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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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réfléchi à cette ultime difficulté, Mayenne proposa tout simplement de faire un faux. Il avait la garde du comte
     de Brienne, détenu au Louvre depuis sa capture près d’Amboise. Plusieurs fois Brienne avait essayé de communiquer avec son
     beau-frère le duc d’Épernon et ses lettres avaient été saisies. Le secrétaire de Mayenne étant capable d’imiter toutes les
     écritures, il écrirait sans peine un passeport comme si c’était Brienne qui l’avait fait.
    Cette difficulté levée, la duchesse interrogea le prieur des jacobins et le curé Boucher sur l’état d’esprit de Jacques Clément qu’elle n’avait plus vu depuis des mois. Pouvait-on toujours lui faire confiance? Était-il toujours prêt à tuer le roi, au risque d’une mort horrible?
    — Jacques Clément est un esprit faible et sujet aux hallucinations, madame, expliqua Bourgoing. Il a en outre une imagination déréglée, surtout après les périodes dejeûne que je lui impose. Il y a quelques jours, il m’a encore demandé comment il pourrait connaître la volonté de Dieu. Je
     lui ai conseillé de prier, et dans la nuit, par un trou dans un mur de sa chambre et une sarbacane, j’ai parlé dans son oreille
     et lui ai promis que s’il tuait le tyran, il serait canonisé.
    Malgré la situation tragique qu’ils vivaient, chacun se retint de rire tandis que Boucher intervenait à son tour.
    — Je lui ai aussi rappelé que saint Thomas d’Aquin avait écrit qu’il est permis de tuer un tyran… Il m’a écouté. Si nous l’envoyons à la cour, je suis convaincu que son bras ne faiblira pas.
    — Le temps nous presse, dit la duchesse qui songeait surtout à son sort. Quand pourrions-nous avoir ce passeport de Mme de Brienne?
    — Demain, promit son frère.
    Le lendemain, ils se retrouvèrent à l’hôtel de Guise. Mayenne leur fit passer la fausse lettre 2  :
    Le comte de Brienne et de Ligny, Gouverneur & lieutenant général pour le roi à Metz et pays Messin.
    À tous gouverneurs, leurs lieutenants, capitaines chefs et conducteurs des gens de guerre, tant de cheval que de pied … Nous
     vous prions et requérons vouloir sûrement et librement laisser passer et repasser, aller venir et séjourner frère Jacques
     Clément, jacobin, natif de la ville de Sens en Bourgogne s’en allant en la ville d’Orléans …
    — Par précaution, précisa-t-il, je ferai arrêter demain une centaine de bourgeois partisans du roi. Ils serviront d’otages dans le cas où les choses se passeraient mal pour nous.
    — Quand Clément pourrait-il partir?
    — Lundi, décida Bourgoing.

    Meudon, Issy, Vaugirard, Vanves et les villages attenants tombèrent à la fin juillet et les escarmouches se déplacèrent jusqu’aux
     tranchées creusées dans les faubourgs. Le lundi 31 juillet au matin, Henri III s’empara du pont de Saint-Cloud.
    Catherine de Médicis avait offert à Jérôme de Gondi une maison dans le village de Saint-Cloud. Le financier l’avait agrandie
     autour d’une terrasse avec deux façades en angle et avait planté un parc et des jardins autour. Henri III aimait cet endroit
     magnifique surplombant Paris aussi avait-il choisi d’y établir son quartier général tandis que Navarre, qui s’était approché
     de l’église de Saint-Germain-des-Prés, s’installait à Meudon.
    Après avoir passé le pont de Saint-Cloud avec son avant-garde, Henri III avait fait monter son cheval sur une petite éminence
     et, de là, voyant à ses pieds la ville qui, une année auparavant, l’avait ignominieusement chassé, il s’était écrié dans un
     délire de joie :
    — Paris, chef du royaume, mais chef trop capricieux, tu as besoin d’une saignée pour te guérir… Encore quelques jours et on ne verra ni tes maisons ni tes murailles, mais seulement le lieu où tu auras été.
    Pour le prince, l’heure de la revanche était arrivée.

    Le lundi 31 juillet, Clément avait passé la matinée en jeûne et en prière avant d’aller se confesser. Il n’aurait pas le temps
     de dire la messe, mais Dieu lui pardonnerait avec ce qu’il allait faire pour lui, se dit-il. Il termina une courte lettre
     qu’il laissa sur sa table, prit le grand couteau acheté la veille et l’attacha sous sa robe.
    On frappa à la porte de sa cellule. C’était son supérieur, le prieur Bourgoing, avec le père Boucher et Jean Bussy Le Clerc.
    — Nous venons vous accompagner à la porte, dit le prieur.
    — J’attendais votre

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