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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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poursuivit :
    —  Laisse donc ces sensations te gagner voluptueusement à ta prochaine baignade, elles t’en apprendrontdavantage sur tes émois et tes désirs qu’aucun homme , jamais. À part moi, nul ne saura que tu sais. Offre-moiàton tour de t’épanouir à ce jeu bien innocent s’il est malicieux.
    —  Comment saurai-je que vous m’observez ?
    —  Tu ne le sauras pas, et ce trouble n’en sera que plus délicieux, crois-moi.
    —  Je nesais si j’oserai, avoua-t-elle.
    —  Refuser de souscrire à d’aussi plaisantes habitudes attireraitdes soupçons. Tu ne veux point me faire prendre , n’est-ce pas ? Anne me tuerait !
    Cette évidence arracha un sourire à Marie, aussitôt retombé.
    —  Si elle apprenait que vous m’honorez, c’est moi qu’elle tuerait.
    —  Alors, choisis-toi un nouvel amant, jolie Marie.
    —  Déjà, Sire ? demanda-t-elle, certaine soudain de l’avoir déçu.
    Il eut un sourire franc qu’il apposa sur sa bouche triste, puis il se redressa.
    —  Tu m’as offert une chose précieuse, depuis longtemps tu es la seule femme en ce palais en laquelle j’ai confiance. C’est à ce titre que je voulais te beliner. Je pourrais chasser Anne, faire de toi ma maîtresse, mais elle te détruirait toi ou ta famille pour se venger. Je ne le veux pas.
    —  Elle connaît aussi beaucoup de choses.
    —  En effet. Des affaires qui serviraient mes ennemis et ceux de la France. C’est un risque que je ne peux prendre. Or je me connais. Il ne faudrait pas longtemps ajouter que je sois éperdument amoureux de toi et prêt à toutes folies. Tu n’aimes pas le pouvoir, n’est-ce pas ?
    —  Non, Majesté. Il m’indiffère.
    —  Ne change pas, jolie Marie. Reste mon alliée. Cette nuit était un pacte entre nous. Je tenais à te révéler à l’amour. Je savais que ton époux ne l’avait fait puisque tu n’es pas mariée.
    Marie faillit s’étrangler de surprise, mais ne chercha pas à nier :
    —  Comment l’avez-vous appris ?
    —  Ah ! Marie, Marie ! Candide et charmante. Quand un roi veut savoir, il sait ! Mais rassure-toi, je n’en dirai mot. Nous avons tous nos petits secrets. Le tien vaut le mien, non ?
    —  Je crois, Sire. Je le respecterai.
    Elle se sentait sereine, soudain. François I er se leva et s’étira comme le coq chantait une nouvelle fois. Il allait partir quand Marie l’arrêta d’une question qui l’avait effleurée :
    —  Sire, votre fils François…
    Le roi se retourna et son visage accusa un rictus douloureux. Marie baissa les yeux sur son fardeau et poursuivit :
    —  M’avait-il… observée ?
    —  Une fois, avoua le roi. Il était pervers, poursuivit-il, et sa requête déplacée. Je l’ai giflé et lui ai interdit de t’approcher.
    Marie en resta médusée.
    —  Pourquoi, Sire ?
    Il eut une grimace triste.
    —  C’était mon fils et je l’aimais. Mais tout paillard que je sois, je réprouvais ces orgies où les dames étaient prises de force.
    Marie resta sans voix un instant puis s’enquit :
    —  Pour cela, Sire, comment vous remercier jamais ?
    Il accrocha son regard et le fouilla à l’en faire fléchir.
    Puis répliqua d’une voix morte :
    —  Sans l’imaginer, Marie, tu l’as déjà fait.
    Il referma la porte et son pas ne fut qu’un glissement parmi ceux d’autres adultères qui s’en retournaient à leur légitimité.
    Marie osait à peine respirer. Cette dernière phrase résonnait comme un écho en son cœur. Que pouvait-elle signifier ? Qu’il savait que le poison était son fait ? Qu’elle lui avait finalement rendu service ? Que Catherine avait raison en affirmant qu’Henri serait un meilleur roi que son frère ? N’était-ce point pour cette raison que François I er avait tenté de convaincre Charles Quint de donner le Milanais à Henri au lieu de son cadet ? Parce que d’une façon ou d’une autre il l’avait condamné, ce fils chéri, ce fils aimé malgré ses vices ?
    Le sommeil la cueillit sur ses doutes et ses interrogations. Sans le vouloir, elle avait forcé les secrets de la France et ce n’était point le destin qu’elle s’était tracé.
     
    Quelques semaines plus tard, soit le 1 er janvier 1537, Madeleine de France, fille de François I er , épousait Jacques V roi d’Ecosse selon les accords passés depuis longtemps entre les deux monarques.
    Madeleine avait blêmi de ce mariage. Elle avait fini par se convaincre qu’elle devait s’y

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