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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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faveurs et des écus, mais avec franchise, sans me montrer meilleur que je n’étais, sans rien promettre que je ne pusse tenir. Pas cette fois. Je ne peux pas te laisser porter mes enfants, Marie.
    —  Ce ne sont pas tes enfants, affirma-t-elle d’une voix tremblante.
    Un éclair de colère traversa les prunelles de Jean. Il lui agrippa les poignets avec violence, lui arrachant une grimace, et la força à soutenir son regard.
    —  Tu me fais mal, gémit-elle. Lâche-moi.
    —  Pas avant d’entendre la vérité, Marie.
    —  Et qu’y changerais-tu ?
    La dureté du visage de Marie lui fit lâcher prise. Un moment, il ne sut que dire, puis d’une voix éteinte il annonça :
    —  Je vais réparer.
    Marie éclata d’un rire qui sonnait faux.
    —  Oublie cela, Jean. J’ai choisi de garder ce présent de vie. Tu ne me dois rien.
    —  Je t’ai déshonorée. Cela a un sens pour moi.
    —  C’était avant qu’il fallait y songer, riposta-t-elle sans amertume.
    Il se laissa choir pourtant sur le lit et se prit la tête entre les mains.
    —  Tu ne comprends pas, Marie.
    —  Il n’y a rien à comprendre. C’est mon choix. Je t’ai provoqué, souviens-toi. Tu n’as rien à te reprocher. Et je ne te reproche rien.
    Il se redressa vivement et de nouveau s’empara de ses poings avec fébrilité.
    —  Tu ne comprends pas, répéta-t-il. Je n’ai pas cessé un instant de penser à cette nuit. Voir Constant te repousser me rendait fou, te surprendre entre ses bras me rendait fou aussi. Je ne comprenais rien. C’est Isabeau qui m’a ouvert les yeux. Je t’aime, Marie. Épouse-moi.
    Marie sentit ses jambes flageoler. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n’en jaillit. Ce n’était pas cet aveu qui la bouleversait, mais le fait qu’Isabeau soit au courant de sa traîtrise. Elle blêmit tant que Jean la cueillit dans ses bras et l’aida à s’allonger sur le lit. Il chercha ses lèvres avec douceur. Elle ne lui résista pas. Elle n’en avait pas la force. Ce baiser pourtant lui révéla son évidence.
    Lorsque Jean s’écarta d’elle, elle avait repris ses couleurs.
    —  Je ne veux qu’un seul père pour mes enfants, affirma-t-elle, et ce n’est pas toi, Jean. Je ne t’aime pas. J’éprouve du désir, oui. Seulement un désir qui m’emplit de honte.
    Il accusa le coup, mais se reprit vite.
    —  Constant a choisi. Il ne veut pas de toi. Et quand bien même il reviendrait sur sa décision, accepterait-il les enfants d’un autre ? J’en doute.
    —  Il aurait pu lui aussi…, commença-t-elle.
    —  Tu mens. Constant est un cœur pur. Jamais il ne t’aurait déshonorée. Jamais. Et s’il l’avait fait, il serait resté.
    —  Tu as raison. Constant est un être sans malice, sans mensonge, sans fard. Comment peux-tu penser que je l’oublierai dans tes bras ? Je ne t’épouserai pas. Je suis de la race des louves, Jean. J’aurai des amants sans doute, mais pas d’autre amour en moi.
    Il se redressa. Ces mots lui firent l’effet d’une injure. Sa main partit et la gifla au visage.
    —  Je ne te laisserai pas devenir une catin, gronda-t-il comme pour s’excuser d’un geste qu’il regrettait déjà.
    Marie était rouge autant de colère que de la trace de ses doigts.
    —  En ce cas, Jean Latour, tiens-toi loin de moi, répondit-elle dans un souffle mauvais.
    Il recula, effrayé par la douleur qui s’insinuait en lui. Une douleur qu’il n’avait jamais connue et pensait ne jamais devoir connaître. Il regarda ce ventre empli de vie qui tressautait sur la courtepointe malgré l’abondance des jupons puis se retourna et sortit de la pièce avec l’envie de découdre qui se trouverait sur son passage.
    Marie resta longuement sans bouger. Elle ne pensait rien de ce qu’elle lui avait dit. Elle tenait à lui, même si sa tendresse était loin de celle qui la liait à Constant. Il aurait sûrement pu la rendre heureuse. Sûrement. Il serait devenu seigneur de Chazeron et ses enfants auraient grandi dans une vraie famille. Elle aurait fini par oublier Constant.
    —  Non, murmura-t-elle. Je ne pourrai pas.
    Résolument, elle se leva et alla frapper à la porte d’Isabeau. Elle reposait contre plusieurs oreillers dans une chambre inondée d’un soleil persistant. Elle était seule.
    —  Approche, ma Marie, l’invita Isabeau en lui tendant une main chaleureuse. Ton père vient de partir. Il semble que cela soit proche pour toi comme pour moi.
    Marie

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