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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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indifférent à son tourment, allant et venant d’un pas lourd dans la pièce où elle se tenait droite.
    —  J’ai construit les bases de mon accord avec Soliman, sachant bien où cette alliance me conduirait, gardant cet atout dans ma manche si je ne pouvais contrôler les débordements. Ce fut le cas et j’y ai réagi comme le roi chrétien que je suis, en priant pourtant pour que cela cesse. Tolérer l’islam m’oblige à admettre les luthériens aux yeux du monde. Voyez, Marie, où est mon orgueil. Demander à un Dieu païen de me laisser vénérer le mien !
    —  Sire… commença Marie bouleversée.
    —  Allez dire à vos amis, s’il vous en reste, qu’ils ne seront plus inquiétés. Et pour qu’on les oublie je vais aller faire la guerre au seul de mes ennemis : Charles Quint. Il est une aragne sur l’Europe. Il me faut l’écraser ou je ne mourrai en paix.
    Il marqua une pause, puis la détailla avec hardiesse.
    —  Vous êtes de plus en plus belle, Marie. Votre époux est fort loin. Pour me servir, vous avez cessé d’aimer.
    Il s’approcha d’elle, triste sous son intérêt.
    —  Sire, murmura Marie touchée par sa confidence, mon cœur lui est fidèle autant que mon ventre maintenant et à jamais.
    Le roi laissa un doigt glisser de sa joue à sa gorge puis le retira en soupirant :
    —  Si cela changeait, me laisseriez-vous vous beliner ?
    —  Si cela changeait ? Oui, Sire, j’en serais flattée, mais je prie Dieu que cela ne soit jamais, répondit-elle avec franchise.
    —  Alors, courez le rejoindre, mon enfant. À la cour de France, vous reviendrez quand vous le souhaiterez.
    —  Je vous en remercie, Sire.
    —  N’en faites rien, Marie. Je ne suis pas fier de ce que j’ai fait.
    Il la quitta en baissant la tête et Marie se sentit plus solitaire que jamais.
     
    Elle trouva Constant seul. Il était couché sur une paillasse dans une petite pièce souterraine. Dans un recoin, une table sommaire accueillait les restes d’un repas succinct et une chandelle. Jean avait dû guider les autres à quelque action secrète, se dit Marie. Elle savait qu’avec Constant ils se relayaient. Cela faisait plusieurs mois qu’elle ne les avait vus. Pour ne pas trahir leur cachette, elle glissait des billets dans la sébile des mendiants au milieu de quelques pièces. C’est ainsi qu’ils communiquaient. Au détour d’une rue, un malandrin la bousculait. Le soir, elle lisait fébrilement le message qu’elle trouvait dans ses vêtements. Les pourchassés avaient changé plusieurs fois de repaire, mais elle connaissait bien celui-ci.
    Une fois, Constant et elle s’y étaient assoupis ensemble, à l’endroit même où il reposait, blottis l’un contre l’autre. Ils s’étaient embrassés comme des enfants. Elle devait avoir douze ou treize ans. À cette époque-là, ce n’était encore qu’un jeu. La première fois que son cœur s’était emballé.
    Elle releva ses jupes, déchaussa ses pieds en silence et aussi prestement qu’autrefois se glissa à ses côtés. Il dormait profondément, ronflant par intermittence. Elle s’en attendrit. Auparavant, elle lui aurait pincé le nez en étouffant un rire. Elle se contenta de le contempler. Ses cheveux bruns bouclaient sur ses épaules qui s’étaient élargies encore et sa bouche entrouverte révélait des dents étonnamment blanches pour un gueux, preuve qu’il continuait à les frotter au savon comme Isabeau l’exigeait.
    Marie se pelotonna contre lui en retenant son souffle et se laissa aller au plaisir de sa chaleur contre elle.
    —  Oh ! Constant, gémit-elle, comme tu me manques !
    L’instant d’après elle dormait.
     
    Il s’éveilla le premier, gêné de ne pouvoir trouver ses aises. Elle souriait, le nez dans son épaule, les yeux clos sur ses songes. Un moment, il se demanda s’il ne rêvait pas et resta sans bouger. La chandelle achevait de se consumer sur la table et l’obscurité s’alourdissait. Il l’aurait pourtant reconnue dans une nuit noire. Malgré les onguents, l’odeur de ses cheveux, de sa peau n’avait pas changé.
    Il bougea et elle s’étira.
    —  Constant… J’ai rêvé que tu m’embrassais, dit-elle sans parvenir à retrouver totalement la réalité.
    —  Catin, gronda-t-il en se penchant sur elle, troublé malgré sa rancœur.
    —  Je t’aime, lui répondit-elle en enroulant ses bras autour de son cou.
    La chandelle mourut sur la table comme leurs lèvres se

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