La Vallée des chevaux
(Jondalar ouvrit le petit sac
suspendu à sa ceinture et en sortit la donii en pierre.) Je te la donne, dit-il
à Noria. C’est pour toi.
Il aurait aimé pouvoir expliquer à la jeune femme à quel point
il tenait à cette statuette qui lui avait été remise par sa mère après avoir
été transmise de génération en génération. Comme elle risquait de ne rien
comprendre à ses explications, il préféra lui dire :
— Cette donii est mon Haduma. L’Haduma de Jondalar.
Maintenant, elle est devenue l’Haduma de Noria.
— Haduma de Jondalar ? fit-elle tout étonnée. Haduma
de Jondalar pour Noria ?
Jondalar hocha la tête. La jeune femme ne put retenir ses
larmes. Prenant la statuette dans ses deux mains, elle l’approcha de ses lèvres
et y déposa un baiser.
— Haduma de Jondalar, dit-elle entre deux sanglots.
Elle serra Jondalar dans ses bras, l’embrassa avec passion, puis
faisant soudain demi-tour, s’enfuit en courant pour rejoindre le campement.
Au moment du départ, tout le monde était là. Noria était debout
à côté d’Haduma. Jondalar s’immobilisa un court instant en face des deux
femmes. Haduma lui sourit et hocha la tête pour lui montrer qu’elle était
satisfaite. Noria avait les larmes aux yeux. Quand Jondalar lui effleura
tendrement la joue, elle réussit à sourire. Non loin d’elle se trouvait le
jeune garçon aux cheveux bouclés qui, sur l’ordre de Jeren, était allé prévenir
les Hadumaï de l’arrivée des étrangers. Il couvait Noria du regard et quand
Jondalar s’en aperçut, il fut tout heureux pour la jeune femme.
Noria était une vraie femme maintenant. Son fils, béni par
Haduma, serait accueilli à bras ouverts dans le foyer de n’importe quel homme.
Très vite le bruit courrait qu’elle avait éprouvé du plaisir durant les
Premiers Rites et qu’en conséquence elle ferait une bonne compagne. Elle
n’aurait aucun mal à trouver un compagnon parmi les jeunes gens de la tribu.
— Crois-tu vraiment que Noria sera enceinte d’un enfant de
ton esprit ? demanda Thonolan dès qu’ils eurent quitté le camp.
— Je ne le saurai jamais, répondit Jondalar. Mais je pense
qu’Haduma est une vieille femme très sage. Le nombre de choses qu’elle sait
doit être inimaginable. Elle possède une « grande magie », comme dit
Tamen. Si c’est en son pouvoir, elle se débrouillera pour que Noria ait un
enfant aux yeux bleus.
Les deux frères suivaient à nouveau le fleuve et ils marchèrent
un long moment sans échanger un mot jusqu’à ce que Thonolan dise :
— Il y a quelque chose que j’aimerais bien savoir...
— Ne te gêne pas, lui conseilla Jondalar.
— Tu dois avoir un don surnaturel, dit Thonolan. Même si la
plupart des hommes se vantent d’avoir été choisis pour les Premiers Rites, il y
en a beaucoup que cela effraie. J’en connais quelques-uns qui ont carrément
refusé. Moi, je n’ai jamais refusé, mais cela me met toujours un peu mal à
l’aise. Tandis qu’avec toi, c’est toujours une réussite. Elles tombent toutes
amoureuses. Comment te débrouilles-tu ?
— Je n’en sais rien, avoua Jondalar, visiblement embarrassé.
J’essaie simplement de faire très attention.
— Tous les hommes font comme toi. Mais cela ne suffit pas.
Comme le disait Tamen : « Premiers Rites difficiles pour une
femme. » Comment fais-tu pour qu’elles éprouvent du plaisir ? Moi,
quand j’ai réussi à ne pas trop leur faire mal, je m’estime déjà heureux. Tu
dois avoir une recette miracle. Et tu devrais la partager avec ton jeune frère.
J’avoue que cela ne me déplairait pas si toute une bande de jeunes beautés me
couraient après...
— Tu t’en lasserais très vite, fit remarquer Jondalar.
C’est en partie à cause de ça que je me suis promis à Marona. Cela me
fournissait une excuse, avoua-t-il en fronçant les sourcils. Il faut imaginer
ce que représentent les Premiers Rites pour la femme. Souvent, celle qu’on
initie n’est encore qu’une jeune fille. Elle ignore la différence entre courir
après les garçons et s’offrir à un homme. Il est très difficile de lui faire
comprendre sans la peiner qu’après l’avoir initiée aux Premiers Rites, un homme
a besoin de se détendre avec une femme plus expérimentée. Toutes, elles veulent
vous accaparer ! Et moi je ne peux tout de même pas tomber amoureux de
toutes les femmes avec lesquelles je passe une nuit.
— Amoureux, tu ne l’es jamais, fit
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