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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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parc.
     
    Isabeau et Philippus s’étaient enfermés dans la tour, sous les caissons d’alchimie, des semaines durant. Ils avaient recréé une potion qui n’avait eu aucun effet sur Ma, hormis celui de la rendre malade. Ils s’étaient acharnés mais il avait fallu se rendre à l’évidence. Chazeron ne leur avait pas légué le secret de l’alkaheist.
    —  L’enfant que je porte est le fruit d’une modification de la nature. Lui seul peut nous donner la clé. Sera-t-il loup ou humain, je l’ignore. Mais ce qu’il sera, nous devrons le sacrifier, avait annoncé froidement Isabeau en leur révélant l’échec de leur recherche et la vérité sur ce qui s’était passé avec Chazeron dans la grotte.
    Devant leur mutisme, elle avait poursuivi :
    —  Philippus et moi avons pris une double décision. Je vais regagner Paris pour m’occuper de mes affaires délaissées depuis trop longtemps. Philippus de son côté retournera en Suisse et s’appliquera à rassembler, outre ses propres notes, tous les écrits qu’il pourra trouver sur la pierre philosophale. Peut-être quelque chose m’échappe-t-il. Un geste, un mélange. Par moments tout me semble si loin, à d’autres si proche. Ma mémoire me joue des tours. Nous nous retrouverons ici au début de l’hiver et reprendrons nos expériences dès que j’aurai mis au monde cette « chose ».
    —  Comment peux-tu accepter l’idée de cet être en toi ? Avait gémi Albérie avec une pointe de dégoût non déguisée.
    Isabeau l’avait fixée longuement avec une dureté que Marie ne lui connaissait pas, puis avait lâché :
    —  De la même manière que j’ai supporté les autres. Pour que tu puisses toi aussi porter un jour un enfant humain.
    Albérie avait baissé la tête douloureusement. Elle avait failli oublier que l’alkaheist était né à cause d’elle, de sa souffrance, de son désespoir de ne pas donner de fils à Huc. C’est pour toutes ces raisons qu’Isabeau et la Turleteuche avaient entrepris leurs recherches. L’idée de le tester sur Chazeron, et de le tuer avec, était venue bien après.
    —  Moi, je ne reviendrai pas.
    Marie avait senti son cœur se briser et tous les regards avaient convergé vers Constant, dos au mur, bras croisés sur cette évidence. Ses yeux lourds et noirs pesaient sur elle comme un ciel d’orage. Elle avait seulement répondu : « Je sais », et Isabeau avait repris la parole pour expliquer que chacun ici était libre de ses choix, mais que désormais ils étaient une famille. Unis ou désunis, le même secret les liait.
    Constant avait hoché la tête et Ma s’était couchée à ses pieds comme pour affirmer sa confiance en lui.
    Ils s’étaient séparés quelques jours plus tard. Ma était restée auprès de Marie, mais on la sentait déchirée du départ de Philippus. Huc et Albérie s’installèrent à Vollore et nul n’y trouva à redire.
    Bertrandeau, selon leurs accords, fit courir le bruit que messire Huc avait tué la bête et qu’il avait fait son rapport à François de Chazeron.
     
    Le chiot s’étira en jappant d’aise et Marie le ramena sur ses genoux. La lettre d’Isabeau tomba à terre et elle laissa le vent d’une douceur inhabituelle en ce début d’hiver la pousser au milieu des feuilles mortes.
    Dans quelques semaines, Isabeau et Jean seraient là de nouveau, tout comme Philippus. Elle pouvait mentir, Albérie le lui avait recommandé, dire qu’elle attendait l’enfant de Constant. Jean ne serait pas dupe. Elle aurait mieux fait sans doute d’avorter comme sa tante l’avait conseillé tout d’abord. Mais pas plus qu’alors elle ne regrettait sa décision. Elle se savait faite pour cela. Pour donner des enfants à cette terre. Qu’ils n’aient pas de père n’avait pas d’importance. Ils porteraient le nom de Chazeron. C’était bien suffisant pour les légitimer.
    Le chiot se mit à mordiller ses doigts, puis sauta sur l’enfant qui bougeait. Aussitôt, Ma se leva et l’emporta fermement par l’échine jusqu’à terre.
    —  Ma, il ne me gênait pas ! s’indigna Marie en riant.
    La louve lui coula un regard empli de tendresse, et se mit à jouer avec Noirot qui revenait à la charge, cette fois avec ses pattes.
    —  Ce sont nos enfants, mère, murmura Marie en couvrant son ventre, et je jure qu’un jour comme ce chiot tu les tiendras dans tes bras.
    La louve lécha avec douceur la main que Marie tendait au-dessus de sa tête. Ravi de

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