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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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pour le plaisir de s’encanailler. On l’a vu,
certains artistes résident en permanence chez lesriches : joueurs d’échecs, peintres de chrysanthèmes, compositeurs de pièces littéraires, spécialistes de devinettes amusantes… Ces parasites
font partie de la maison. D’autres sont loués
pour le plaisir des invités au moment des
grandes réceptions : chanteuses en renom, musiciens, acrobates ou illusionnistes 11 .
    Seuls les artistes les plus célèbres sont admis
en présence de l’empereur. Un texte de 1280 en
compte 55 espèces différentes et donne les noms
de 554 d’entre eux qui venaient s’exhiber à la
cour à la fin de la dynastie des Song du Sud.
Dans cette liste si riche et dont tous les termes
ne se laissent pas facilement identifier, retenons
encore quelques noms de métiers qui témoignent
de l’extraordinaire spécialisation des amuseurs
publics : conteurs d’histoires obscènes, imitateurs de cris de marchands, imitateurs de propos
villageois, chanteurs spécialisés dans six types
de chants différents, prestidigitateurs, lanceurs
de cerfs-volants, joueurs de balle et de football,
tireurs à l’arc et tireurs d’arbalète 12 .
     
    Les spectacles de la rue et des quartiers
d’amusement, les fêtes, les représentations données à domicile dans les riches familles ne suffisent pas aux besoins de distraction des citadins.
Dans leurs moments de détente et d’inaction, ils
s’adonnent tous à des jeux de société. Il en est
de toute sorte, pour toutes les classes et tous lesâges. Ils diffèrent même quelquefois selon les
sexes. Ainsi, l’escarpolette sert au délassement
des jeunes filles de la bonne société. Les jeux
d’argent, où parfois les sapèques servent de
jetons, sont des distractions populaires, et sont
très pratiqués malgré les interdictions officielles.
Il existe aussi des jeux d’enfants, très nombreux
sans doute, mais dont nous ne savons malheureusement rien.
    En revanche, certains jeux sont communs à
tous les milieux sociaux. C’est le cas du « double-six », sorte de jeu de jacquet qui semble avoir
été introduit en Chine vers le III e siècle de notre
ère. Il comporte 24 pions dont l’avance est
réglée par des coups de dés. Ce jeu fait fureur à
l’époque des Song et, selon un auteur du XII e siècle, « les riches y jouent leurs esclaves,
leurs chevaux… ; les pauvres jouent à qui paiera
la tournée ». Les dés en usage à l’époque des
Song sont identiques à ceux que nous connaissons, à cette différence près que le 4, qui a la
valeur de notre as, est peint en rouge. Aussi, un
jeu de dés dont les règles sont analogues à celles
du poker porte-t-il le nom de « faire sortir les
rouges 13  ». Mentionnons encore les dominos, le
mah-jong, les jeux de cartes dont les quatre rois
représentent les souverains mythiques des quatre
points cardinaux et qui apparurent en Chine probablement dès l’époque des Tang ; enfin, parmi
les jeux traditionnels de la haute société, leséchecs et le jeu de la cruche ou du goulot. Ces
deux jeux étaient connus dès avant l’ère chrétienne et ils eurent longtemps des emplois divinatoires ou ordaliques. Le premier s’apparente à
nos échecs bien que les règles en soient assez
différentes, le second exige une adresse peu
commune : les partenaires doivent lancer des fléchettes dans un vase renflé et à goulot étroit en
les faisant rebondir sur la membrane d’une sorte
de tambour placé à mi-chemin.
     

LES LETTRES ET LES ARTS
     
    Dans leurs diverses expressions, poésie,
conte, roman, encyclopédie, chant et musique,
peinture, les lettres et les arts de l’époque des
Song ont subi, de façon très sensible, les contrecoups des transformations sociales et techniques
de cette période. L’esthète, pour qui l’art est une
entité, un produit du génie humain universel,
peut ignorer ces réalités triviales ou ne les mentionner que pour mémoire. Mais le pourrait-on
dans une étude où la vie quotidienne a été prise
pour objet, où l’époque, l’instant, le milieu
humain, le cadre géographique sont à la fois des
précisions nécessaires du point de vue de la
méthode et des éléments indispensables à la
compréhension des faits ? Tout un ensemble de
facteurs a contribué à modifier les thèmes et lesstyles, et à faire des arts et des lettres à l’époque
des Song des activités spécifiques ; des professionnels se substituent de plus en plus au

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