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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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préparer sa litière.
    Catherine de Médicis se trouvait dans la bibliothèque du château de Fontainebleau, où quelques heures plus tard Marie faisait son entrée. Elle n’avait pas pris la peine de se parer ou de se maquiller, mais sa rage était telle que ses joues étaient plus rosées que jamais.
    La duchessina était absorbée dans la lecture d’un traité d’astronomie qu’accompagnait une lettre d’un nommé Ruggieri. Elle lui avait écrit en Italie où il résidait pour lui demander de se mettre à son service. En retour, l’homme, dont la renommée allait grandissant, lui avait envoyé ce présent pour la faire patienter de sa visite.
    Les pas rageurs résonnaient sur le plancher de bois ciré et lui firent lever la tête, agacée. Marie fut devant elle. D’un geste violent, elle lui arracha l’ouvrage et l’envoya s’écraser contre une table croulant déjà sous des livres ouverts à consulter. Les prunelles de Catherine s’embrasèrent.
    —  Comment osez-vous ? Cracha-t-elle en voulant se relever, mais Marie lui crocheta les poignets sur les bras du fauteuil et se pencha au-dessus d’elle, la bloquant en entier.
    —  J’ose, du droit d’une mère, et vous allez m’écouter ! Repartit-elle.
    Sentant la résistance dans les poings serrés de sa victime, Marie resserra son étreinte sans lâcher de son regard meurtrier celui que Catherine lui envoyait. Elle poursuivit d’une voix aussi froide que sa colère :
    —  Vous l’avez pu voir sur ce collier, Catherine, la sorcellerie ne peut rien contre moi, pas davantage que vos manigances. Vous l’avez pressenti, je viens vous le révéler, mes pouvoirs sont immenses et aucun de vos sorciers ne saura les contrer. Oubliez-moi comme je veux vous oublier, vous, les vôtres et jusqu’à ces lieux où je me suis promenée, lors vous vivrez en paix ! Approchez-vous de quelque manière que ce soit de mes enfants une fois encore et les furoncles vous éclateront dans la gorge à vous étouffer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Cette fois, je le jure devant Dieu et le diable, rien ne vous en fera réchapper. Suis-je assez claire ?
    Catherine était livide. Une seule chose avait pouvoir de l’effrayer : ces sciences occultes dont à plaisir elle se servait et qui avaient bercé les secrets de son enfance et de sa famille. Elle hocha la tête, liquéfiée soudain.
    —  Je… je vous ferai arrêter et brûler, bredouilla-t-elle pourtant dans un sursaut de dignité.
    —  Essayez seulement et je boirai votre âme dans une aiguière dorée, grinça Marie entre ses dents serrées.
    D’un geste brusque, elle la lâcha et recula d’un pas. Dressée dans sa résolution, elle semblait plus terrible encore. Malgré elle, Catherine se tassa dans le fauteuil. Marie s’en réjouit et ce plaisir accentua la cruauté perverse de ses traits. Elle tendit un doigt vers la Médicis que des gouttes de sueur rendaient plus pathétique encore.
    —  Vous ne me verrez plus, ajouta-t-elle. Jamais. Et je vous le prédis, vous aurez des enfants et régnerez. Mais soyez sur mon chemin une fois, une seule, et même votre ombre sur les murs vous fera trembler.
    Elle laissa retomber un silence lourd de menaces, puis tourna les talons et la planta là. Elle n’avait menti que sur ses pouvoirs. Si Catherine s’attaquait aux enfants, elle la tuerait.
     
    —  Il est temps de rentrer chez nous, Marie, annonça calmement Constant.
    Un silence lourd de peine avait succédé à la triste nouvelle de la mort de Huc. Solène, Jean et Constant se souvenaient de lui avec une réelle tendresse et sa disparition creusait une ride profonde dans l’enthousiasme de leurs jeunes vies.
    —  Chez nous ? répéta Marie en levant vers lui son visage illuminé d’un espoir sauvage.
    —  Je ne veux pas que notre fils naisse ici. Paris n’est plus ce qui m’y faisait rester. Le temps a passé sur nos peines, Marie, sur ma déraison et mon obstination. Albérie et les enfants nous attendent.
    —  Il a raison, Marie. Votre place est en Auvergne, insista Jean qui serrait Solène contre lui. Les triplés ont besoin d’un père que Huc a remplacé trop longtemps. Ils doivent être perdus sans lui. Quant à nous, nous restons.
    —  Si tu le veux bien, nous gérerons la lingerie, ajouta Solène.
    —  C’est donc ici que nos chemins se séparent, comprit Marie, le cœur gros soudain.
    —  Non, Marie. Ils s’écartent seulement, pour mieux se rejoindre autant de fois

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