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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Mantes. Le comte qui espérait être nommé au conseil et devenir le premier personnage de la cour – n’avait-il pas montré sa vaillance à Coutras? – annonça à cor et à cri avoir rompu avec le roi de Navarre depuis qu’il lui avait refusé sa sœur comme épouse.
    Il fut fort mal reçu par le roi qui lui enjoignit de se retirer de la cour et de demander son absolution à Rome pour s’être
     allié avec un hérétique. Quant à M. de Rosny, qui assurait aussi s’être brouillé avec le Béarnais, il expliqua avec flagornerie
     à Henri III qu’il était venu lui offrir ses services parce qu’il ne doutait pas que le roi de Navarre viendrait sous peu en
     faire autant. Ce discours parut ne pas déplaire à Henri III.
    C’est un peu plus tard, et seul à seul, que Rosny et Poulain se rencontrèrent dans l’hôtellerie où le baron avait pris chambre.
     Les premiers mots de Rosny à Nicolas furent pour rendre hommage à son nouvel état, mais aussi pour s’étonner de le trouver
     à la cour comme lieutenant du Grand prévôt de France. Nicolas lui en ayant confié les raisons, le baron expliqua avec force
     ironie qu’il n’avait accompagné Soissons que sur ordre du roi de Navarre, lequel lui avait demandé d’oublier les ressentiments
     qu’il avait envers son cousin tant il était de son intérêt d’avoir auprès de lui quelqu’un pour le tenir informé de ses projets.
    — Je prête donc une oreille attentive aux discours du comte et je feins pour lui un zèle que je ne ressens point! Je dois être bon comédien, car il s’est laissé facilement trompé! s’esclaffa-t-il joyeusement dans sa barbe.
    Il donna ensuite des nouvelles d’Olivier et de son épouse pour les avoir vus à La Rochelle. Olivier lui avait parlé duconvoi d’or, et il était ravi de participer à l’entreprise avec Venetianelli et Caudebec. Nicolas lui dit avoir déjà recruté
     M. de Richelieu – Rosny grimaça – et qu’il songeait au marquis d’O.
    Rosny parut encore plus contrarié qu’au nom du Grand prévôt tant la réputation de querelleur et d’archilarron du marquis était
     grande. Pour le convaincre qu’il avait tort, Nicolas lui raconta longuement l’expédition faite ensemble pour récupérer les
     rapines du duc de Guise chez le receveur des tailles Salvancy. Rosny connaissait une grande partie de l’histoire, mais pas
     le rôle exact de François d’O.
    — M. d’O peut aussi nous apporter son serviteur Dimitri, et peut-être M. de Cubsac.
    Rosny haussa les épaules, mal convaincu.
    — Peut-on faire confiance à ce Cubsac? Un des quarante-cinq d’Épernon!
    — Oui, monsieur. Malgré son air de capitan gascon, c’est un honnête homme et je lui confierais ma vie.
    — Dans ces conditions… parlez donc au marquis! soupira le baron. Il faut faire feu de tout bois si nous devons être une douzaine!
    Durant le dîner, Rosny lui raconta que, comme convenu, il était retourné à Paris le mardi suivant Pentecôte et qu’il avait
     trouvé le Porc-Épic fermé. En interrogeant des voisins, on lui dit que le cabaretier avait été tué par des larrons qui s’étaient
     introduits chez lui. Cherchant à en savoir plus, il avait aussi appris que le cardinal de Bourbon était venu au couvent de
     l’Ave-Maria où il y avait eu des affrontements, mais personne ne savait exactement de quoi il retournait. Il s’était donc
     rendu au Drageoir Bleu (Poulain lui avait parlé une fois de ses beaux-parents) et c’est là qu’on lui avait raconté tout ce
     qui s’était passé.
    Nicolas l’ayant interrogé sur l’armada espagnole, Rosny s’en moqua d’abord en la qualifiant de bénite par le Pape mais maudite de Dieu , avant de lui annoncer qu’elle avaitappareillé. On pouvait donc apprendre à tout moment que l’Espagne avait envahi l’Angleterre.
    Le baron resta à la cour et Nicolas Poulain passa plusieurs bonnes soirées avec lui. Non seulement ils parlaient de politique,
     de la Ligue, et de l’avenir du roi de Navarre, mais connaissant tous deux parfaitement les environs de Paris, ils discutaient
     aussi des moyens de s’emparer de l’or de Guise. L’idée de Poulain – qui en avait déjà parlé avec Olivier – était d’attendre
     le convoi à Saint-Denis, ville où il passerait forcément. Il y avait là-bas tant d’auberges qu’une troupe importante, mais
     répartie dans plusieurs hôtelleries, ne se ferait pas remarquer par le prévôt s’ils devaient rester

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