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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pensez-vous, Henri ?
    Elle tourna vers lui un regard brûlant. Henri déglutit, opina du menton en se demandant s’il ne rêvait pas soudain tandis que le roi s’esclaffait :
    —  Bien, bien ! Voilà un augure qui me sied davantage qu’une froideur sanctifiée. Dans ce lieu, le cul seul est maître et valet. Anne, avez-vous montré à Marie ces vitraux à faire rougir même notre Rabelais ?
    —  Point encore, Majesté, mais sur votre ordre, je le ferai volontiers.
    Marie, que cet échange amusait beaucoup, entra dans le jeu à son tour :
    —  Ils racontent, je crois, les amours de Psyché…
    —  Avec toute l’impudeur de leur sensualité, très chère, affirma Montmorency en portant à ses lèvres la main de Marie dont il s’était emparé.
    Rabelais avança un bras et entoura à son tour sans façon les épaules de celle-ci.
    —  Si vous m’en croyez, belle dame, emmenez-moi aussi. Il faut bien être deux pour vous émerveiller, car ce que l’un verra, l’autre le montrera et vice versa.
    Marie se dégagea d’une pirouette et repartit aussitôt :
    —  Et vous écrirez tantôt que Marie dans le vice versa… Nenni, messire. Votre réputation vous a précédé. Je m’en remets pour la visite à celui qui les a imaginés.
    —  C’est un excellent choix, Marie, approuva le roi, complice, comme Montmorency la saluait, ravi de ce que cela entendait.
    Pour toute réponse, Rabelais se contorsionna et lâcha dans l’air ambiant une odeur viciée assortie d’un bruit de tonnerre.
    Le roi fronça les sourcils puis s’adressa à l’homme comme les dames détournaient le front :
    —  Je fronce le nez sur vos vapeurs, l’ami.
    —  Que de verbiage, Sire, pour s’incommoder d’une simple vesse {5}  !
    François s’esclaffa une fois encore et saisit une coupe de vin d’Anjou sur le plateau qu’on lui tendait. Pour faire diversion, Montmorency ouvrit grand les volets des fenêtres au jour qui pointait, révélant les fameux vitraux dont le roi avait parlé. Nouant ses doigts à ceux de Marie, il l’invita à les regarder.
    L’impudeur des corps que les éclats d’or et de pourpre révélaient tour à tour dans un savant ballet embrasa ses yeux et son cœur. Le roi, d’un geste, entraîna Rabelais.
    —  Venez donc, mon ami, changer d’air. Des vôtres, je suis régalé.
    —  Vous me sauvez d’une tempête, Sire, j’aurais mauvaise grâce à bouter encore du vent !
    Leurs rires se mêlèrent et s’estompèrent dans ceux nombreux du palais. Dans l’alcôve qui protégeait leurs secrets, le charme des vitraux s’insinuait sur les souffles de ces deux couples frémissants. Henri restait immobile, frôlant à peine Diane, de peur de sortir d’un rêve éveillé. Elle semblait pourtant se nourrir de l’instant et rayonnait.
    Montmorency se courba vers l’oreille de Marie et murmura :
    —  L’heure est venue, je crois, de vous laisser aimer.
    —  Alors, apprenez-moi, messire, ce que j’ai dû oublier, s’entendit-elle répondre, brûlante d’un désir que l’atmosphère du château avait allumé.
    —  Accompagnez-moi à ma chambre, Henri, voulez-vous ? Cette lubricité m’inquiète, je ne voudrais point rencontrer quelque aviné, minauda Diane en attirant le dauphin sans autre forme de procès.
    Montmorency engagea Marie sur leurs pas.
    La chambre de celui-ci était contiguë à celle qu’il avait offerte à la grande sénéchale. Ils se séparèrent sur le seuil et Marie s’engouffra sans hésiter dans celle du grand maître. Des tapisseries érotiques aux bibelots de corps enlacés, tout n’était en ce lieu qu’une invitation à l’amour. Elle s’offrit comme le roi l’avait révélée, certaine que Diane, derrière la cloison, avait ouvert ses bras à l’homme qui la déifiait.
    Le jour se leva sur le château d’Écouen, sertissant le plaisir dans un embrasement complice. À Fontainebleau, comme à l’accoutumée, Catherine de Médicis achevait de se parer pour se rendre au premier office de la journée, triste et sombre. Ces orgies-là, elle les exécrait !
     
    Quelques jours plus tard, un billet parvint entre ses mains sèches. Il contenait un poème comme fréquemment il en circulait, ce jeu étant le favori des grands du royaume. Celui-ci était de Diane de Poitiers :
    Voici vraiment qu’Amour un beau matin
    s’en vint m’offrir fleurette très gentille
    Et mon cœur s’en pâmait.
    Car voyez-vous fleurette si gentille
    Était garçon

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