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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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oublier ses erreurs.
    Malgré tout encore méfiant, il interrogea plus longuement Clément sur ce qu’il avait à confier à Sa Majesté, mais le jacobin
     lui répondit que M. de Harlay lui avait fait jurer de ne parler qu’au roi, tant ce qu’il allait dire devait rester secret.
     La Guesle lui demanda alors à nouveau comment il avait rencontré le premier président, et Clément répéta que c’était lors
     d’une visite faite auprès de M. Portail, le fils du chirurgien du roi, emprisonné avec d’autres conseillers au parlement.
     Le premier président étant en confiance avec lui, il lui avait fait des confidences, écrit la lettre pour le roi ainsi qu’un
     billet pour M. de Brienne, emprisonné au Louvre. Grâce à ce billet parvenu, avec des complicités, dans les mains du beau-frère
     du duc d’Épernon, celui-ci lui avait fait passer un sauf-conduit pour qu’il puisse gagner la cour.
    Jacques Clément exhiba alors le passeport de Brienne.
    Cette fois convaincu, le procureur lui offrit à dîner aux cuisines et, le laissant tout de même sous bonne garde, il se rendit
     à la maison de Gondi pour tout raconter au roi.
    Durant le souper en compagnie des gens du magistrat, Clément utilisa son grand couteau. Un des convives lui fit observer qu’il
     avait oublié son bréviaire et le jacobin répondit tranquillement en montrant sa lame : « Voilà mon couteau et voici mon bréviaire. »
    Cet étrange discours fut rapporté au procureur à son retour ce qui ne manqua pas de l’inquiéter. Il le fit pourtant coucher
     dans sa propre maison et ne songea pas à lui retirer le couteau.

    Après la visite de La Guesle, le roi resta un long moment à méditer devant une fenêtre de sa chambre d’où il voyait la Seine
     et quelques lumières de Paris. Il était satisfait desavoir qu’il allait éviter un long siège. Il avait ordonné à Du Halde qu’il le réveille à sept heures du matin et fasse entrer
     le religieux que M. La Guesle conduirait.
    Enfin, il se retourna et dit à Bellegarde qui dormait dans sa chambre, en tant que premier gentilhomme :
    — Ce sera grand dommage de ruiner une si belle ville. Toutefois il faut que j’aie raison des mutins et rebelles qui sont là dedans et qui m’ont chassé ignominieusement soutenus par les guisards. Je suis résolu de me venger et entrer en leur ville plus tôt qu’ils ne pensent.

    Ce même lundi 1 er août, Olivier et Nicolas rentraient épuisés par une journée de terrassement sur le chantier des tranchées où ils devaient
     se rendre deux fois par semaine sous les ordres du cinquantenier du quartier.
    La chaleur avait été infernale et ils se reposaient quand le recteur de l’école de chirurgie se présenta. Il était déjà venu
     une fois pour leur dire qu’un ami se souvenait avoir vu Clément célébrer la messe aux Mathurins en janvier. Ils s’y étaient
     rendus mais personne ne se rappelait de lui.
    — Je l’ai trouvé! leur cria-t-il.
    — Où est-il?
    — En ce moment, je l’ignore, mais en parlant avec un de mes patients, il m’a dit que Clément était jacobin. Vous devriez le trouver dans le couvent à cette heure.
    Sans perdre une seconde, glissant pistolet et dague sous leur livrée et accompagnés de Cubsac solidement armé, ils se précipitèrent
     au couvent. Il y avait deux façons d’y entrer. Par la rue Saint-Jacques en passant par une porte à guichet tenue par un frère
     tourier, ou par la rue Saint-Hyacinthe en venant de la rue des Cordiers. Poulain connaissait cette seconde entrée que les
     frères utilisaient pour se rendre rapidement à la Sorbonne, mais pour l’emprunter, il aurait fallu en avoir la clef ou forcer
     la porte. Quant à convaincre le frère tourier de la rue Saint-Jacques de les laisser passer, c’était impensable.
    En chemin, Olivier expliqua qu’il connaissait un troisième passage. Une petite porte au fond du chœur de l’église du couvent dont l’entrée était rue Saint-Jacques. Quand il était élève au collège de Lisieux, combien de fois avait-il joué avec ses camarades à passer par là pour faire des farces aux jacobins!
    Guidant ses compagnons, ils traversèrent l’église jusqu’à la porte, mais elle était fermée. Venetianelli l’aurait sans doute
     ouverte sans difficulté, mais eux ne savaient pas, aussi Cubsac utilisa-t-il la manière forte. Il mit la lame de sa miséricorde
     dans le dormant et força la serrure, heureusement sans faire plus de

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