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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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François I er , avait fait sa dame. Il la dévorait des yeux. D’un mouvement sensuel du poignet, elle lui adressa un baiser, posé sur sa main tel un papillon sur une rose. Isabeau se promit d’obtenir la clientèle de la belle. Elle en parlerait à son amie, la sœur du roi, Marguerite d’Angoulême.
    Pour l’heure, Paris croulait sous l’abondance, jamais Isabeau n’avait vu profusion plus grande de maîtres de broche, bouchers, rôtisseurs, pâtissiers, cabaretiers, taverniers. Ils y étaient en surnombre, offrant pour un teston seulement un repas à un homme. Les miséreux eux-mêmes étaient replets et avaient joues roses. On gaspillait bien assez partout pour qu’ils se partageassent les restes avec les chiens errants, les chats et les rats plus gros qu’un avant-bras de luronne.
    Isabeau chercha du regard sa nièce mais ne la trouva pas. Marie avait promis de se tenir tranquille avec Constant. La jouvencelle avait une fâcheuse tendance à oublier qu’elle n’était plus une enfant et continuait ses farces comme si le temps risquait de lui manquer pour les réaliser toutes. Isabeau savait qu’elle et son inséparable complice pouvaient fort bien se glisser sous les tribunes et agacer le pas des chevaux par quelques gratte-culs lancés avec une sarbacane. Elle ne voulait pas risquer qu’ils se fassent prendre et que l’opprobre rejaillisse sur elle. Si quelqu’un se blessait en pareille occasion, elle en rougirait de honte. Sans parler des conséquences déplorables puisque François de Chazeron était à Paris.
    Elle l’avait aperçu, saluant le roi, se courbant jusqu’à terre devant la reine. Elle avait dû surmonter un haut-le-cœur, mais était restée digne, au milieu des autres. Elle avait changé, elle était connue de tous, protégée du roi. Elle n’avait plus à s’inquiéter de lui, quel qu’il fût devenu. De plus, il la croyait morte. Elle n’avait rien à craindre. Sauf s’il s’en prenait à Marie, remontait jusqu’à sa mère et découvrait la vérité. Elle repoussa pourtant cette idée. Elle tenait maison respectable. Il ne pouvait rien contre elle. Rien.
    Mais on n’efface pas ainsi la haine et la peur. Malgré ses résolutions, malgré sa raison, en le voyant sourire, affable, elle respirait en elle les effluves de sa perversité et la marque à son sein la brûlait. La journée cependant s’acheva sans mauvaise surprise et Isabeau s’en retourna chez elle, soulagée.
    La semaine des festivités avait été plaisante pour elle et elle sentait bien que ses affaires iraient de même.
    Albérie l’attendait en son logis. Depuis la visite de Clément Marot, quelques jours auparavant, elle n’avait pas eu l’occasion de s’entretenir avec sa sœur. Isabeau l’avait seulement informée de l’arrivée de Chazeron, sans entrer dans les détails. De fait, Albérie était fort active auprès des luthériens et sa maison, dans la rue Vieille-du-Temple, servait de lieu de ralliement. Ils se cachaient désormais lors de leurs réunions afin de n’attirer sur eux aucune malveillance. Le roi continuait de les protéger, mais à condition qu’ils ne le missent pas en situation de devoir trancher une querelle ou un fait d’armes. Il restait attaché à cette doctrine, mais en condamnait les excès. Albérie s’était prise d’affection pour le père Boussart qui depuis longtemps s’indignait des dépravations ecclésiastiques comme des privilèges à outrance, ou du marchandage des indulgences.
    Albérie avait élevé Marie dans cet esprit, à cheval sur les préceptes d’une Église  proche des commandements du Christ et sur ceux de la cour des Miracles où l’enfant s’était trouvé une famille. Curieux mélange qui faisait d’elle la jouvencelle la plus entière, indisciplinée et trépidante qui fût.
    —  C’est pour ce soir, annonça Albérie comme Isabeau se débarrassait de sa cape.
    —  Bien. Y seront-ils tous ?
    —  Si l’on excepte le baron d’Étampes, victime d’une mauvaise chute, oui, je le crois. Mais je ne vois pas l’intérêt d’une telle précipitation, Isabeau.
    —  C’est que tu ignores encore certaines choses. Allons dans mon cabinet. Je ne voudrais pas que Marie nous surprenne.
    Albérie hocha le front et suivit sa sœur au sommet de l’escalier. La porte refermée sur leur complicité, Isabeau contempla avec plaisir l’image que lui renvoyait le miroir enchâssé dans un cadre d’argent, en face d’elle. Comme elles

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