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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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devenir humain. Encore moins que de leur accouplement puisse jaillir l’alkaheist. Ceux qui s’en moquèrent le plus furent les luthériens en lesquels pourtant il avait cru se reconnaître. Il leur voue depuis une haine implacable. Cet homme-là n’aime que lui-même. Et le diable.
    —  Où se tient-il ce jourd’hui ?
    —  Il espérait obtenir une charge à la cour. Il a rassemblé tous les bijoux de sa famille et a fait façonner par le meilleur orfèvre une parure somptueuse qu’il comptait offrir en hommage à la nouvelle reine de France. Je n’ai aucune nouvelle depuis qu’il est parti, mais c’est de sa part façon dont je suis coutumier. Il lui est arrivé de rester deux années sans paraître ni signifier qu’il était encore en vie. Le besoin d’argent, la découverte d’un nouveau traité, un nouvel élément de recherche le ramène invariablement. Je ne me plains pas. Sans lui, la contrée est paisible, les petites gens heureuses, les bourgeois prospères. J’ai alourdi certaines charges, diminué d’autres en son nom, assaini les comptes des fermiers et mis de l’ordre dans ses créances. Maintenant, son pays est riche de ce qu’il peut produire, du savoir de ses coustelleurs, mais je préserve les caisses raisonnablement pleines, quand il n’aurait su que dilapider sa fortune pour le paraître. Il est trop peu présent pour juger de ces faits. Il trouve ce qu’il vient chercher et se moque du reste.
    —  Pourquoi vous donner tant de mal, Huc ? Il ne le mérite pas, loin s’en faut, souligna Philippus.
    —  Cette justice me tient, me porte. François n’a pas d’héritier, Philippus. Lorsqu’il ne sera plus, c’est à votre fille que reviendront ces terres. Si Dieu le veut. Lors j’aurai racheté par ma loyauté la misérable existence que ma couardise m’a faite.
    —  Vous êtes un brave homme, Huc, et nul ne songerait à vous reprocher quoi que ce soit. Nous nous connaissons peu, mais jamais Loraline ne m’a dit du mal de vous. Je sentis même parfois dans ses propos, qui n’étaient que le reflet de l’âme de sa mère, une certaine affection. Vous fîtes ce que vous deviez, sans haine, sans mérite. Par l’amour que vous avez su donner à votre épouse, vous avez, il me semble, racheté le prix de votre charge, car peu, voire aucun n’aurait accepté, supporté et vénéré être aussi étrange qu’Albérie. Croyez-moi. J’ai porté mes pas dans de nombreux pays, ai été le témoin de nombre de curiosités, mais jamais je ne vis semblable sacerdoce. Car à mes yeux, votre fidélité en est un. J’ai peu d’amis en ce monde, mais ce secret qui nous lie et pèse sur nos vies est plus précieux qu’une simple attache de compagnons d’armes. Si mon accolade vous est une quelconque grâce, sachez que je m’enorgueillirai de recevoir la vôtre en frère.
    —  Alors, mon frère, allez et retrouvez cette enfant qui nous est si chère, car l’un et l’autre, vous par le sang, moi par l’union, l’avons faite nôtre à jamais.
    —  Je le jure devant Dieu, Huc. Si elle vit encore, je la retrouverai.
    Huc leva son verre. Leurs regards enfiévrés se fondirent en un même élan de fraternité tandis qu’ils se saluaient mutuellement de la chopine, puis ils burent d’un trait ce vin d’alliance éternelle.
    Ils se séparèrent le lendemain vers none. Philippus emportait dans sa besace de la viande séchée et quelques fruits, ainsi qu’une bourse garnie par le prévôt pour acheter des habits neufs et des informations à Paris.
    Philippus cependant n’hésita pas sur la route à suivre. Si quelqu’un pouvait le conduire à Marie, c’était Michel de Nostre-Dame. Lorsqu’il lança le pas de son âne, il se sentait un homme nouveau. Et, à l’inverse de la dernière fois où il avait quitté l’Auvergne, il se mit à siffloter en se mêlant au flot des marchands qui cheminaient vers Le Puy.

3
     
     
    Paris était en liesse, en ce mois de mars 1531. Isabeau s’attarda dans l’admiration de la rue Saint-Antoine qu’on avait dépavée dans la perspective du tournoi. Sur la tribune, élevée au long des maisons, le roi lui avait offert une place de choix et elle devait bien s’avouer sa fierté de ce qu’on la saluât autant qu’une gente dame. Ce fut Anne de Pisseleu, la maîtresse du roi, qui remporta la palme des révérences, mais Isabeau, quant à elle, garda les yeux rivés sur Diane de Poitiers, dont le petit duc d’Orléans, le cadet de

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