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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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dément de François s’amenuisait dans la froidure humide du cachot, il ne put s’empêcher d’espérer un ultime miracle. Il était inconcevable que Dieu puisse encore fermer les yeux sur les souffrances de cette terre.
    —  Si vous laissez les miens tranquilles, je vous donnerai l’alkaheist.
    François releva la tête de son bureau. Marie se tenait devant lui, droite et fière, le regard empli d’une colère maîtrisée. Il ne l’avait pas entendue entrer. Dans sa robe vert amande, elle était ravissante, bien loin de la sauvageonne qu’il avait arrêtée dans les rues de Paris. Il la dévisagea avec surprise et admiration. Elle lui sourit.
    —  Relâchez Huc et épargnez mes amis, mon père, puisque je suis votre fille et qu’il me faut vous appeler ainsi. Je connais le secret de tante Isabeau. Oubliez-la, oubliez-les, et je partagerai ce savoir avec vous. Et davantage encore.
    François fronça les sourcils. Marie sentit son intérêt dans l’éclat de ses prunelles. Elle s’approcha de lui et chuchota, par-dessus l’écritoire :
    —  Je connais vos intentions. J’ai tout entendu de votre conversation avec Huc. Les gueux ont cet avantage de savoir épier sans être vus… Je vous obéirai. En tous points. Je serai soumise et docile comme il se doit et bien plus qu’une alliance utile vous livrerai la fortune qui dort sous vos pieds et qu’Isabeau vous a abandonnée en s’enfuyant.
    François s’appuya lourdement contre la chaise à bras. Décidément, cette enfant lui plaisait. Elle était bien de sa descendance, assurément. Il répliqua pourtant :
    —  Cette fortune dont tu parles a servi à payer mes dettes et quelques faveurs. Il ne reste rien dans la grotte, damoiselle Je-sais-tout.
    Marie sourit de plus belle. Elle se jeta, aérienne, dans un fauteuil qui accusait l’usure du temps sur le cuir de son rembourrage et pianota sur l’accoudoir avec amusement.
    —  Damoiselle Je-sais-tout contre messire Beau-finaud ! Voilà qui ferait assurément joli titre à une comédie, ne trouvez-vous pas, mon père ? Car vous êtes évidemment moins futé qu’il n’y paraît… Croyez-vous tante Isabeau à ce point sotte ? Elle vous a abandonné quelques miettes de ce que l’alkaheist lui a procuré. Les miettes seulement. Je le sais. Cet or, cette montagne d’or, je l’ai vue.
    François déglutit péniblement. Il était livide de convoitise et d’orgueil bafoué. Marie s’amusait de lui, il le lisait dans chaque fossette de son visage mutin, et cependant elle disait vrai. Il le sentait. Il le savait. L’alkaheist était encore à Montguerlhe.
    —  Raconte-moi, lâcha-t-il d’une voix avide.
    Marie prenait un plaisir malsain à sa vengeance. Elle jubilait intérieurement. Isabeau et Albérie n’avaient pas menti. Pour cette pierre philosophale, il était prêt à tout. Elle raconta en ménageant ses effets :
    —  Tante Albérie quittait régulièrement Paris pour visiter sa famille en Auvergne, comme elle disait. Elle en rapportait deux sacs emplis d’or, qui servaient toutes les causes, aussi bien la sienne et celle de tante Isabeau que celle des miséreux au moment des disettes, ou encore celle de la Réforme par des dons judicieux à l’édition des livres de Luther ou d’Erasme. Je me moquais bien de tout cela. Une fois, je devais avoir dix ou douze ans, je ne sais plus, Constant m’a interrogé sur cette fortune. Je lui ai répondu que je l’ignorais mais que ma tante était très riche. « En ce cas, pourquoi n’est-elle pas à la cour du roi ? Tous les nobles y sont ! Et seuls les nobles sont riches », m’a-t-il rétorqué. Ce fut une sorte de révélation. Il avait raison, il y avait quelque chose d’étrange dans ce manège. Par jeu autant que par curiosité, je me suis mise à les épier, avec Constant et sa jeune sœur Solène. C’était amusant. Je glanais çà et là des informations au détour d’une phrase, sans vraiment en comprendre le sens, et puis l’an dernier, je me suis lancée. J’ai demandé à tante Albérie ce qu’était l’alkaheist et d’où provenait l’or. Quelques jours plus tard, elle m’emmenait avec elle. Au terme d’un long parcours souterrain, elle me montra le mécanisme secret qui ouvrait la salle cachée. Ensuite, elle étendit les bras et m’annonça, satisfaite de mon éblouissement : « Ici est notre trésor. Grâce à ceci ! » Elle m’a montré une bouteille emplie d’un liquide d’un ambre violacé

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