncés. Le visage
disparaissait sous une barbe épaisse et légèrement bouclée. En observant un
autre Tête Plate, plus jeune et dont la barbe commençait juste à pousser,
Jondalar s’aperçut qu’il n’avait pas de menton, simplement une mâchoire
saillante. Quant à leurs cheveux, bruns, ils étaient tout emmêlés,
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