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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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fait, répliqua Soissons avec un mélange d’indifférence et de dépit, tu oublies que mon frère m’avait écrit pour m’annoncer qu’il pensait sa femme grosse.
    — Mais l’est-elle vraiment? Et si elle l’est, l’enfant n’est pas encore né, et rien ne dit que ce sera un garçon, répondit Navarre. Nous en reparlerons…
    Il se dirigea vers son cheval.
    Non loin de là, Olivier avait tout entendu. Il avait été surpris par la remarque du comte de Soissons et surtout par son ton.
     Mais il est vrai que si Navarre et Conti venaient à disparaître, Charles de Bourbon, comte de Soissons, pourrait être le prochain
     roi de France… Si la princesse de Condé n’avait pas d’enfant mâle.
    Quant à Henri de Navarre, qui paraissait sincèrement affligé, il avait pourtant eu une étrange attitude avec son cousin Soissons.
     Un mélange de méfiance et de tristesse.
    En revenant à Nérac, Olivier songea que la mort du prince levait le principal obstacle à son mariage avec Cassandre puisque
     le prince de Conti, nouveau chef de la famille Condé, ne s’intéressait pas à sa demi-sœur.
    Que faisait-elle à cette heure à La Rochelle? Quand la reverrait-il? se demandait-il. Il s’était passé tant de choses depuis quatre mois. En laissant son cheval le conduire, il laissa son esprit vagabonder à travers ses souvenirs.

    Après la victoire de Coutras, la discorde s’était installée entre les capitaines du roi de Navarre. Le baron de Rosny voulait
     exploiter la victoire, remonter jusqu’à la Loire, assurer la jonction de leur armée avec celle des reîtres qui arrivait d’Allemagne,
     et enfin marcher vers Paris. Condé et Turenne s’y opposaient. Ils préféraient rentrer sur leurs terres pour réduire quelques
     bastions catholiques qui, disaient-ils, pourraient les gêner lors de la prochaine offensive au printemps. En particulier,
     Turenne voulait prendre Sarlat et quelques villes sur la Dordogne.
    Ayant écouté chacun, Navarre n’avait pas approuvé le plan de Rosny. Il jugeait dangereux de s’engager dans une offensive avant
     l’hiver et ne voyait pas d’avantage à affaiblir plus le roi de France. L’avenir lui avait donné raison puisque l’armée des
     reîtres avait finalement été écrasée par le duc de Guise.
    Condé était donc parti en Angoumois et Turenne dans le Limousin. Rosny les avait accusés à mi-voix de vouloir se tailler une
     principauté dans leurs terres et, contrarié et fâché qu’on ne l’ait pas écouté, il était aussi rentré chez lui, à Rosny.
    Seul le comte de Soissons était resté en Béarn où Navarre avait repris sa guerre de coups de main contre les places fortes encore tenues par des catholiques. Olivier aurait aimé retourner à La Rochelle et retrouver Cassandre, mais le roi lui avait demandé de rester avec lui. Il n’avait pu refuser, car c’était un honneur rare d’être remarqué par Henri de Bourbon, surtout si on était catholique et parisien! Et puis, il avait à régler de nombreux problèmes domestiques pour faire valoir ses droits de chevalier.
    Ayant obtenu congé, il s’était rendu à Pau, la capitale du royaume de Navarre, pour faire enregistrer ses lettres de noblesse
     et les actes concernant sa seigneurie à la Chambre des comptes, puis en décembre, accompagné du valet d’armes à son service,
     il avait fait un long voyage jusqu’à son fief, une terre aride près de Saint-Jean-Pied-de-Port, à la limite du royaume de
     Navarre, sur laroute de Compostelle. Le village le plus proche était Mont Jaloux que les habitants nommaient Monjolose. Sa terre, sur laquelle
     se dressaient les ruines d’un donjon fortifié, n’était pas très grande et ses seuls habitants étaient des bergers. La redevance
     seigneuriale était d’un mouton par an. Il y était resté deux jours avant de rentrer à Nérac. Là, il avait rejoint Navarre
     dans sa guerre d’escarmouche jusqu’à ce que le froid fasse cesser les hostilités.

    Le soir de la battue, Olivier dîna avec son valet d’armes dans la salle commune de l’auberge où il logeait. Son valet était
     un Gascon d’une quarantaine d’années qui ne l’avait pas quitté depuis Coutras. Petit, mais d’une vigueur et d’une endurance
     étonnantes, la barbe jusqu’aux yeux, velu comme un ours des Pyrénées dont il avait la démarche hésitante et le dos voûté,
     la mine sombre et un regard féroce, il se nommait Gracien Madaillan et ne connaissait que quelques

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