Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
effluves sauvages de la bête. De retour à Vollore, j’ai dû subir les foudres de Bénédicte à laquelle il m’a fallu mentir, prétendre que j’avais visité l’abbé du Moutier, mais j’étais glacée. Ma première réaction a été de vous écrire pour vous supplier de me venir chercher. Sitôt cette lettre partie pourtant, je l’ai regretté. J’avais fait exactement ce que Chazeron espérait. C’était pour cette raison qu’il m’avait épargnée, quand il lui aurait été facile de me surprendre. C’est à nous quatre qu’il se veut mesurer. J’ai expédié un second courrier, mais le messager fut retrouvé égorgé le matin suivant à quelques coudées de l’enceinte du château. J’ai alors mis sous surveillance toutes les pièces qui contenaient une cheminée. Vous m’aviez appris l’essentiel de ce que je devais raconter à Chazeron pour le convaincre de me suivre, mais j’ignorais les accès secrets des autres souterrains. Il pouvait s’introduire dans le château s’il le souhaitait, étrangler ou égorger mes gens pour me punir et accroître ma terreur. J’ai donné mes ordres, expliquant à tous qu’une créature démoniaque pouvait s’infiltrer dans les conduits et qu’il était bon, jusqu’à ce que nos prières nous en délivrent, de ne pas pénétrer dans ces pièces. Durant une huitaine, tout s’est calmé. Il avait obtenu ce qu’il voulait et vous attendait. J’ai pu dormir un peu, m’apaiser. Cela a recommencé il y a trois nuits. Ma jument s’est agitée dans l’étable, les autres chevaux se mirent à hennir, réveillant la maisonnée. Bénédicte a refusé de me laisser sortir. Je me suis rendue dans le cabinet de François, ai ouvert les volets, le visage collé aux carreaux pour scruter l’obscurité que les lanternes des gens d’armes accourus balayaient. Et il s’est dressé devant moi, écrasant son museau sur la vitre, le regard injecté de sang, une fraction de seconde avant de disparaître. Jamais je n’ai vu autant de haine. J’ai repoussé les battants, je ne sais comment, puis suis restée prostrée à l’autre bout de la pièce, sursautant au moindre bruit, comme si je m’attendais à ce qu’il y pénètre. Au matin, Bénédicte m’a annoncé que ma jument avait été éventrée, qu’il avait fallu l’abattre. Jusqu’à l’arrivée de Jean hier soir, j’étais terrorisée, sous le choc encore de cette terrible vision, acheva Marie grimaçant sous le poids de ces proches souvenirs.
    Jean hocha la tête en silence, mais Constant explosa :
    —  Eh bien je ne laisserai pas ce monstre te martyriser plus longtemps. Demain, je te ramène à Paris, que cela te plaise ou non.
    Marie écarquilla les yeux, surprise.
    —  Mais je ne veux pas retourner à Paris, Constant.
    —  Bien sûr que si, affirma-t-il en haussant les épaules. Ta place est à la cour des Miracles, avec moi. Là-bas, tu es en sécurité. Ils peuvent très bien le traquer sans nous. Ce n’est pas notre combat, Marie, c’est celui d’Isabeau.
    Une vague de tristesse noya la voix de la jeune fille.
    —  Tu ne comprends pas, Constant. Cette terre est ma terre désormais et ces gens comptent sur moi. Je ne veux pas repartir. Ce combat, comme tu l’appelles, est devenu le mien.
    Constant la dévisagea, un instant incrédule, puis la colère perça dans ses yeux, trahissant la blessure d’avoir été repoussé.
    —  Tu dis n’importe quoi ! affirma-t-il en se dressant.
    Avant qu’elle ait pu répondre, il était sorti de la pièce.
    Ce fut Albérie qui rompit le silence pesant :
    —  Laisse-lui le temps, Marie. Il s’est beaucoup inquiété. Il était persuadé que vivre ici était pour toi une corvée. Lorsque tout sera rentré dans l’ordre, l’un et l’autre vous y verrez plus clair.
    Marie hocha la tête, la gorge nouée.
    —  Il est important que tu te souviennes de ce détail, Marie, demanda Isabeau qui s’était concentrée sur ses propres souvenirs au long du récit de la jouvencelle, es-tu certaine que la fiole était vide ?
    —  Oui, grand-mère. Je peux le jurer. J’ai vu Chazeron l’absorber jusqu’à la moindre goutte. Cela aurait dû le tuer. Pas le transformer. Il n’est pas de notre race, ajouta-t-elle, se souvenant des paroles d’Albérie lorsqu’ils avaient émis cette possibilité en remembrance {3} du sort de Loraline.
    —  Cela ne peut signifier qu’une seule chose, observa Philippus, songeur.
    Son regard croisa celui

Weitere Kostenlose Bücher