La véritable histoire d'Ernesto Guevara
(Parti unifié de la Révolution socialiste) puis le PCC (le Parti communiste cubain), et qu’il est officiellement indiqué dans la presse cubaine qu’il fait partie de son secrétariat, Guevara visite une usine de tournevis, d’écrous et de rondelles à Santiago de Cuba !
Une aide décevante
Fin janvier 1961, le Département de l’industrialisation de l’INRA est promu au rang de ministère de plein droit. Guevara devint donc le premier des ministres de l’Industrie. Il ne disait pas vraiment ce qu’il pensait des Soviétiques dont il voyait bien qu’ils étaient en retard dans bien des domaines touchant à la consommation. Les Cubains, si soucieux de leur personne, n’avaient plus de déodorants et n’en auraient plus avant longtemps : les Soviétiques n’en fabriquaient pas, ni non plus les produits pour en fabriquer. Mais cela n’importunait pas Guevara qui y voyait plutôt le signe d’une pureté d’âme révolutionnaire : « Nous […] devons nous préoccuper de choses plus importantes. » Ainsi disparurent peu à peu de l’île les déodorants…
Et le mirage soviétique s’estompa…
Moins de quatre ans après la prise de pouvoir, moins de trois ans après que le Che se fût lancé à la direction des finances puis de l’industrie cubaines, tout était à terre. « Voulant industrialiser au galop une économie agraire, en faisant l’impasse sur les matières premières et les capacités d’autofinancement, les petites unités industrielles furent cassées et la canne à sucre désorganisée. Perte sur les deux tableaux 92 . » Le vieux système était brisé. Et le nouveau ne venait pas…
Il en était de même avec les hommes : on supprimait ceux qui avaient fait fonctionner l’ancien régime. Mais le nouveau, le radieux, le très attendu Homme nouveau du communisme ne venait pas. Sans doute pouvait-on dénoncer les États-Unis pour leur embargo, leur hostilité dans les forums internationaux, leur opposition sur le terrain, là où des Cubains venaient apporter la Révolution libératrice. Mais qui avait décidé de ne pas céder un pouce de terrain face à eux ? Qui avait poussé à la rupture ? Qui avait fait de la confrontation avec eux son programme ? Le Che. Quant à la médiocre qualité des produits soviétiques livrés aux Cubains, sans doute Guevara n’en était-il pas responsable et pouvait dénoncer non sans raison « la merde » qu’on leur vendait. Mais qui situait en URSS les plus belles avancées de l’humanité ? Qui avait voulu suivre la voie soviétique de la collectivisation, synonyme d’échecs économiques sur presque toute la ligne ? Le Che.
En février 1960, les Soviétiques et les Cubains avaient rendu public un premier accord commercial. Mikoyan vint le signer. Et, à cette occasion, Castro et Guevara lui dirent leur volonté de construire une société socialiste et, du fait de l’hostilité de leur proche voisin nord-américain, leur besoin de l’aide soviétique pour aller au bout de leur projet. La différence entre les deux hommes se réduisait au temps qu’ils se donnaient pour y arriver. Là où Fidel se donnait dix ans, le fougueux Guevara était persuadé qu’à attendre plus de trois ans le projet avorterait…
Quand les compagnies américaines refusèrent de raffiner le sucre cubain, Castro les nationalisa. Quand le gouvernement américain refusa d’acheter tout le sucre que voulait leur vendre Cuba, il nationalisa les propriétés américaines. C’était le 3 juillet 1960. Le 9 de ce même mois, devant la tension qui montait, Khrouchtchev avertit les États-Unis que les Cubains bénéficieraient de l’appui soviétique… Le Che exultait.
La « crise des fusées »
Les liens de Cuba et de l’URSS se resserraient de plus en plus. Et ils ne furent pas remis en cause après la première crise qu’ils traversèrent, en 1962. Cuba, il est vrai, avait besoin d’aide économique et de protection militaire. Cette année 1962, un accord qui réjouit fort le Che fut signé avec les Soviétiques. Il prévoyait la venue de 42 000 soldats soviétiques dans l’île, et surtout l’installation de missiles à courte et à moyenne portée.
L’affaire se passa mal comme on sait. Kennedy exigea le rapatriement des missiles et il l’obtint. Guevara (et Fidel) furieux, ne purent que constater que les missiles n’étaient pas sous leur contrôle. S’ils l’avaient été, laissèrent-ils entendre, ils n’auraient pas
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