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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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contrit. Huc était émerveillé par tant d’aplomb et de beauté.
    —  Mon bon Huc, commença-t-elle en lui prenant les mains. Tante Albérie m’a chargée de vous dire toute sa tendresse. Je sais que plus d’une fois vous m’avez relevée lorsque je trébuchais et me blessais et je me souviens de vous alors que j’ai fort peu gardé d’autres visages en mémoire.
    —  Je suis si heureux de vous revoir. Moins, que ce soit auprès de lui, affirma-t-il. Vous êtes devenue si belle, Marie. Si forte semble-t-il…
    —  Davantage encore que vous ne croyez, Huc. Nous avons peu de temps et je ne peux rien vous dire, chuchota-t-elle, mais ayez confiance en moi. Tante Albérie me l’a dit, Chazeron voudra vous punir. Acceptez sa sentence et fiez-vous à moi.
    Huc écarquilla des yeux ronds, mais Marie posa un doigt sur ses lèvres et lui décocha un clin d’œil. Puis, se levant sur la pointe des pieds, elle plaqua une bise douce sur sa joue râpeuse.
    —  Allez à présent. Il enrage sûrement déjà.
    Elle le précéda, ouvrit la porte et le chassa d’une courbette malicieuse. Intrigué mais confiant, Huc descendit l’escalier pour rejoindre le cabinet de François.
    Restée seule dans sa chambre, Marie se précipita à la fenêtre et embrassa d’un regard satisfait les jardins tapissés de feuilles mordorées. L’automne était aux portes de l’Auvergne.
    —  Avant longtemps, François de Chazeron, tout ceci sera à moi.
    Elle tournoya dans l’espace en une danse joyeuse puis se laissa tomber les bras écartés sur le lit à baldaquin.
    —  Le bal des louves va pouvoir commencer !
    Lorsque Bénédicte s’annonça, précédant le baquet porté par deux jouvencelles, elle trouva Marie l’œil vif et le rire aux lèvres.
     
    —  Tu seras pendu à l’aube après-demain, annonça François alors que Huc achevait à peine de refermer la porte derrière lui.
    François lui tournait le dos, son visage barré de colère se perdait dans la scène qui se déroulait derrière la croisée. Elle donnait sur un enclos où un palefrenier achevait le dressage d’un destrier. L’homme ne ménageait pas les coups de verge pour l’obliger à courir dans le cercle qu’il lui imposait. Chaque coup qui cinglait la croupe de l’animal apaisait en François son désir de battre le prévôt au sang.
    Il lui fit face, gardant ses mains serrées dans son dos sur un fouet imaginaire. Huc s’attendait à cette sentence. Il n’objecta pas. François eut un rire agacé :
    —  Tu as toujours été un guavashé, Huc de la Faye. Même aujourd’hui. Il y a longtemps que j’aurais dû te punir. Tu as cru mettre ton aimée hors de portée de ma justice et te venger en m’enlevant ma fille. Je n’ai jamais cru à ton mensonge. Jamais. Mais il m’était égal somme toute. Ton geste écartait de moi ma propre épouse. En choisissant le couvent, elle est sortie de ma vie et m’a laissé ses biens. Tu me rendais service au fond, d’autant que ta servilité était sans limites si j’en juge par ton administration parfaite. À moins que tu n’aies géré Vollore que pour Antoinette-Marie ? Était-ce cela, le plan d’Albérie, Huc, la faire réapparaître lorsque je serais défunt ? Elle est ma seule héritière légitime. Savais-tu qu’Isabeau était en vie ?
    Huc accusa le coup en blêmissant. Cela, il l’ignorait. Il ne répondit rien cependant. François se mit à arpenter la pièce, comme il l’avait vu faire de nombreuses fois lorsqu’il suivait le cheminement de ses pensées torturées.
    —  Non, bien sûr, tu l’ignorais. Il faut te rendre à l’évidence, mon bon Huc, tu as été trahi par celle que tu aimais et voulais protéger. J’ai récupéré ma fille, mais jamais Antoinette-Marie ne sera l’héritière de Vollore. J’ai eu quatre bâtards, que je compte bien légitimer dès que cette petite peste sera mariée. L’union que scellera ce mariage me paiera des manigances que vous avez tramées. Elle est jolie, vive. D’ici quelques mois, je la présenterai au roi et demanderai qu’elle soit au service de la future épouse du duc d’Orléans, le jeune Henri. Sa situation attirera bien vite les prétendants des plus riches familles. Mais tu ne seras plus là pour le voir, Huc, pas davantage que ta femme et cette Isabeau de malheur. Tu vas périr. Ensuite, ce sera leur tour, dès que je retournerai à Paris. Je vais personnellement m’occuper des luthériens qu’elles soutiennent et des

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