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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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lettré
habile à tous les arts, calligraphe, peintre, prosateur et poète tout ensemble. La diffusion du livre
xylographié à partir du X e siècle, l’apparition
d’un commerce de la librairie, la prolifération
des contes, des saynètes pour le théâtre, les
marionnettes et les ombres chinoises, celle des
chansons de style vulgaire, la formation de
sociétés littéraires, le développement du commerce des objets d’art et des antiquités, toutes
ces nouveautés devaient modifier profondément
la sensibilité littéraire et artistique des Chinois.
     
    L’un des facteurs les plus riches de conséquences fut évidemment l’apparition de l’imprimerie. On pourrait dire que l’imprimerie est
venue à son heure en Chine, au moment où des
couches sociales de plus en plus nombreuses
cherchaient à s’élever par l’instruction ou, plus
simplement, demandaient à la lecture les plaisirs que procurent le conte, l’anecdote, la poésie. En fait, c’est grâce au développement de la
classe marchande et à la croissance très rapide
des classes populaires dans les villes et pour
répondre à de nouveaux besoins que l’imprimerie s’est généralisée. Les transformations
sociales ont fourni sa raison d’être à une invention qui, dans d’autres circonstances, aurait pupasser inaperçue. La preuve en est que les premiers emplois de l’imprimerie restèrent remarquablement limités. Dès avant le VIII e siècle, des
planches xylographiques servirent à la reproduction sur papier 14  de charmes, d’amulettes, de
petits tracts religieux et surtout à la diffusion
d’images pieuses dont la répétition même passait, chez les bouddhistes, pour avoir d’étonnants pouvoirs religieux.
    Cette technique, née dans les communautés
monacales, taoïstes et bouddhiques, se développa ensuite chez les laïcs aux IX e et X e siècles,
dans les deux régions de forte densité humaine
que sont le bas Yangzi et le Sichuan occidental
où l’on vit circuler dans le peuple des almanachs, des ouvrages d’astrologie et des dictionnaires élémentaires. Cependant, entre 932 et
953, les Classiques confucéens dont on ne tirait
jusqu’alors que des estampages sur pierre furent
édités sur ordre officiel en impression xylographique. Entre 960 et 971 parut une édition du
canon bouddhique, gigantesque corpus composé
de sûtras, de commentaires, d’ouvrages de discipline et de traités doctrinaux. Au milieu du X e siècle, on fit l’essai des caractères mobiles, en
terre cuite, en étain ou en bois, mais la trop
grande richesse des caractères d’écriture (l’écriture chinoise compte plus de sept mille caractères
usités, alors que la notation alphabétique des
langues romanes permet l’impression en différentscorps avec un nombre de signes beaucoup plus
restreint), le bon marché de la main-d’œuvre, le
goût des belles calligraphies que les planches
d’impression font mieux ressortir que les caractères mobiles empêchèrent la diffusion de cette
invention 15 .
    Grâce aux éditions de l’époque des Song, la
plupart des ouvrages de cette période et de ceux
qui s’étaient transmis depuis l’Antiquité jusqu’aux Song sont parvenus jusqu’à nous. C’est
une masse prodigieuse de textes qui témoignent
de l’extraordinaire passion de connaissances des
Chinois aux XII e et XIII e siècles 16 . Cette époque
occupe, dans l’histoire de la Chine, la même
place que notre Renaissance. Le développement
de l’imprimerie n’est pas le seul fait qui permette ce rapprochement : ici et là, on assiste à un
retour au passé qui s’accompagne, dans le
domaine des lettres, des arts et de la pensée,
d’un renouveau général. Alors que les lettrés de
l’époque des Tang s’étaient bornés à expliquer
les commentateurs des Han (206 avant notre ère
– 220 après), les Classiques sont réinterprétés et
commentés à nouveau. Une philosophie nouvelle vient au secours du commentateur, et la
pensée des Anciens est expliquée en termes de xing (nature humaine) et de li (organisation
spontanée ou ordre universel).
    Les découvertes archéologiques suscitent la
passions des érudits et des amateurs d’art. Certainsdes objets antiques, bronzes et jades, mis au jour
sous le règne de Huizong (1101-1125) près de
Anyang, au Henan, datent de la fin du II e millénaire et sont contemporains des inscriptions sur
os et écaille de tortue qui ont été découvertes
depuis 1899 dans la même région.

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