Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
l’embarcation.
    — Le bateau se remplit aussi vite que je le vide,
lança-t-il par-dessus son épaule.
    — Je ne pense pas que ça dure longtemps, répondit Jondalar
qui continuait à lutter contre les vagues. Si tu continues à ce rythme-là, je
crois que nous nous en sortirons.
    L’averse s’arrêta brusquement et, bien que le ciel restât
menaçant, ils réussirent à sortir des gorges sans autre incident.
    Dès que le fleuve eut atteint les plaines, son cours s’élargit.
Après avoir été si longtemps comprimé par les gorges, il profitait de la
liberté qui lui était offerte. Des îles apparurent, couvertes de saules et de
roseaux où nichaient des hérons et des grues, des oies et des canards
migrateurs et quantité d’autres oiseaux.
    La première nuit, les deux frères installèrent leur campement
dans une prairie située sur la rive gauche. Les premiers contreforts des hauts
pics montagneux s’étaient maintenant éloignés de la berge. Mais, sur la rive
droite, la chaîne de sommets arrondis obligeait le fleuve à obliquer vers
l’est.
    Jondalar et Thonolan reprirent si rapidement leurs habitudes de
voyage que jamais on n’aurait cru qu’ils s’étaient arrêtés pendant plusieurs
années chez les Sharamudoï. Cependant, quelque chose d’essentiel avait changé.
Ils avaient perdu leur insouciance et ce goût de l’aventure qui les poussait à
aller de l’avant pour l’unique joie de la découverte. La fuite en avant de
Thonolan avait, au contraire, un côté désespéré.
    Jondalar avait tenté une fois encore de convaincre son frère de
rebrousser chemin, mais comme Thonolan avait très mal réagi, il avait préféré
ne pas insister. Il espérait qu’avec le temps sa souffrance s’apaiserait et
qu’un beau jour il déciderait de rentrer et de recommencer sa vie. Tant que ce
ne serait pas le cas, il était décidé à rester avec lui.
    Portés par le courant, les deux frères voyageaient plus vite
dans leur petite embarcation que s’ils avaient marché le long de la rive. Comme
leur avait expliqué Carlono, lorsque le fleuve atteignit la barrière d’une
ancienne chaîne de montagnes, bien antérieure aux massifs entre lesquels il
avait coulé jusqu’ici, il obliqua vers le nord. Bien que cette vénérable chaîne
montagneuse eût subi les outrages du temps, elle s’interposait encore entre le
fleuve et la mer intérieure qu’il tâchait d’atteindre.
    Nullement découragé, le cours d’eau avait cherché un autre
passage et s’était recourbé vers le nord. Mais, alors qu’il obliquait à nouveau
vers l’est pour atteindre la mer intérieure, il recevait un dernier affluent,
une large rivière, qui augmentait encore le volume déjà énorme des eaux et des
limons qu’il charriait. Maintenant que rien n’arrêtait plus sa course, la
Grande Rivière Mère ne pouvait plus se contenter de son lit. Elle se divisait
en plusieurs bras et formait un delta en éventail.
    Ce delta n’était qu’un gigantesque marécage plein de sables
mouvants, de marais salants et de dangereuses petites îles. Certaines îles
limoneuses demeuraient en place pendant plusieurs années, suffisamment
longtemps pour que des arbres rabougris réussissent à y pousser. Cela ne les
empêchait pas d’être sapées par les infiltrations ou entraînées un beau jour
par les crues saisonnières. Le fleuve comptait quatre embouchures, mais le
cours de ces quatre bras principaux restait instable. Sans raison apparente, il
arrivait que l’eau cesse de couler dans son lit habituel et qu’elle choisisse
brusquement un autre parcours, déracinant les buissons et abandonnant derrière
elle un bras mort rempli de sable encore humide.
    La Grande Rivière Mère – longue de près de trois mille
kilomètres et grosse des eaux de deux chaînes de montagnes couvertes de
glaciers – n’allait pas tarder à atteindre sa destination finale.
Mais le delta, avec ses deux mille cinq cents kilomètres carrés de boue, de
limon, de sable et d’eau, constituait le tronçon le plus dangereux du fleuve.
    Tant que Jondalar et Thonolan avaient suivi le plus profond des
bras de gauche, ils n’avaient eu aucun mal à naviguer. Au moment où le fleuve
remontait en direction du nord, il leur avait suffi de se laisser porter par le
courant et quand le large cours d’eau avait reçu son dernier affluent, ils
avaient simplement été déportés au milieu du lit. Mais les deux frères
n’avaient pas prévu qu’aussitôt

Weitere Kostenlose Bücher