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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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déshabiller, et vous frictionner vivement sans quoi vous allez attraper grands maux.
    Albérie hocha la tête et desserra les petits bras de Gasparde qui tremblait contre ses jupons.
    —  C’est ma faute. Ma faute, hoquetait l’enfant en larmes.
    Albérie se pencha vers elle et releva son menton frémissant.
    —  Rien n’est ta faute, Gasparde. Mouche ton nez.
    Alors que Bénédicte l’entraînait vers l’escalier, l’enfant cria encore, réfugiée dans les bras d’une servante :
    —  Tu vas pas mourir, dis ? Tu vas pas nous laisser ?
    Mais Albérie ne répondit pas. Mourir ? Pour un peu de neige sur son corps souillé ? L’animal à l’intérieur d’elle ne le lui avait jamais accordé. Bêtement, elle se mit à rire, désabusée.
     
    « Marie,
    Je me sens vieille. Je l’ai toujours été, mais ce jourd’hui cela a pris un sens que je ne pouvais imaginer.
    Mon époux est mort. Il m’a fallu le mettre en terre pour comprendre ces vers que ma sœur répétait sans cesse après la pendaison de son Benoît : « Je suis morte dans son ombre comme tombe une goutte de rosée sur un rocher brûlant. » Je crois que j’avais toujours pensé que nous partirions en même temps, main dans la main, comme on marche vers un autel pour des épousailles. Stupide ! Moi que l’on prétendait froide et hautaine, je me retrouve devant son absence, sans ce masque façonné durant tant d’années.
    Je n’ai trouvé que toi pour m’en découvrir. Sans doute parce que tu es la seule descendance que le destin nous ait donnée. Il t’aimait comme telle, et a tout accepté pour te préserver. Y compris ma fuite. Aujourd’hui, je pèse le joug de ces années loin de lui. Il était en moi si présent alors. Pas une fois je n’ai vraiment souffert de notre séparation. Comme si un lien plus fort que toute distance nous tenait l’un à l’autre. J’ai mal, mon enfant, car je le sens brisé désormais. Ce lien n’est plus. Il a suffi d’une pelletée de ce sable noir pour le défaire.
    Pardonne-moi ces lignes. Notre vie à toutes a été si ambiguë. J’ai été si secrète, si proche et si distante à la fois que tu dois me croire dérangée de folie pour t’ouvrir ainsi ma peine. Mais à qui d’autre le pourrais-je ? Pour les petits, je suis obligée de tricher. Huc leur manque. Gasparde est terrorisée. Elle se sent coupable, se figure que tout est sa faute, qu’elle a désobéi en sortant dans la neige pour sauver ce faon perdu. Elle a tenu à ce que Noirot soit couché à côté de Huc dans le cercueil. Je n’ai pas pu le lui refuser. De fait, tout me semble si confus et à la fois si évident que j’en oublie que tu ignores les circonstances de ce drame.
    Un homme était tapi aux abords, je ne sais dans quel but, espionnait-il ? Était-ce un simple maraudeur ? Il a effrayé ta fille et piqué le chien qui la voulait protégé. Huc est accouru mais il avait vieilli. L’homme était jeune, vif. Huc n’avait qu’une hache contre cette épée meurtrière. Elle n’a pas suffi. Je crois qu’il est mort libéré. Il s’est reproché souvent sa prétendue lâcheté quand il aurait voulu je crois sauver Isabeau, Loraline ou encore mon père. J’aurais dû lui dire que je lui avais pardonné, que j’avais compris très tôt qu’il n’était pas coupable. Je croyais qu’il le savait. On ne dit jamais assez à nos proches qu’on les aime. Je n’ai pas trouvé les mots lorsqu’il le fallait. Pas davantage aujourd’hui pour t’annoncer mon deuil. Il est nôtre. Prends soin de toi. Et ne te soucie de rien. J’ai fait renforcer le guet et les enfants seront prudents. Je réponds de leur sécurité. C’est mon rôle désormais. Jusqu’à ce que la mort m’efface à mon tour d’une histoire sans éclat. Puisse Dieu alors me ramener à l’homme que je ne cesserai jamais d’aimer.
    Albérie. »
     
    Marie dut s’appuyer contre une desserte providentiellement proche pour ne pas s’évanouir. Malgré tout le chagrin que lui causait la mort de Huc, ce n’était pas cela qui l’effrayait, mais ce que la lettre d’Albérie supposait.
    Sans son intervention, ce mystérieux agresseur aurait-il tué la fillette ? Se pouvait-il qu’il ait été envoyé par Catherine pour venger son orgueil bafoué ? La Médicis lui avait clairement signifié pouvoir s’en prendre aux enfants si elle la bravait.
    La colère succéda bientôt à la peur. Sans attendre plus avant, elle sortit et fit

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