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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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attendrie.
    Philippus lui présenta le nouveau-né, Ma sur ses traces jappant de joie comme un jeune chiot. Isabeau aurait voulu le haïr, elle ne le put pas. Comme Loraline, il était l’enfant de son tourmenteur. Mais il était aussi son enfant. Son fils.
    Elle jeta un regard sur le monstre qu’Albérie lui tendait puis, d’une voix sereine, annonça :
    —  Nous sacrifierons la « chose ». L’autre vivra.
    Philippus s’en sentit soulagé. Pas un instant il n’avait pu imaginer trépaner ce poupon gracieux. Comme pour leur donner raison, un grognement s’échappa des bras d’Albérie et la « chose » s’agita.
    Isabeau détacha ses yeux du poupon que Ma ne quittait pas et affirma :
    —  L’autre ne vivra pas longtemps. Il faut agir vite. Je ne peux vous aider, Philippus, mais vous savez pas à pas ce qu’il faut faire. Alors faites et ramenez-moi Marie. Qu’elle sache qu’un Chazeron de plus vient de naître.
    Malgré la haine qu’elle éprouvait pour le seigneur de Vollore, Marie approuva le choix de sa grand-mère. Elle se proposa de les élever tous les trois ensemble, auprès de Huc et d’Albérie qui venaient d’hériter d’un coup d’une belle descendance.
    Ils couchèrent le pedot que l’on prénomma Gabriel auprès des autres et le nourrirent au même sein, tandis que, dans la tour du château, assisté d’Albérie, Philippus exécutait leur sentence.
     
    Il fallut attendre fin février pour qu’Isabeau soit remise et apte à reprendre la route. L’alkaheist était prêt mais, tel qu’il était, il ne pouvait agir. Il fallait, à partir de lui, créer le contrepoison. Philippus estimait qu’il ne le pouvait à Vollore. Trop de cornues manquaient, de même qu’un deuxième athanor. À Bâle, il possédait davantage les moyens d’agir. Il résolut donc de partir, mais cette fois Ma manifesta son désir de l’accompagner.
    Marie sentit son cœur se briser lorsqu’elle le comprit, mais ne s’y opposa pas. Elle n’était plus seule désormais. Elle avait une famille. Jean insista pour rester, mais Marie fut inflexible :
    —  Isabeau a plus que jamais besoin d’être secondée à la boutique. Je ne peux supporter l’idée qu’elle y retourne seule. Les chemins sont peu sûrs et à Paris la colère gronde contre les hérétiques. Elle a besoin de toi, quoi qu’elle en dise.
    —  Toi aussi.
    —  Non, Jean, ricana Marie. Bien au contraire, j’ai besoin de solitude pour mettre de l’ordre dans mes sentiments.
    —  Tu avoues donc qu’ils existent, se rengorgea-t-il.
    —  Tu es mon ami. Tu l’as toujours été. Ne m’en demande pas davantage. C’est un peu comme si je me retrouvais veuve de l’amour d’une vie. Laisse-moi le temps de faire mon deuil.
    —  Bien. J’accepte ton choix. Prends soin de nos enfants.
    —  Et toi, Jean, prends soin des miens. Prends soin de lui.
    Jean hocha la tête. Constant restait son ami, main il doutait qu’en apprenant la vérité il respecte encore le compagnon d’armes qu’il était.
     
    Vollore se dépeupla des siens à nouveau. Mais cette fois, Marie se sentit abandonnée. Avec Ma, une partie de son enfance s’éloignait. Avec Jean, cette autre part d’insouciance. Mais elle était la dame de Vollore, désormais. Elle en avait fait le serment à sa mère d’adoption.
    Elle serait cette vie qu’on lui avait volée.
     
    Et cela dura quelques mois de bonheur et de sérénité à voir grandir ses enfants. Puis de nouveau le destin se mêla de défaire cet écheveau que les siens avaient tissé.
    Par la volonté d’un homme.
    Par le caprice d’un roi.

14
     
     
    Marie s’effaça en une révérence gracieuse devant la barbe en collerette et le nez aquilin de François I er . Le château de Thiers était impraticable du fait de nombreuses réparations et c’est à Vollore que le roi de France avait choisi de faire halte cette nuitée.
    On dispersa sa cour dans les modestes chambres de l’étage et des tentes se dressèrent prestement dans le parc et les jardins pour accueillir ceux qui n’y pouvaient trouver place. Par chance, succédant aux nombreuses giboulées qui avaient trempé mars, ce mois d’avril 1533 était baigné d’une belle et lumineuse tiédeur.
    Avertie depuis quelques jours seulement de la décision et de la visite royale, Marie avait dû faire face en hâte au ravitaillement. Fort heureusement, Albérie, qui avait retrouvé ses marques et son intendance, avait paré avec prestesse et

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