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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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esprit, déjà immense en temps ordinaire, était amplifiée cette nuit-là par
le breuvage qu’Ayla, sur les conseils d’Iza, avait préparé à l’intention des
sorciers. Elle aussi en avait absorbé sans le vouloir et était sous l’influence
du breuvage magique. Par la seule force de son esprit, Creb l’avait tirée de
l’abîme sans fond où elle était en train de sombrer et l’avait entraînée dans
un voyage fascinant et terrifiant au cours duquel ils étaient remontés jusqu’à
l’aube de l’humanité.
    Au cours de ce voyage, le plus grand magicien du Clan, doté d’un
cerveau exceptionnel, avait ouvert de nouvelles voies dans le cerveau d’Ayla,
ranimant des dispositions qui, chez ses semblables, s’étaient atrophiées au
cours des âges. Mais, même si leurs cerveaux se ressemblaient, ils n’étaient
pas identiques. Ayla avait pu remonter en arrière avec lui jusqu’à l’aube de
l’humanité, puis parcourir chaque stade du développement. Mais, à un moment
donné, leurs chemins s’étaient séparés et, lorsqu’elle s’était aventurée plus
avant sur le sien, elle s’était soudain retrouvée seule : Creb ne pouvait
aller au-delà.
    Ayla ne comprenait toujours pas pourquoi il avait été si
douloureusement affecté par ce qui s’était passé cette nuit-là. Mais une chose
était sûre : il n’avait plus jamais été le même et leur relation s’en
était trouvée modifiée. Elle ne savait pas non plus que Creb avait ouvert de
nouvelles voies dans son psychisme. Malgré tout, elle avait maintenant
l’absolue certitude qu’elle avait été envoyée dans la vallée pour obéir à un
dessein dont Jondalar faisait partie.
    Alors qu’elle se voyait de loin, assise à côté de Jondalar sur
cette plage rocheuse située au cœur d’une vallée reculée, des nuées en
mouvement et des lueurs bizarres, émanant d’une atmosphère étrange et épaisse,
puis happées par le vide, les entourèrent, les unissant l’un à l’autre. Elle
comprit alors d’une manière confuse le sens de sa propre destinée :
celle-ci lui apparut comme un nœud dont les nombreux fils étaient reliés au
passé, au présent et au futur, une position clef dans une période de transition
cruciale. Le corps baigné de sueurs froides, elle émit un son étranglé et
sursauta en apercevant le visage inquiet qui se penchait vers elle. Puis elle
frissonna pour chasser ce sentiment d’irréalité.
    — Tout va bien, Ayla ?
    — Oui, ça va.
    Voyant qu’elle frissonnait sans raison et qu’elle avait la chair
de poule, Jondalar éprouva le besoin de la rassurer. Mais il ne savait pas ce
qui l’avait effrayée. Cela ne dura qu’un court instant. Il essaya de se défaire
de cette impression de malaise, sans y parvenir.
    — Je crois que le temps va changer, dit-il. Il me semble
qu’un vent froid se lève.
    Tous deux regardèrent le ciel : celui-ci était toujours
aussi bleu.
    — C’est la saison des orages, dit Ayla. Ils éclatent
souvent brusquement.
    Jondalar hocha la tête et, désireux de se raccrocher à quelque
chose de solide, il lui demanda :
    — Quelle est la prochaine étape, Ayla ?
    La jeune femme se remit au travail. Concentrée sur sa tâche,
elle débita cinq éclats de forme ovale et aux bords aussi tranchants que le
premier et, après avoir examiné une dernière fois le bout de rognon pour voir
si on ne pouvait pas en détacher une dernière lamelle, elle le jeta loin
d’elle.
    Puis elle choisit le plus fin des éclats et, à l’aide d’un galet
rond et lisse, en retoucha un des bords afin d’émousser le dos de l’outil.
Ensuite elle façonna en pointe l’extrémité à l’opposé du bulbe de percussion.
Satisfaite, elle posa l’éclat dans sa paume et le tendit à Jondalar.
    Celui-ci le prit et l’examina avec attention. La section médiane
de l’outil était relativement épaisse puis diminuait au fur et à mesure qu’on
s’approchait du bord, fin et coupant sur toute sa longueur. L’outil était assez
large pour qu’on l’ait bien en main et son dos avait été émoussé pour que
l’utilisateur ne se coupe pas. Il ressemblait un peu à la pointe de flèche des
Mamutoï. Mais il n’était nullement destiné à être fixé au bout d’une lance.
C’était un couteau sans manche, qu’on tenait directement dans la main, et pour
avoir vu Ayla utiliser un outil semblable, Jondalar savait qu’il était
étonnamment efficace.
    Il reposa la lame et hocha la tête

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