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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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papistes êtes bien mal placés pour donner des conseils sur l’amour, déclara un peu agressivement Agrippa d’Aubigné qui n’aimait guère les ministres catholiques. Si je me souviens bien, votre pontife Léon X a créé une taxe pour les péchés de chair avoués en confession.
    — Cette proposition a été rejetée par le concile de Trente, protesta le prêtre.
    — Quels sont donc ces péchés, et combien cela coûte-t-il pour obtenir l’absolution? demanda la cruelle Lucrèce avec un brin de perfidie.
    — Je ne les ai pas tous en tête, madame, et je ne voudrais effaroucher de pucelles oreilles, répondit Agrippa d’Aubigné en se retenant de rire.
    — Vous ne m’offenserez pas! répliqua Cassandre en pouffant.
    — Eh bien soit! répliqua le soldat qui brûlait d’envie de parler. Par exemple, l’acte de paillardise commis avec une religieuse dans un cloître coûte trente-six livres tournois.
    — C’est cher! remarqua Isaac de La Rochefoucauld en roulant de grands yeux qui firent s’esclaffer toute la tablée.
    — Mais le simple péché de chair ne se paye que six livres tournois et l’adultère quatre. En revanche, le crime bestial ou contre-nature coûte quatre-vingt-dix livres 7 !
    — C’est très cher! s’exclama encore plus fort Isaac de La Rochefoucauld avec une mimique qui fit cette fois éclater tout le monde de rire, sauf Charlotte Arbaleste qui déclara fraîchement :
    — M. d’Aubigné est certainement un vaillant soldat, mais n’écoutez pas ses propos, Cassandre. Tout ce que vous devez faire ce soir, une fois fermée la porte de votre chambre, c’est vous agenouiller et prier Dieu pour sa bienveillance de vous avoir accordé la grâce de vivre avec Olivier et le supplier de vous donner de nombreux garçons.
    — C’est tout? s’enquit Cassandre en arborant un sourire angélique.
    — Et de devenir aussi une bonne ménagère! pouffa Claude d’Estissac. Pour ma part, le matin de mes noces, j’ai trouvé une cruche derrière la porte de ma chambre. On m’a expliqué que la tradition était que j’aille la remplir pour prouver à tous que je serais une bonne maîtresse de maison.
    — Moi, je me souviens surtout que le soir de mes noces chacun était aux écoutes derrière la porte de notre chambrepour être témoin que le mariage avait été consommé, fit la chaste saintongeoise, qui avait aussi un peu trop bu.
    — À minuit on vous portera certainement une soupe de vin chaud avec beaucoup de poivre pour vous apprendre l’aigreur de la vie que vous allez connaître, intervint Agrippa d’Aubigné en s’adressant à Cassandre.
    — J’ignorais que le poivre était aigre, déclara Olivier en souriant. Devrons-nous avaler ce breuvage tous les deux?
    — Le poivre est surtout un aphrodisiaque, mon ami! laissa tomber Rosny.
    — Alors mon mari n’en aura pas besoin, fit Cassandre avec malice. Mais jusqu’à présent, les conseils ne s’adressent qu’aux épousées. Quels sont ceux que devra suivre monsieur mon mari?
    — Surtout, méfiez-vous des médecins, Olivier! s’exclama Isaac de La Rochefoucauld. Rappelez-vous ce que disait M. de Ronsard.
    Il se leva et, levant son verre en chancelant, il déclama d’une voix pâteuse :
    — Ha! Que je porte et de haine et d’envie
    Au médecin qui vient soir et matin
    Sans nul propos tâtonner le tétin ,
    Le sein, le ventre et les flancs de ma mie!
    En même temps, il vida son verre dont le vin coula sur sa barbe et rougit sa fraise.
    — Votre ami Ronsard ne disait pas seulement cela, si je me souviens bien, intervint à son tour François La Rochefoucauld en s’adressant à Hélène de Surgères.
    À son tour il se dressa et déclama, cette fois en regardant Cassandre :
    — Vous avez les tétins comme deux monts de lait ,
    Qui pommellent ainsi qu’au printemps nouvelet
    Pommellent deux boutons que leur châsse environne.
    De Junon sont vos bras, des Grâces votre sein ,
    Vous avez de l’Aurore et le front, et la main ,
    Mais vous avez le cœur d’une fière lionne.
    — Je crois que vous avez tous trop bu, intervint sèchement Mme de Mornay. Mesdames, allons plutôt de l’autre côté entendre un peu mieux cette douce musique.
    À l’autre bout de la salle, quatre musiciens jouaient doucement de la viole et du luth. Les femmes se levèrent et M. de Rosny
     en profita pour dire quelques mots à l’oreille de son voisin.
    — Les hommes vont maintenant parler bataille et pillage, et je

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