La Vallée des chevaux
enfin à
toucher les doigts de son frère, celui-ci s’avança de quelques centimètres pour
agripper fermement sa main.
— C’est comme ça qu’il faut faire lança en mamutoï une voix
derrière lui. Tiens bon ! Nous arrivons !
Jondalar poussa un soupir de soulagement et relâcha ses muscles
tendus par la peur et l’effort. Il réalisa alors qu’il tremblait de tous ses
membres. Il ne lâcha pas pour autant la main de Thonolan. Un instant plus tard,
on lui passa une corde pour qu’il l’attache autour des poignets de son frère.
— Détends-toi, conseilla-t-on à Thonolan. Étends-toi de
tout ton long comme si tu voulais nager. Tu sais nager ?
— Oui, répondit Thonolan.
— Parfait ! Détends-toi. Nous allons te sortir de là.
Jondalar sentit des mains qui le tiraient en arrière. Un instant
plus tard, son frère était debout à côté de lui. Ils suivirent alors une femme
qui tâtait le sol à l’aide d’une longue perche afin de vérifier qu’il n’allait
pas s’enfoncer sous leurs pieds. Personne ne sembla se formaliser du fait
qu’ils ne portaient pas de vêtements jusqu’à ce qu’ils aient atteint la berge.
La femme qui avait dirigé l’opération de sauvetage se retourna
alors vers eux pour les examiner de plus près. C’était une femme à la robuste
carrure et dont le maintien imposait le respect.
— Comment se fait-il que vous voyagiez sans vêtement ?
demanda-t-elle.
Les deux frères regardèrent leurs corps couverts d’une épaisse
croûte de boue.
— Nous nous sommes engagés dans le mauvais bras et notre
bateau a été heurté par un tronc d’arbre... commença Jondalar qui avait du mal
à tenir sur ses jambes.
— Après le naufrage, nous avons réussi à faire sécher nos
vêtements et nous avons pensé qu’il valait mieux ne pas les remettre pour nager
puis traverser ce bras mort plein de boue, continua Thonolan. C’est moi qui les
transportais car Jondalar était blessé...
— Blessé ? l’interrompit la femme. L’un de vous est
blessé ?
— Oui, mon frère, répondit Thonolan.
Jondalar, qui souffrait terriblement, était pâle comme un mort.
— Il faut que le mamut s’occupe de lui, intervint la femme.
Vous n’êtes pas mamutoï. Où avez-vous appris à parler notre langue ?
— Nous avons appris le mamutoï avec une femme qui vit chez
les Sharamudoï et qui fait partie de ma parenté.
— Tholie ?
— Oui. Tu la connais ?
— Moi aussi, je suis parente avec elle. Tholie est la fille
d’un de mes cousins. Nous sommes donc parents par alliance toi et moi. Je
m’appelle Brecie des Mamutoï et je dirige le Camp du Saule.
— Je m’appelle Thonolan des Sharamudoï et voici mon frère,
Jondalar des Zelandonii.
— Zel-an-donii ? demanda Brecie, étonnée. Je n’ai
jamais entendu parler de ce peuple. Si vous êtes frères, comment se fait-il que
tu sois sharamudoï et qu’il soit... zelandonii ? Il n’a pas l’air dans son
assiette, continua-t-elle en regardant Jondalar. (Décidant qu’il valait mieux
remettre cette discussion à plus tard, elle ajouta à l’intention d’un des
hommes qui l’accompagnaient :) Aide-le. Je ne suis pas sûre qu’il puisse
marcher.
— Je peux encore marcher, dit Jondalar qui faisait tout son
possible pour ne pas s’évanouir. A condition que ce ne soit pas trop loin...
Il se sentit soulagé quand un des Mamutoï prit son bras tandis
que Thonolan le soutenait de l’autre côté.
— Je serais parti depuis longtemps, Grand Frère, si je ne
t’avais pas promis d’attendre que tu ailles mieux pour me remettre en route. Je
m’en vais. Je pense que tu ferais mieux de rentrer, mais je ne veux pas
recommencer à discuter de ça avec toi.
— Pourquoi veux-tu aller vers l’est, Thonolan ? Nous
avons atteint l’embouchure de la Grande Rivière Mère et nous sommes maintenant
au bord de la mer. Pourquoi ne pas rentrer chez nous ?
— Je ne vais pas vers l’est, mais plutôt en direction du
nord. Brecie m’a dit qu’ils n’allaient pas tarder à partir chasser le mammouth
dans cette région. Je pars devant et je les retrouverai dans un autre camp
mamutoï. Je ne compte pas rentrer chez nous, Jondalar. J’ai l’intention de
voyager jusqu’à ce que la Mère me rappelle à Elle.
— Ne dis pas des choses pareilles ! cria Jondalar. On
dirait que tu vas mourir !
— Et alors ? cria Thonolan à son tour. Maintenant que
Jetamio n’est plus là, la vie ne
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