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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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trahissait sa peine en se concentrant sur sa guerre.
    —  Vous avez abusé de ma confiance, abusé de mon amitié, fulminait Marie dans le cabinet de Catherine. Indifférente à sa colère, celle-ci semblait la narguer, l’œil narquois. Le sommeil avait fui la jeune femme depuis trois jours, depuis qu’elle avait compris qu’on s’était servi d’elle et que la prophétie de Nostradamus s’était réalisée. Cette prophétie que par ses actes elle avait cru combattre. Elle en voulait au mage, elle en voulait à Catherine et au monde entier
    —  Calmez-vous et écoutez, petite sotte, la toisa Catherine pour finir.
    Malgré sa courte taille, elle était imposante par ce faciès que Marie trouva plus laid encore qu’à l’accoutumée. Elle se tut, mais garda les poings serrés.
    —  Mon beau-frère était un être pervers, épris de puissance, de fêtes orgiaques et scandaleuses, sans aucun sens moral, n’écoutant que l’envie. Vous ne l’aimiez pas davantage que moi. Ses avances, ses regards, ses gestes obscènes vous agaçaient, vous me l’avez confié plus d’une fois !
    —  Cela ne signifie pas… commença Marie.
    —  Silence ! Intima Catherine. Cet être répugnant épuisait par ses travers la santé que notre Seigneur lui avait donnée. Et cependant son père le vénérait, parce qu’il était l’aîné, le futur monarque de la France, parce qu’il lui ressemblait par son appétit charnel insatiable. Mais cela ne suffit pas pour faire un grand roi ! J’ai plus de respect pour le mien qu’aucune autre en ce royaume. Je lui dois ce que je suis. Mais voyez où le pousse son orgueil : à assécher la Provence, à affamer et à désoler son peuple par les pillages et les meurtres. Dieu m’est témoin que j’aime plus encore mon Italie, mais le Milanais vaut-il toutes ces vies sacrifiées, une France endettée et appauvrie, des greniers vides que l’hiver pleurera ? Après la mort de François I er , l’histoire ne retiendra que ces splendides châteaux, ces œuvres d’art des artistes italiens qu’il aura vénérés, mais la vérité est que seul son caprice aura gouverné. Le dauphin n’aurait été qu’une pâledoublure pour la France. Moi, je lui ai donné un roi.
    —  Et une reine, il me semble ! Ragea Marie que ce discours n’avait pas lait, décolérer.
    —  Oui, une reine. Mais quoi que tu en penses, je n’ai pas agi pour mon vil intérêt. Henri seul est digne de succéder à son père. Il est vigoureux mais effacé. Rieur mais pas festard. Il n’aime qu’une femme mais n’a pas consommé cet amour. Mieux, il repousse les garces pour m’honorer de ses devoirs. Il est juste et droit, fidèle et guerrier, réfléchi et rusé. Ce n’est pas seulement mon époux, c’est un grand homme et pour lui, pour la France, je ne regrette rien de ce que j’ai fait.
    —  Je vous dénoncerai au roi, Catherine. Vous n’aviez pas le droit de vous substituer à Dieu.
    Catherine éclata d’un rire cynique.
    —  Oh ! Non, Marie, vous n’en direz rien. C’est notre secret. Si vous me perdez, je vous perdrai. Oubliez votre colère, votre orgueil bafoué, et réfléchissez plutôt au sens de mes paroles. Elles vous convaincront que nous sommes alliées. Liées. À jamais.
    Marie soutint son regard un instant puis tourna les talons en se maudissant. Elle s’était fait piéger.
     
    Le 14 septembre de cette année 1536, Charles Quint s’avouait vaincu par la famine qui lui avait coûté vingt mille hommes. Dans le nord de l’Italie, l’armée de l’empereur rebroussa chemin à son tour. Tandis que François I er visitait ses terres, ordonnait la reconstruction des villes détruites comme Aix, ou endommagées comme Marseille, la cour à Fontainebleau festoyait avec largesse en l’honneur de son ennemi vaincu et repoussé.
    Début décembre, le procès de Montecucculi fut ordonné à Lyon. Sous la torture, l’écuyer du dauphin avoua avoir empoisonné son maître sur l’ordre de Charles Quint, lequel avait de la même manière condamné François I er . À aucun moment le nom de Catherine ou de Marie ne fut cité mais cela n’apaisa pas les remords de la jeune femme. Montecucculi fut écartelé par quatre chevaux en place de Grenelle.
    —  C’était insupportable, raconta Marguerite, la sœur du roi. Ses membres déchirés furent lapidés. Des enfants épilèrent sa barbe et ses cheveux. Son nez fut coupé, ses yeux arrachés de même que sa langue. De ma vie

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