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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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nouvelles et chaleureuses à l’égard de la petiote lui plaisaient d’autant plus qu’elle s’était prise d’une affection sincère pour Marie, comme tous au castel. Qu’elle soit attachée à une louve n’y changeait rien.
    —  J’ai eu si peu de temps pour vous découvrir, mon père ! S’attendrit Marie en s’adressant à Philippus qui la couvait de fierté.
    —  Nous le prendrons. Dès lors que nous aurons ramené la paix sur cette demeure.
    Marie frissonna et son regard trahit sa peur. Elle eut un pâle sourire. Il était temps de leur conter sa mésaventure.
    —  J’ignore si nous en sommes capables. Et de fait, jusqu’à hier soir où Jean m’a rassurée sur vos intentions, je n’avais qu’un souhait, partir au plus vite et le plus loin possible d’ici quand j’avais, je l’avoue, trouvé bonheur à y demeurer jusqu’à ces dernières semaines.
    Constant pinça les lèvres et se renfrogna.
    —  Cette expédition est folie à mon sens. Si tu le veux, nous repartons dès l’aube. Chez nous, ajouta-t-il.
    Mais Marie secoua la tête.
    —  Non, Constant. Vous revoir m’a donné le courage qui me manquait. Il faut en finir cette fois ou jamais plus je ne dormirai en paix.
    —  Que s’est-il passé, Marie ? demanda enfin Isabeau avec douceur, même si son être tout entier le savait déjà.
    —  Chazeron est revenu. Du moins je le crois, même s’il est différent. Oh ! Seigneur Dieu, si vous l’aviez pu voir comme je l’ai vu. Nous avons créé un monstre ! Un monstre ! Gémit Marie, un frisson lui parcourant l’échine.
    Elle avait besoin soudain d’extirper d’elle ces images, cette terreur qui la hantait depuis plus d’un mois.
    —  Cela a commencé au début du printemps avec le redoux, expliqua-t-elle. Des paysans sont venus se plaindre au sergent que des moutons avaient disparu ou été retrouvés à moitié dévorés. À Fermouly, la basse-cour avait été décimée, les treillis arrachés et deux chiens éventrés. Puis une femme de la Grimardie répandit la rumeur : ce n’était pas un loup comme tous l’avaient cru d’abord, mais une effroyable bête. Un garou. Elle l’avait vu, dans la lueur blafarde de la lune, ravager son étable. Son mari avait forte fièvre, elle avait voulu prendre la faux pour chasser ce ténébrion, mais il s’était enfui en la voyant. D’autres corroborèrent la description qu’elle en fit : la bête était dressée sur des jambes couvertes de longs poils, ses bras piqués sur un torse court se terminaient par des griffes. Le visage était difforme, le front humain se poursuivait par un museau allongé. Il n’attaquait pas les fermiers, semblant les narguer de sa présence maléfique pour les laisser le détailler et en trembler, ensuite il tombait à quatre pattes et détalait à une vitesse étonnante. Cela dans un unique périmètre qui englobait Montguerlhe et Vollore. Les premiers temps, je me suis terrée, lançant seulement la garde à sa chasse, escortée des plus courageux des villages voisins, mais la traque resta vaine. J’étais effrayée et refusais de voir la vérité. Ce ne pouvait être lui. Il était mort. Je l’avais moi-même emmuré, à l’agonie. Mais le sommeil me fuyait, des cauchemars emplis de lémures 2 me réveillaient en sueur dès que je m’assoupissais. Je devais en avoir le cœur net. Un matin, très tôt, j’ai feinté le guet et me suis rendue à Saint-Jehan-du-Passet, seule, une espingole chargée sous mon man-tel, me souvenant combien de fois auparavant j’avais vaincu les soldats de la prévôté parisienne. Ma propre lâcheté me fit rire. J’avais déjà affronté cet homme et si ce n’était lui, il ne serait pas plus dangereux que d’autres. Le passage était toujours muré, mais la salle se révéla vide. Le flacon de poison était encore à terre dans la poussière, vidé, des traces de griffes couvraient le sol. J’ai inspecté chaque recoin et j’ai fini par découvrir la brèche, provoquée par un éboulement de rocher. Dans son désir de survivre, Chazeron avait dû sentir de l’air qui passait par là et avait écarté les pierres. Je me suis risquée sur ses traces et suis sortie dans la salle attenante, celle où l’on fondait la monnaie en lingots. Je l’ai contournée puis suis revenue sur mes pas, effrayée. Je ne l’ai pas vu mais il était là, tapi, quelque part, à se repaître de mon tourment. Je pouvais presque respirer son parfum mêlé aux

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