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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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devant eux.
    Évidemment, rester une journée entière à la même table en observant les passages ne pouvait qu’attirer l’attention des servantes
     du Renard Rouge. Cassandre et Olivier avaient donc des explications toutes prêtes : ils étaient des jeunes mariés qui vivaient
     dans le faubourg Saint-Germain. Lui était commis d’un magistrat de la Cour des aides, en congé pendant une quinzaine, et ils
     attendaient l’oncle de son épouse qui arrivait de Picardie. Le pauvre homme avait perdu sa femme et venait vivre avec eux,
     mais il ne connaissait pas Paris et il fallait donc qu’ils soient là quand il entrerait en ville.
    C’était une histoire si banale qu’on ne s’intéressa plus à eux. Et quoi de plus innocent que deux amoureux?
    Ensemble, Cassandre et Olivier ne sentirent pas le temps passer tant ils avaient à se dire. Dans l’après-midi, ils sortirent
     de l’auberge pour se promener. Le beau temps revenait et le soleil commençait à chauffer agréablement. Ils firent même quelques
     pas de l’autre côté de la porte fortifiée, après en avoir franchi le pont-levis.
    Ils revinrent le lendemain, et les jours suivants, mais sans apercevoir de chariot ni de gardes aux armes des hospitaliers.
    Pour Caudebec, le temps passa plus lentement et chaque soir son humeur était massacrante. Celle des comédiens était tout aussi
     morose. Un commissaire du Châtelet leur avait fait savoir qu’à la requête du curé de Saint-Eustache, il leur était désormais
     interdit de jouer du vendredi au dimanche.
    Les jours s’écoulant sans que rien ne se passe, Olivier commença à douter. Après tout le commandeur pouvait avoir décidé de
     faire entrer la poudre et l’or par une autre porte. Il pouvait aussi être passé devant eux avec un chariot sans signe distinctif
     et sans escorte. Ayant en tête l’avertissement de Nicolas Poulain sur l’insurrection prochaine, Olivier décida de se donner
     encore quelques jours avant de quitter Paris.
    Car au long de cette première semaine, ils avaient senti l’état d’esprit des Parisiens se transformer. À la fontaine, Cassandre
     entendait de plus en plus souvent les inquiétudes des femmes chargées des corvées d’eau. Si certaines se réjouissaient de
     l’arrivée prochaine du duc de Guise, beaucoup craignaient les régiments du duc d’Aumale qui avaient ravagé la Picardie, pillant
     et violant sans distinguer catholiques et protestants.
    À la porte Saint-Denis, Olivier avait remarqué que la milice bourgeoise était désormais complétée par une garde de gentilshommes du roi. Les deux troupes se côtoyaient en évitant de se parler. Comment se comporteraient-elles si Aumale arrivait avec ses cavaliers? Fermerait-on les herses et lèverait-on le pont-levis?
    Le dimanche matin, ils découvrirent partout des maisons pavoisées aux armes de Lorraine avec des guirlandes de fleurs et ils
     devinèrent que ce jour-là n’allait pas être comme les autres.

    Poulain n’eut pas de nouvelles des conjurés jusqu’au premier jeudi de mai où il fut convoqué aux jésuites de Saint-Paul. Le
     roi étant absent, Paris était calme même si des rumeurs alarmantes continuaient de circuler.
    Lorsqu’il arriva, il fut frappé par le nombre important de chevaux dans la cour et la présence d’un grand coche entouré de
     valets. L’assistance était particulièrement importante dans la grande salle pour une fois bien éclairée par des bougies de
     cire dans les lanternes. Sur une estrade se tenaient M. de La Chapelle, Le Clerc, le curé Boucher et quelques autres membres
     du conseil. Au milieu d’eux, il y avait surtout Mme de Montpensier en robe de drap de soie verte bordée de petits filets d’argent
     avec une grande cape blanche brodée de croix de Lorraine d’or.
    Qu’allait-on annoncer?
    Comme on attendait les derniers retardataires, Poulain, qui s’était mis dans l’ombre, remarqua le capitaine Cabasset, puis
     Jehan Salvancy, le receveur de tailles qui avait rapiné le trésor royal pendant tant d’années. Salvancy ne se cachait pas
     et parlait fort avec des amis bien qu’il soit toujours recherché. Cela ne pouvait signifier qu’une chose, s’inquiéta Nicolas :
     on l’avait assuré de l’impunité.
    La Chapelle commença par dire que le roi avait envoyé M. de Bellièvre à Soissons pour demander au duc de Guise de ne pas venir
     à Paris. Ces paroles provoquèrent des murmures de crainte dans l’assistance même

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