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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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léger. Ne disiez-vous point tout à l’heure qu’une femme se doit de garder un soupçon de mystère ?
    La réponse plut au roi car il marqua de l’étonnement puis s’écria :
    —  De l’esprit. Ma chère Anne, cette jeune dame n’est pas seulement une mère, elle a de l’esprit. Tant pis pour vos hommes, chère Marie, dès demain je vous enlève.
    —  Vous m’enlevez, Sire ? Bafouilla Marie.
    —  Nos pas vont vers Marseille chercher une épouse à mon cadet. Votre père briguait une charge à la cour. Je vous offre celle de dame d’honneur de ma future bru.
    —  Mais, Sire, mes enfants !
    —  Vos nourrices savent y faire. Et votre époux y gagnera aussi. Allons, plus un mot, c’est décidé, vous nous accompagnerez.
    —  Et s’il me plaisait de refuser, Majesté ? S’offusqua Marie.
    Avec un regard courroucé, le roi porta ces paroles à son oreille :
    —  Acceptez. Les luthériens ont besoin de vous en cour de France.
    Marie plongea le nez dans son assiette. Elle comprenait soudain. Le roi estimait Isabeau. Mais elle s’était placée ouvertement du côté de ces hérétiques qu’il ne pourrait soutenir longtemps encore malgré ses affinités pour leurs croyances.
    Marie avait choisi son destin, mais peut-être était-il ailleurs. Peut-être avait-elle aussi une mission à accomplir. Celle de sauver sa famille. Celle de sauver Constant dans l’autre camp. Malgré lui. Malgré tout.
    En un éclair sa décision fut prise.
    —  Je vous suivrai, Sire, si vous me promettez de me laisser libre de rendre visite à mes enfants autant qu’il me plaira.
    —  Bigre, vous parlez de Fontainebleau comme d’une prison. Nul ne songe à vous contraindre, belle Marie, bien au contraire !
    Marie croisa le regard vicieux du dauphin et, un instant, en eut un doute pernicieux. « Bah, se dit-elle en soutenant ses prunelles animées, j’ai vaincu bien d’autres démons que toi ! »
     
    Le surlendemain, ses malles bouclées, elle bisait les petiots, Albérie et Huc, et dans sa litière suivait le sillage d’une cour joyeuse.
    Albérie avait trouvé l’idée de sa nièce mauvaise jusqu’à ce que Marie lui rapporte les paroles du roi. La dernière lettre d’Isabeau faisait état d’un durcissement de l’opinion contre les luthériens. François I er continuait de prendre leur défense.
    —  Ils sont ma famille aussi, expliqua Marie. J’ai grandi dans les théories de Luther. J’ai raillé la Vierge, porté cette foi nouvelle plus loin peut-être que de nombreux autres. J’ai appris beaucoup ces derniers mois, en astrologie, en rhétorique. Ici, mon savoir est inutile. À la cour du roi, il servira une cause. Peut-être me suis-je trompée ? Peut-être n’est-ce point le moment d’être seulement la dame de Vollore ?
    —  Embrasse Constant pour moi, répondit Albérie.
    Au-delà du discours que tenait Marie, il en était un autre. Celui de son cœur.
    —  Tu as raison, ma tante, chuchota-t-elle en se jetant dans ses bras. Peut-être ai-je simplement besoin de choisir mon camp ?
    —  Alors va ! Et fais de ton mieux.
    Albérie l’embrassa et la regarda partir, anxieuse. Huc enlaça sa femme avec tendresse et chuchota à son oreille :
    —  Nous voilà fin seuls, mon épousée. Je rêvais d’une grande et belle famille, nous l’avons ce jourd’hui.
    —  Étrange famille en effet, s’attendrit Albérie.
    —  Quelle importance. Un enfant n’est rien d’autre que ce que l’amour en fait. Et tu seras la meilleure des mères.
    —  En es-tu sûr, Huc de la Faye ?
    —  Plus que je ne l’ai jamais été.
    —  La petite a la marque. La marque des loups.
    —  Il faut se rendre à l’évidence, soupira Huc avec humour. Bon sang ne se perd jamais.
     
    Quelques jours plus tard, le roi et sa cour atteignaient Le Puy. Marie avait partagé sa litière avec deux damoiselles charmantes qui l’avaient éclairée sur la bru du roi et se trouvait fort aise de ces détails. Elle pouvait désormais grâce à leur caquetage mettre un nom, une fonction, un titre et quelques ragots sur presque toutes les têtes. Elle en connaissait certaines.
    C’était leur jeu favori, avec Constant, de s’installer sur les gargouilles de Nostre-Dame et de regarder la cour, quand celle-ci était à Paris, se réunir sur le parvis, étaler ses soieries et ses dentelles, laisser se nouer et se dénouer intrigues et gourgandages. Parfois, ils laissaient tomber quelques crottes dont ils

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