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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la chercher.
    C’est alors que Poulain crut reconnaître le coffret. N’était-ce pas la boîte ciselée remise à Louchart par un artisan horloger lors d’une réunion de la sainte union? Il étudia Le Clerc avec attention. Le visage du gouverneur de la Bastille était tendu et son regard allait de la boîte au roi. Poulain bouscula le gentilhomme devant lui en lançant :
    — Sire, avec votre autorisation, je souhaite examiner ce coffret.
    Stupéfiée, l’assistance se tut, et tous les regards se tournèrent vers l’insolent, l’inconscient, qui osait troubler ainsi
     les règles du protocole. Puis les murmures déferlèrent par vagues de plus en plus fortes et se transformèrent en un sourd
     grondement de réprobation.
    Le chambellan avait les yeux écarquillés et le conseiller au parlement tenait gauchement sa boîte avec une expression de parfait
     ébahissement.
    Poulain glissa entre ses dents à Richelieu : « C’est la machine de Chantepie. » Il fit deux pas en avant pourprendre la boîte mais fut arrêté par les quarante-cinq. Villequier, qui allait aussi se saisir du coffret, gronda en le foudroyant
     du regard :
    — Dieu me damne, monsieur Poulain, c’en est trop! Veuillez rester à votre place!
    — Laissez, Villequier! fit le roi en posant son regard sur Poulain.
    Richelieu s’avança à son tour :
    — Sire, j’approuve la requête de mon lieutenant. Il serait souhaitable que je regarde aussi ce coffret avant Votre Majesté.
    Les murmures reprirent, s’enflèrent. La confusion parut s’étendre. Le roi dit quelques mots à voix basse à Villequier, puis
     au marquis d’O. Celui-ci fit alors taire l’assistance en levant une main.
    — Sa Majesté recevra en privé M. Bonneval, dit-il. Monsieur de Bonneval, veuillez remettre votre coffret au grand prévôt.
    Bonneval était le parlementaire au coffret. C’était un homme replet, de petite taille, au visage lisse et joufflu. Il paraissait
     désemparé dans son bel habit de velours noir.
    Le roi prit alors la parole. Mi-amusé mi-dédaigneux, il remercia longuement ses bons amis bourgeois et députés de Paris. Il
     les assura que leur ancienne mésintelligence était oubliée, en utilisant même le terme de Messieurs de Paris pour nommer les membres du corps de ville qu’il qualifia d’honnêtes hommes ayant la religion empreinte en l’âme et la générosité dans le cœur . Il les assura de son amitié et de son attachement à la capitale, mais ne dit mot de son retour.
    L’entrevue était terminée.
    Suivi de M. de Villequier, O, Bellièvre, Montpezat et quelques gentilshommes dont Roger de Bellegarde, Henri III se retira
     dans une chambre qui jouxtait la salle, pendant que M. Bonneval remettait son cadeau à Richelieu. Le parlementaire paraissait
     tellement déconfit que Nicolas Poulain se demanda s’il ne s’était pas trompé, mais le coffretparaissait bien être le même que celui qu’il avait vu à la réunion de la Ligue. Il leva les yeux, cherchant du regard Le Clerc,
     mais le gouverneur de la Bastille était parti. Tout comme M. de La Chapelle.
    — Que dois-je faire? demanda Bonneval.
    — Sa Majesté va vous recevoir en privé, répondit Nicolas. (Il prit le coffret des mains de Richelieu). Qu’y a-t-il à l’intérieur?
    — Une aigrette en diamants et des ferrets, monsieur.
    Le capitaine des gardes, M. de Larchant, arriva alors pour leur dire que le roi les attendait. Ils le suivirent.
    Lorsqu’ils entrèrent dans la chambre, Henri III était assis sur une chaise haute, impavide. Villequier jeta un regard sombre
     à Poulain. O paraissait intrigué et soucieux. Bellièvre se tenait à l’écart. Le seul gentilhomme de la chambre qui restait
     était Bellegarde, et bien sûr M. de Montpezat, le capitaine des quarante-cinq, comme si le roi avait décidé que ce qui allait
     se passer ne devait pas s’ébruiter.
    — Monsieur Poulain, expliquez-nous, proposa doucement Henri III.
    Poulain s’approcha de Bonneval et lui tendit le coffret.
    — Monsieur le député, pourriez-vous ouvrir ce coffret pour en montrer le contenu à Sa Majesté?
    — Bien sûr, monsieur, répondit Bonneval sans hésiter.
    Il était à côté d’une table. Il posa le coffre dessus et en détacha les deux crochets qui le tenaient fermé.
    — Arrêtez! ordonna Poulain.
    Le parlementaire parut interloqué, l’assistance restait attentive.
    — D’où tenez-vous ce coffret, monsieur?
    — De mes amis

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