La vengeance d'isabeau
trouvaient.
Elle s’abandonna à ses caresses avec un embrasement insoupçonné. Elle avait tant espéré qu’ils se réconcilieraient. Les doigts de Constant ouvrirent ses cuisses et elle gémit de plaisir en l’attirant contre elle. C’est alors que son cœur se figea. Au creux de son oreille, Constant venait de grogner, amer :
— Quel est le mieux aimant, Marie, ton roi ou moi ?
D’un poing rageur, elle le repoussa.
— Lâche-moi, cria-t-elle en tentant de se dégager, blessée de s’être laissé humilier.
Mais Constant n’avait aucune envie d’en rester là. Il l’immobilisa à pleines mains et chercha ses yeux que la nuit lui voilait.
— Oh ! Non. Pourquoi me refuserais-tu ce que tu donnes à tout-va ? Tu me dois bien ça, non ? Gronda-t-il, emporté par un désir dont il n’était plus maître.
— Je t’en prie, Constant, pas comme ça. Pas comme ça, supplia-t-elle dans un sanglot.
La lumière éclaira d’un coup son regard noyé et Constant suspendit son geste à l’instant de la prendre.
— Lâche-la, ordonna calmement la voix de Jean.
Un rictus cruel effleura les lèvres de Constant, puis retomba. Il s’en voulait et tout à la fois ces supplications lui faisaient du bien, le soulageaient. Il eut envie de lui demander pardon, de l’embrasser comme tout à l’heure, avant de se souvenir qu’elle l’avait trahi.
— Lâche-la, répéta Jean, sans colère.
La sienne revint. Il retira ses mains qui plaquaient les poignets de Marie sur la paillasse et se redressa.
— Tu vois, Marie. Même quand je veux faire la paix, il s’interpose entre nous.
Il reboutonna ses culottes comme Marie frottait ses yeux. Puis il se dirigea vers la table en jetant, amer :
— Sois rassuré, Jean, ton honneur est sauf, du moins quant à moi.
Il empoigna une bouteille où dormait un fond de vinasse et la vida, le cœur déchiré entre ces mots qu’il ne pouvait s’empêcher de lancer et cet amour qui lui brûlait l’âme. Jean serra les poings mais se contrôla.
— Est-ce que ça va ? demanda-t-il à Marie qui se redressait.
Elle hocha la tête pour ne pas déclencher l’algarade entre les deux hommes, mais tout en elle criait le contraire.
Constant s’était retourné et la regarda se rajuster. Elle était belle, digne malgré ses yeux rougis. Sur le coup, il se dit qu’il n’était qu’un imbécile, qu’il avait tout gâché, par orgueil. Mais c’était auprès de Jean qu’elle se tenait droite. Jean qui l’avait prise. Jean qui lui avait fait deux enfants. Jean qui s’était immiscé encore une fois. Solène accompagnée de deux hommes franchit le boyau et la tension se dissipa comme par enchantement.
— Marie ! s’écria l’un d’eux en la reconnaissant et en s’avançant vers elle.
C’était un de leurs compagnons d’enfance. Marie renifla et se jeta dans ses bras sans malice. Constant détourna la tête et empoigna une autre bouteille qu’il termina douloureusement. Marie souriait à présent, trop orgueilleuse pour laisser deviner sa peine.
— Bastien, je suis heureuse de te voir en vie toi aussi, affirma-t-elle.
— Tu as pleuré ?
— C’est la joie de vous revoir saufs, mentit-elle. C’est terminé, Bastien. Les répressions sont terminées. Le roi a baissé son bras, il n’y aura plus de persécutions. Il me l’a promis. Vous êtes libres.
— Était-ce la raison de ta visite ? S’enquit Constant d’une voix éteinte.
Elle lui fit face.
— Oui. Mon rôle à la cour n’a plus de sens désormais. Je vais regagner l’Auvergne et retrouver ma famille.
Constant baissa le nez et avala une nouvelle rasade. Il se sentait quinaud. Jean hésita un instant puis lâcha :
— Veux-tu que je t’escorte ?
— Non ! Non… J’aimerais rester seule avec Constant un moment, demanda-t-elle.
Jean s’en agaça mais se retira, faisant signe aux trois autres de le suivre.
— Ravie de t’avoir revue, Marie, affirma Solène en l’embrassant sur la joue.
— Prends soin de toi. Prenez soin de vous.
— J’y veillerai, assura Bastien.
Il cligna un œil complice et s’éclipsa en entraînant la cadette de Constant qui allait sur ses douze ans. Marie resta quelque temps les bras ballants puis s’approcha de Constant.
— Reste où tu es, Marie. Tu ne gagnes rien à pleurer sur moi.
Elle s’immobilisa. Elle avait mal. Mais elle ne lui en voulait pas.
— Malgré toi, malgré tout, je t’aime
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