La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
vingt-trois quartiers d’amusement (le chiffre varie selon les
sources), dont le plus grand nombre est situé
hors des remparts, près des portes. Ceux des faubourgs et ceux de la ville proprement dite sont
contrôlés par des administrations différentes, etdes fonctionnaires d’Etat sont préposés à chacun
de ces établissements 4 .
Les quartiers d’amusement comportent différentes sections d’enseignement : treize au total,
qui intéressent le théâtre et les arts musicaux.
Chacune a son « chef » ou son « directeur », et
les artistes portent un costume qui varie selon le
groupe auquel ils appartiennent et leur rang de
classement. Les vêtements peuvent être violets
et pourpres, rouges et bleus, la chemise est parfois ample à bordure jaune. Les acteurs sont
coiffés de turbans de formes et de couleurs
diverses, les musiciens et les chanteurs de bonnets. Suivant les sections, les artistes jouent
d’une sorte de flûte aux sons tristes originaire
d’Asie centrale, de la flûte traversière chinoise,
du « grand tambour », d’un xylophone à six ou
neuf éléments larges comme la paume de la
main et reliés par une lanière de cuir, de la guitare à quatre cordes, de la guitare plate en forme
de tablette allongée à treize cordes, de l’orgue à
bouche à treize tubes et dont le corps est fait
d’une calebasse desséchée, d’un instrument analogue au xylophone mais dont les plaques sont
en métal ou en pierre.
Dans d’autres groupes, on enseigne différents
genres de chant, la danse et les arts théâtraux. Le
théâtre fait une large place aux petites scènes
bouffonnes, aux exercices acrobatiques et aux
parodies. Des acteurs imitent les paysans duShandong et du Hebei, car ce genre comique,
déjà en vogue à Kaifeng, s’est perpétué à
Hangzhou. Certaines scènes se présentent
comme des ballets accompagnés de chant et de
musique. On peut voir aussi des spectacles
d’ombres chinoises dont les personnages sont
des pantins de carton articulés et des marionnettes dont il existe différents types : tirées d’en
haut par des fils, manœuvrées d’en bas par des
tiges ou encore « vivantes », jouées par des
familles d’acteurs aux membres fins et graciles.
Ceux qui font mouvoir les marionnettes articulées leur prêtent une voix nasillarde et aiguë 5 .
Ombres et poupées sont les personnages de
petites scènes : histoires de revenants et de prodiges, pièces policières, pièces romanesques où
se mêlent l’histoire et la fiction. Les conteurs
attirent eux aussi un nombreux public. Ils sont
spécialisés dans différents genres : récits de
génies et de démons, petits contes qui mettent en
scène des juges particulièrement perspicaces et
habiles à résoudre les énigmes les plus ardues,
récits de combats guerriers dont les héros sont
d’une force et d’une adresse surhumaines, histoires bouddhiques qui retracent des épisodes
des vies antérieures du Bouddha. Pièces et
contes tendent parfois à la satire sociale et
dénoncent les abus des puissants 6 .
On rencontre aussi dans les quartiers d’amusement des acrobates et des jongleurs, bien quele plus souvent ces gens s’exercent aux abords
de ces établissements, sur des esplanades délimitées par des barrières. Ainsi, au quartier
d’amusement du nord, bâti près de l’un des
ponts sur lesquels passe la Voie impériale, il y a
treize « barrières » de ce genre. Les amuseurs
publics s’installent également en dehors de ces
emplacements qui paraissent leur être spécialement réservés, et on les voit aux carrefours, sur
les places et les marchés, partout en somme où il
y a foule. Ils y dressent parfois des abris provisoires faits de piquets de bambou et de nattes.
Les passants peuvent ainsi admirer en pleine rue
des acrobates qui se retournent la tête par-dessous les cuisses, des funambules qui portent
au fléau des récipients pleins d’eau jusqu’à ras
bord et qui avancent sur leur corde sans en renverser une seule goutte, des jongleurs d’assiettes, de bouteilles ou de grandes cruches, des
montreurs d’ours, des montreurs de fourmis
savantes, des avaleurs d’aiguilles, des lutteurs ou
des boxeurs. Des groupes de trois à cinq musiciens portent en équilibre sur leurs épaules, tout
en dansant et chantant, un ou deux garçonnets
ou fillettes 7 . Des conteurs, des spécialistes de
devinettes attirent les badauds, des humoristes
aussi « qui commentent plaisamment les graves
Classiques et
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