La Vallée des chevaux
celles qui recouvraient sa couche avaient
la même souplesse.
Ces peaux et ces fourrures lui rappelaient quelque chose, mais
il n’aurait pas su dire quoi. Les ustensiles que cette femme utilise ont beau
ne pas être décorés, ils sont d’une fabrication très soignée, songeait-il. Les
peaux et les fourrures ont été travaillées avec beaucoup de soin mais elles
n’ont été ni coupées pour s’adapter à une forme, ni cousues, ni lacées. Et
aucun des objets que je vois autour de moi n’est décoré ou teint. Et pourtant
cette femme a pensé à recoudre ma blessure. Il y a bien des contradictions dans
tout cela.
Plongé dans ses pensées, Jondalar n’avait accordé que peu
d’attention aux allées et venues d’Ayla qui se préparait à rallumer le feu à
l’intérieur de la caverne. Il s’était néanmoins demandé pourquoi elle n’allait
pas chercher une braise à l’extérieur et en avait déduit que le feu qui lui
avait servi à cuisiner s’était éteint. Il la regarda, sans vraiment la voir,
rassembler les écorces et autres matériaux inflammables au centre du foyer, puis
prendre deux pierres et les frapper l’une contre l’autre. Aussitôt après des
flammes s’élevèrent. Et avant que Jondalar ait le temps de réaliser ce qui
s’était passé, le feu avait pris.
— Grande Mère ! s’écria-t-il. Comment as-tu fait pour
allumer ton feu aussi vite ?
Il se rappelait vaguement qu’elle avait fait la même chose
lorsqu’il s’était réveillé en pleine nuit, mais il avait préféré mettre cette
impression sur le compte de la fièvre.
Ayla se retourna et lui lança un regard interrogateur.
— Comment as-tu allumé le feu ? demanda à nouveau
Jondalar en se penchant en avant. Oh, Doni ! Elle ne comprend rien à ce
que je dis ! dit-il en levant les bras d’un geste exaspéré. Est-ce que tu
te rends seulement compte de ce que tu viens de faire ? Viens ici, Ayla,
lui proposa-t-il en lui faisant signe du doigt pour qu’elle approche.
C’était la première fois qu’il se servait de ses mains pour
s’exprimer et Ayla s’approcha aussitôt. Compte tenu de sa mimique, il y avait
quelque chose qui l’inquiétait ou qu’il voulait savoir. Fronçant les sourcils,
elle se concentra sur les mots qu’il prononçait pour essayer de comprendre.
— Comment as-tu fait du feu ? redemanda Jondalar en
parlant le plus lentement possible et en montrant le feu.
— Fe... dit Ayla en essayant de répéter le dernier mot
qu’elle venait d’entendre.
— Du feu, oui ! Du feu ! s’écria Jondalar en
gesticulant en direction des flammes.
— Feu... réussit à dire Ayla.
— Oui, c’est ça ! Comment l’as-tu allumé ?
— Feu... répéta Ayla en s’approchant du foyer et en lui
montrant ce que le mot semblait désigner.
Jondalar se laissa retomber sur les fourrures avec un soupir,
réalisant soudain qu’il avait voulu à toutes forces lui faire comprendre des
mots qu’elle ne connaissait pas.
— Je suis désolé, Ayla. Je me suis conduit comme un idiot.
Comment pourrais-tu répondre à la question que je te pose alors que tu ne
comprends pas ce que je te demande.
Son agitation l’ayant épuisé, Jondalar ferma les yeux. Ayla, au
contraire, se sentait très excitée : elle possédait un mot, un seul, mais
c’était déjà un début. Comment faire pour continuer et pousser l’homme à lui en
apprendre d’autres ?
— Gon-da-lah... (Il ouvrit les yeux et vit qu’elle lui
montrait à nouveau les flammes.) Feu...
— Feu, c’est ça, répondit Jondalar en hochant la tête avant
de refermer à nouveau les yeux.
Il ne prête aucune attention à ce que je lui demande, se dit
Ayla, furieuse d’être incapable de lui dire ce qu’elle voulait.
— Gon-da-lah... (Elle attendit qu’il eût rouvert les yeux.)
Feu... répéta-t-elle, en lui lançant un coup d’œil plein d’espoir.
Que veut-elle ? se demanda Jondalar avec curiosité.
— Que veux-tu que je te dise au sujet de ce feu,
Ayla ?
La position des épaules de Jondalar et l’expression de son
visage laissaient entendre qu’il venait de lui poser une question. Elle avait
réussi à éveiller son attention. Elle s’approcha alors du foyer pour y prendre
un morceau de bois. Puis elle revint vers Jondalar et, le morceau de bois à la
main, lui lança à nouveau un regard plein d’espoir. Jondalar était un peu
perplexe.
— Veux-tu que je te dise le mot pour ça ?
Pourquoi
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