La Vallée des chevaux
fait des animaux en pierre.
— C’est impossible ! intervint Ayla en fronçant les
sourcils. Les animaux sont faits de chair et de sang. Ils vivent et ils
respirent.
— Je ne te parle pas d’animaux réels, mais de statuettes
qui représentent des animaux. Le sculpteur reproduit dans la pierre l’apparence
de l’animal. Ou, si tu préfères, il la taille pour qu’elle ressemble à un
animal. Certains sculpteurs font aussi des statuettes qui représentent la
Grande Terre Mère. A condition bien entendu qu’Elle leur soit apparue lors
d’une vision.
— Quelque chose qui ressemble à un animal ? Dans de la
pierre ?
— Pas seulement dans de la pierre. On peut aussi utiliser
le bois, l’os, une défense de mammouth ou des bois de cervidés. J’ai entendu
dire que certains peuples faisaient des statues dans de la boue. Si la neige ne
fondait pas au printemps, on pourrait aussi l’utiliser car elle permet de
façonner des personnages ou des animaux très ressemblants.
Pour Ayla, qui ne comprenait rien à ce que lui racontait
Jondalar, le mot « neige » fut un déclic. Cela lui rappela le jour où
elle s’était servie d’un bol pour entasser de la neige contre la paroi
extérieure de la caverne. N’avait-elle pas imaginé pendant un court instant que
ce tas de neige ressemblait à Brun ?
— Façonner un personnage dans de la neige... dit-elle en
hochant la tête. Je crois que je comprends.
Jondalar se dit que le meilleur moyen pour qu’elle comprenne
vraiment était de lui montrer une sculpture. Quelle vie morne elle a dû avoir
parmi les Têtes Plates qui l’ont élevée ! se dit-il. Même ses vêtements
sont uniquement utilitaires. Se contentent-ils de chasser, de manger et de
dormir ? Ils ne sont même pas sensibles aux Dons de la Mère. Ni beauté, ni
mystère, ni imagination. Je me demande si elle se rend compte de ce qu’elle a
raté.
Ayla prit le rognon de silex qu’elle avait choisi et l’examina
avec attention pour savoir à quel endroit elle allait l’attaquer. Elle n’allait
pas fabriquer un coup-de-poing car, même si c’était un outil très utile, il
était plutôt facile à faire et Jondalar avait certainement envie qu’elle
utilise une technique plus compliquée. Avant de se mettre au travail, elle
saisit un objet qui ne figurait pas dans l’assortiment d’outils de
Jondalar : un os de pied de mammouth, un os élastique sur lequel elle
poserait le silex pour qu’il ne se fracasse pas pendant le travail. Elle le fit
tourner jusqu’à ce qu’il eût trouvé sa place entre ses jambes.
Elle prit alors son percuteur, un outil en pierre semblable à
celui de Jondalar, mais plus petit que le sien, adapté à sa main. Tenant le
rognon qu’elle avait posé sur l’enclume en os de mammouth, elle le frappa avec
force à l’aide de son percuteur. Un morceau de cortex, l’enveloppe extérieure
du silex, tomba à côté de l’enclume, laissant apparaître l’intérieur gris foncé
du rognon. Le morceau qui venait de se détacher possédait un épais renflement – le
bulbe de percussion à l’endroit qui avait été frappé par le percuteur. Puis son
épaisseur allait en diminuant et, à l’opposé du bulbe, il se terminait par un
bord fin. Il aurait pu être utilisé comme outil à découper – d’ailleurs
les premières lames fabriquées par l’homme n’étaient rien d’autre que des
éclats aux bords tranchants – mais l’outil qu’Ayla désirait fabriquer
exigeait une technique plus élaborée.
Elle examina avec attention l’intérieur du silex. La couleur
était bonne, le grain parfaitement lisse et il n’y avait aucune inclusion. Ce
rognon allait permettre de fabriquer de bons outils. A nouveau, Ayla utilisa
son percuteur.
Elle continua à débiter le rognon pour le débarrasser de son
enveloppe crayeuse et Jondalar, qui l’observait, vit peu à peu apparaître la
forme qu’elle était en train de lui donner. Quand l’enveloppe crayeuse eut
disparu, elle frappa encore quelques coups, supprimant ici un renflement,
détachant là un éclat, jusqu’à ce que le nucleus ait la forme d’un œuf quelque
peu aplati. Elle échangea alors son percuteur en pierre contre un bout d’os
solide. Plaçant le noyau sur la tranche et travaillant du bord vers le centre,
elle s’attaqua avec son percuteur en os au sommet de l’œuf en pierre et se mit
à en détacher des éclats. Ce percuteur possédait une plus grande élasticité et
les éclats
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