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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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bénédiction, mon père.
    Il s’agenouilla et les deux prêtres le bénirent.
    — Cette nuit, j’ai entendu un ange me parler, expliqua Clément en se relevant avec un sourire béat. Il m’a montré un glaive et m’a dit : « Je viens t’annoncer que par toi le tyran doit être mis à mort. » Il m’assurait que je monterai au ciel avec les bienheureux ce soir, que je rencontrerai Notre Père et que je resterai près de lui.
    Les deux prêtres hochèrent la tête, lui confirmant qu’il était élu de Dieu. Un peu plus tard, le jeune dominicain, dans son
     habit blanc avec scapulaire sur les épaules et bâton de pèlerin à la main, passait le pont-levis de la porte Saint-Jacques.
     Le Clerc était resté avec lui jusqu’au dernier moment et avait lui-même donné ordre à la garde de le laisser passer.
    Le dominicain prit la direction de Vaugirard.
    Au bout d’une heure de marche, il emprunta un chemin qu’on lui avait indiqué vers la Seine. Un passeur le fit traverser en
     barque et, de l’autre côté, il tomba sur une patrouille de gardes françaises venant du camp royal. On l’arrêta et il aurait
     été pendu s’il n’avait montré la lettre de M. de Brienne l’autorisant à aller à Orléans. Rasséréné, l’officier des gardes
     l’écouta quand il expliqua avoir une lettre que M. de Harlay, premier président du parlement, lui avait confiée à la Bastille
     et qu’il devait remettre au roi.
    On le conduisit jusqu’à Saint-Cloud où il arriva après sept heures du soir. Là, les gardes l’ayant laissé libre, il s’approcha
     du château et entra même dans les jardins où, rencontrant un gentilhomme – c’était Charles d’Angoulême, le fils naturel de
     Charles IX – il lui demanda de le conduire près du roi pour lui remettre une lettre. Angoulême lui trouva un « visage de démon »
     et refusa. Comme Clément se mettait en colère et le menaçait, le fils de Charles IX le fit arrêter et conduire par deux soldats
     au procureur général au parlement, Jacques de La Guesle qui habitait près du pont de Saint-Cloud.
    La Guesle était un homme considérable, quasiment aussi important que le premier président M. de Harlay. Nommépar le roi, il avait la haute main sur toutes les affaires judiciaires.
    Clément lui expliqua avoir rencontré M. de Harlay à la Bastille à plusieurs reprises, car il en était un des chapelains. Le
     premier président lui avait confié une lettre en le suppliant de la remettre au roi, ainsi que des informations secrètes :
     des amis de M. de Harlay avaient les moyens de s’emparer d’une des portes de la ville et de l’ouvrir à l’armée royale. Il
     venait l’annoncer au roi et mettre sa vie entre les mains de Sa Majesté comme gage de sa fidélité.
    C’était une information considérable qui pouvait permettre d’éviter un long siège et des centaines de morts. Agité, le procureur
     demanda à voir la lettre. Il était un ami de M. de Harlay et connaissait son écriture. Surtout, il savait que le Premier président,
     homme extrêmement méfiant, utilisait des signes dans ses courriers importants pour assurer à ses correspondants qu’ils venaient
     bien de lui.
    Sans réticence, Clément lui donna le pli.
    Sire, ce présent porteur vous fera entendre l’état de vos serviteurs et la façon de laquelle ils sont traités, qui ne leur
     ôtent néanmoins la volonté et le moyen de vous faire très humble service, et sont en plus grand nombre peut-être que Votre
     Majesté n’estime. Il se présente une belle occasion, sur laquelle il vous plaira de faire entendre votre volonté, suppliant
     Votre Majesté de croire ce présent porteur en tout ce qu’il désire.
    Au bas de ce billet était une croix dans un cercle. C’était l’un des signes de reconnaissance qu’utilisait Harlay. La lettre était bien de lui!
    Le magistrat était dans un état d’excitation extrême. Catholique fervent, durant les journées des barricades – comme beaucoup
     de bourgeois de Paris – il s’était rangé du côté des Parisiens insurgés. Ce n’est qu’après la fuite du roi qu’il avait compris
     n’avoir été qu’un instrument des Guise. Il avait alors décidé de rejoindre la cour mais avait été capturé à une porte de Paris et emprisonné à la Bastille. Il en avait été libéré depuis peu par le duc de Mayenne. C’est dire
     si beaucoup à la cour le jugeaient peu loyal. Donner au roi une telle information ferait

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