La vengeance d'isabeau
ma parole. Et le serment d’une Médicis vaut plus qu’argent donné. Toutefois…
Elle sortit de sa manche une bourse rebondie et la laissa choir dans la main de Marie qu’elle avait saisie.
— Prenez, dit-elle. Vous en aurez besoin pour vous procurer les ingrédients, voire pour acheter le silence de l’apothicaire.
— Je n’ai pas… commença Marie, avant de s’abstenir.
Il était inutile que Catherine sache qu’Isabeau lui avait confié une fiole de sa préparation lorsqu’elle lui avait commenté les raisons de son retour. « On ne sait jamais. Si le besoin s’en présentait, nous aurions au moins la possibilité de le tester sur un humain », avait affirmé sa grand-mère. Cette idée pourtant la répugnait. Elle accepta la somme et quitta Catherine sur un sourire complice. Elle servait la cause des siens en servant celle de son roi. Un roi juste bien qu’orgueilleux. Un roi qu’elle respectait.
Le lendemain, elle remettait à la Médicis ce qu’elle lui avait demandé, en songeant que l’or arrivait à point nommé. Afin de n’éveiller aucun soupçon, elle décida de passer l’été à Fontainebleau où la cour commentait l’avancée des armées sur les territoires de Savoie qu’elles avaient forcés ; évitant de songer que, non loin de là, Constant berçait un nouveau-né.
Charles Quint et François I er n’ayant pu trouver un accord concernant ce Milanais tant convoité, c’est l’empereur qui le premier lança l’offensive en foulant le sol de France, malgré la réprobation du pape, malgré l’avis de ses gens. François en jubila. Son armée était à même de tenir tête à son ennemi. Il l’attendit en Provence, ordonnant que les fours et les moulins soient détruits. De même, il fit incendier les blés, répandre les vins à terre et empoisonner les puits en y déversant les fourrages, sous les regards désespérés des paysans.
— S’ils n’ont rien à manger, ils rebrousseront chemin ! affirma-t-il en campant sur le Rhône, prêt à en découdre.
Charles Quint, parvenu à Aix, se fit couronner roi d’Arles et comte de Provence, avec autorité et superbe.
— Nous brouterons l’herbe des prés et beuverons l’eau des pluies, mais, dussions-nous ramper, Paris plus bas encore devant moi se prosternera, répondit-il cyniquement.
Marie se tordait les mains à ces échos, ne cessant de se demander qui était le traître à la couronne. À son sens, il ne pouvait s’agir que d’un espion de Charles Quint. Et donc un familier de la reine Eléonore. Elle n’imaginait pas celle-ci dans pareil complot. Cette guerre entre son frère et son époux pesait au cœur de la reine et elle priait pour que cela cesse, s’épouvantant des messagers qui chaque jour déversaient l’ombre d’une tension grandissante.
— Le dauphin est mort ! Le dauphin a été assassiné ! cria le héraut sous les fenêtres du palais.
Marie se précipita, au milieu d’autres dames avec lesquelles elle brodait. Le messager avait mis pied à terre et elles se heurtèrent à lui comme la reine Éléonore s’avançait.
— Majesté, annonça-t-il en s’agenouillant devant elle. C’est triste nouvelle que le roi vous fait porter.
Un silence pesant cueillit la cour comme Éléonore, livide, l’invitait d’un geste à poursuivre.
— Hélas, Majesté, le dauphin François s’est éteint il y a trois jours à Tournon, où il s’apprêtait à rejoindre le roi.
— Comment est-ce arrivé ? demanda Éléonore en glissant sur un siège proche.
— Il semblerait que cela se soit passé après une partie de paume ce 10 août dernier. Monseigneur le dauphin avait soif et s’est désaltéré au verre que son écuyer lui tendait. Des convulsions l’ont saisi quelques minutes plus tard, affolant ses gens et l’obligeant à s’étendre. Cette aiguë lui fut fatale, hélas ! De sorte que Sa Majesté a ordonné une enquête et fait arrêter l’écuyer Montecucculi.
C’était au tour de Marie de se sentir glacée. Le dauphin ? Traître à la couronne qu’il devait porter ? Elle se refusait à y croire. Un dégoût profond l’envahit. Avec ce crime, la Médicis devenait l’épouse d’un futur roi. Marie se tourna vers elle. Une lueur de satisfaction dans sa prunelle noire, Catherine souriait.
Quelques jours plus tard, son époux Henri de France était envoyé auprès d’Anne de Montmorency pour parfaire son éducation tandis que François I er
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