Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
qu’on dansait, festoyait et aimait dans le château illuminé, une nuit, elles se prirent à deviser comme deux amies, à l’écart, tel qu’il seyait à l’image d’exceptionnelle rigueur que Diane imposait aux regards.
    Un gentilhomme masqué les interrompit une première fois. Rejoint par le rire des dames qu’il devait trouver, il s’excusa et laissa retomber la tenture en les saluant. Puis ce fut un autre, pourchassant une belle qui s’amusait de sa hâte, jupon retroussé et corsage délacé, dans la pièce voisine que ce même rideau masquait volontairement. Un troisième s’interposa sur ce chemin, bloquant la fuite de la jouvencelle. Elle s’en plaignit en s’esclaffant et en suppliant, puis se laissa coucher sur un lit, ouvrant ses bras aux deux qui l’étreignirent et la déshabillèrent. Diane écarta les pans du rideau et risqua un œil discret, en invitant sa compagne à la rejoindre. Peu habituée à pareille attitude de la part de Diane, Marie détourna les yeux, gênée.
    —  Ouvrez les yeux au contraire, belle Marie, se moqua la veuve en déployant un éventail devant ses lèvres ourlées de rouge, ce siècle est à aimer.
    —  Pourquoi n’y cédez-vous point vous-même en ce cas ? répondit Marie, étonnée. Elles étaient seules, Henri et Montmorency s’étaient écartés pour leur chercher à boire.
    —  Avec qui, grand Dieu ? s’exclama faussement Diane d’un ton haut perché.
    —  Il vous aime et vous l’aimez, non ?
    —  Ce n’est qu’un enfant, plaida Diane.
    —  De belle prestance et vigueur, vous en conviendrez !
    —  Ma foi. Ma réputation pourtant s’y perdrait.
    Marie haussa les épaules.
    —  L’on raille plus sûrement notre vertu que leur légèreté !
    Comme les deux hommes, inséparables souvent, les rejoignaient, Diane glissa à Marie, songeuse :
    —  Alors je céderai si vous cédez, ma chère.
    —  Dans cette alcôve, à l’instant ? S’inquiéta Marie, surprise de l’avoir convaincue de si peu d’arguments.
    —  Au matin plutôt. Cette nuit, donnons-leur l’idée qu’ils ont su nous convaincre. Par jeu. Voulez-vous ?
    —  Que complotez-vous, mesdames ? lança le dauphin en ouvrant grand les tentures.
    —  Rien qui vous déplaise, Henri. Rien qui vous déplaise, s’amusa Diane. Voici venir votre père. Il semble de fort belle humeur.
    S’avançant vers eux dans son habit de brocart et d’or, l’allure assortie d’un rire de géant, le roi s’amusait des propos d’un autre personnage assez rondouillard, au visage potelé, dont la malice fusait de la mine autant que des bras gesticulants.
    —  Tiens, tiens, nota en aparté Diane pour Marie, mais c’est-ce bon à rien de Rabelais ! Tente-t-il de convaincre le roi de le laisser publier ?
    Marie avait entendu plus d’une fois parler des ouvrages de ce médecin dont la paillardise et les excès étaient révélés sous le sobriquet de Gargantua et de Pantagruel. La cour boudait ses écritures et le roi s’en était lui-même offusqué.
    —  Mes amis, lâcha le roi. Ce drôle est plus distrayant que mes bouffons et, par Dieu, s’il n’était aussi grand je les échangerais !
    —  Sire, se renfrogna faussement l’homme, la laideur de mon âme vaudrait bien plus que leur difformité ! Serviteur… déclara-t-il en effectuant une révérence simiesque devant les dames.
    Marie et Diane pouffèrent. Vraisemblablement, les deux hommes étaient avinés.
    —  Voyez, Sire, poursuivit Rabelais en se redressant. L’emploi est tout trouvé. En moins de temps qu’il n’en faudrait pour pisser, j’aurais gangrené votre palais.
    —  Vos ouvrages sont plutôt crus, messire, répliqua Diane en pinçant les lèvres. Pour ne pas dire vulgaires et dénués d’intérêt. Je préfère quant à moi me bercer des premiers vers de ce jouvenceau nommé Ronsard.
    —  Certes, répliqua Rabelais, un œil vicieux plongé dans le décolleté de Diane, aux roses il fourbit des épines, moi je n’ai qu’un dard grossier…
    Le roi éclata d’un nouveau rire devant la mine dégoûtée de la belle :
    —  Voyez, ma chère Diane, l’homme ne changera jamais ! L’espoir seul me l’a fait appeler à Paris. Hélas pour la cour, sa mise autant que sa verve est fort méchamment charpentée !
    —  Je vois, répliqua Diane en ramenant son éventail sur sa gorge. Permettez pourtant, mon ami, que mes vœux s’ouvrent à des esprits plus hardis et princiers. Qu’en

Weitere Kostenlose Bücher