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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rigoulot
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donner l’exemple.
    Il partit au Congo.
    En quittant l’île, Guevara remit à Fidel une lettre – à ne rendre publique qu’en cas de malheur – où il annonçait son intention de lutter sous d’autres cieux et sous sa seule responsabilité, puisqu’il démissionnait de toutes ses charges et même de sa nationalité cubaine 82 .

VI
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    « Y a-t-il un économiste parmi vous ? »
    « Mon fils Ernesto gérant les fonds de la République de Cuba ?
    Mais Fidel est fou !
    Chaque fois qu’un Guevara monte une affaire, il fait faillite ! »
    Lynch Guevara, père du Che
    C es longs voyages du Che l’ont sans doute aucun éloigné de longs mois des centres de décisions, des manœuvres d’appareil, des rivalités et des luttes de personnes et de clans.
    Ni tout à fait médecin, car il préférait le combat, ni tout à fait guérillero, puisqu’il passa de nombreux mois dans la Sierra sans grands engagements militaires, Guevara se retrouve après la victoire de la Révolution à commander un régiment dans une vieille forteresse et à avaliser des condamnations à mort. Guère brillant pour une personnalité de premier plan.
    Mais une question trop peu souvent posée est de savoir si Guevara était vraiment « de premier plan », comme le colporte son mythe. Les basses œuvres, des voyages à l’utilité douteuse, son absence du Bureau politique du PC cubain ou de ses prototypes, laissent entendre le contraire. Le héros salué encore aujourd’hui avec respect par les révolutionnaires d’ici ou d’ailleurs, l’homme le plus « complet » qui soit aux yeux de Jean-Paul Sartre, a-t-il joué un rôle si important à Cuba ?
    Il a pourtant occupé des postes des responsabilités. Il fut l’un des dirigeants de l’INRA à avoir piloté la « réforme agraire ». Il a présidé aux destinées de la Banque nationale de Cuba, il a été élevé au rang de ministre de l’Industrie. Mais voyons ce qu’il a fait à ces postes.
    Les réformes agraires
    Le 7 mai 1959 est une étape importante du processus révolutionnaire : Fidel signe le décret sur la réforme agraire. Un groupe la préparait depuis quelques mois dans le dos du président Urrutia et du ministre de l’Agriculture lui-même, Humberto Sori-Martin. En étaient nominalement membres, le Che, et de manière plus effective son homonyme Alfredo Guevara, Vilma Espin, la femme de Raúl Castro, et deux cadres du PSP. Les conditions dans lesquelles cette « réforme » fut mise en place font que le ministre-potiche donna sa démission – sans que cela gêne beaucoup le groupe castriste qui s’attendait à cette réaction 83 .
    Or, Guevara, qui avait plus ou moins suivi ces travaux « parallèles », ne fut pas plus chargé officiellement d’une quelconque responsabilité dans le premier ministère de l’Agriculture qu’il ne fut chargé de présider aux premiers pas de la réforme mise en place par la direction révolutionnaire réunie autour de Fidel Castro.
    De retour de son premier long voyage, il fut, certes, officiellement intégré à l’INRA, l’organisme qui pilotait la réforme agraire, le 7 octobre 1959. On lit même, ici ou là, qu’il fut président de l’INRA. C’est encore une légende. Guevara a probablement espéré ce poste : depuis longtemps et en bon marxiste qui pense que l’infrastructure économique détermine la superstructure idéologique, Guevara avait réfléchi, alors qu’il était encore dans la Sierra, aux mesures économiques à prendre immédiatement après la prise du pouvoir. Et tout d’abord à cette « réforme agraire », un projet éminemment politique et social : à quel rythme ? Jusqu’où ? Et comment passer à la collectivisation ? Pour Guevara, la réforme agraire devait être « approfondie », c’est-à-dire ne pas s’en tenir à un simple partage des terres. Quant au dédommagement des propriétaires, il lui paraissait superflu. La terre devait être donnée gratuitement aux paysans.
    Mais il prenait le train en marche, après ses trois mois d’absence. Fidel avait imposé sa méthode…
    Guevara avait bien d’autres projets, plus vastes encore. Il n’en manquait jamais ! Il fallait, selon lui, ne plus être dépendant des seules exportations de sucre et procéder à une industrialisation rapide. C’est alors seulement que Cuba échapperait à la domination de l’impérialisme américain. Son industrie naissante demanderait des protections douanières et un

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