La Vallée des chevaux
qu’ils utilisèrent pour se protéger de
l’humidité pendant que leurs vêtements séchaient, puis pour dormir.
Jondalar passa une mauvaise nuit. Sa blessure le faisait
souffrir et il sentait que quelque chose n’allait pas à l’intérieur. Mais il
n’était pas question qu’ils s’arrêtent tant qu’ils ne seraient pas sur la terre
ferme.
Le matin, ils pêchèrent du poisson à la seine grâce à de grands
paniers tressés, fabriqués avec des branches d’aulne et des feuilles de
massette. Ils ramenèrent ces nasses vers la rive à l’aide de cordes faites
d’écorce filandreuse. Ils rangèrent le matériel qui leur avait permis de faire
du feu et les souples paniers à l’intérieur des nattes qu’ils attachèrent avec
la corde. Portant chacun une natte en bandoulière et tenant chacun une lance,
ils se remirent en route. Ces lances n’étaient que des bâtons dont l’extrémité
avait été taillée en pointe mais elles leur avaient permis de dîner la veille
au soir et, grâce aux paniers, ils avaient pu se procurer un second repas. Leur
survie dépendait moins de leur équipement que de leur savoir-faire.
Les deux frères n’étaient pas tout à fait d’accord sur la
direction à prendre. Thonolan était persuadé qu’ils avaient traversé le delta
et il voulait se diriger vers l’est pour rejoindre la mer. Jondalar voulait
aller vers le nord car il était sûr qu’il leur restait encore un bras à
traverser. Ils choisirent finalement un compromis et se dirigèrent vers le
nord-est. Il s’avéra que Jondalar avait raison et aux environs de midi, ils
atteignirent le bras du fleuve situé le plus au nord.
— J’ai l’impression qu’il va falloir recommencer à nager,
annonça Thonolan. En seras-tu capable ?
— Je n’ai pas le choix.
Ils s’apprêtaient à plonger dans l’eau quand soudain, Thonolan
s’arrêta.
— Et si nous attachions nos vêtements sur un tronc d’arbre
comme nous avons l’habitude de le faire ? proposa-t-il. Comme ça, nous ne
les mouillerons pas.
— Je ne sais pas... commença Jondalar. (Plonger tout nu
dans cette eau glaciale ne lui plaisait guère. Mais la proposition de son frère
était raisonnable et il ne voulait pas recommencer à discuter avec lui.)
D’accord, convint-il en haussant les épaules.
Sans vêtement, il faisait plutôt frisquet. Jondalar se dit qu’il
ferait mieux de conserver autour de sa taille la sacoche dans laquelle il
portait ses outils, mais Thonolan l’avait déjà rangée à l’intérieur de sa
tunique et il était en train d’attacher tout ce qu’ils possédaient sur un
tronc. Dès que Jondalar se retrouva dans l’eau, il eut l’impression que le
fleuve était encore plus froid que la veille et il dut serrer les dents pour ne
pas crier quand, après avoir plongé, il se mit à nager. L’eau glacée finit par
engourdir ses côtes douloureuses. Nageant d’un côté seulement, il se laissa
distancer par son frère qui poussait le tronc devant lui.
Lorsqu’ils sortirent de l’eau et se retrouvèrent debout sur le
banc de sable qu’ils avaient choisi de rallier, l’embouchure de la Grande
Rivière Mère était en vue et ils aperçurent pour la première fois la mer
intérieure. Ils avaient atteint le but qu’ils s’étaient fixés au début de leur
périple, et pourtant ils ne ressentaient aucune émotion particulière. Depuis
qu’ils avaient quitté les Sharamudoï, leur Voyage n’avait plus de sens et ils
le savaient. En outre, ils n’avaient toujours pas gagné la terre ferme.
L’ensablement sur lequel ils se tenaient s’était trouvé jadis au milieu du lit.
L’eau avait changé de parcours, laissant derrière elle un bras mort qu’il
fallait maintenant traverser.
De l’autre côté de l’ancien lit, une berge haute et boisée leur
tendait les bras. Sa base, sapée précédemment par le courant, était couverte de
racines qui pendillaient à l’air libre. Le bras mort n’était pas resté vide
longtemps : au milieu, il y avait encore de l’eau bourbeuse et un début de
végétation avait commencé à pousser. Les insectes eux aussi avaient découvert
l’eau stagnante et pour l’instant, ils s’acharnaient sur les deux hommes.
Thonolan, qui était en train de détacher leurs vêtements,
changea bien vite d’avis.
— Il va falloir que nous traversions ce lit boueux, dit-il.
Mieux vaudrait attendre d’avoir atteint la berge pour nous rhabiller.
Jondalar acquiesça d’un signe
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