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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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désigna un homme pour l’accompagner.
    Au couvent, Poulain fut conduit devant le colonel d’Ornano. Méfiant de nature et bien que l’ayant reconnu, le Corse appela
     Cubsac qui l’assura de la loyauté du visiteur.Ils le conduisirent donc dans la cellule du roi, une pièce agréablement meublée et chauffée, car si Henri III voulait jouer
     au moine, il ne souhaitait pas souffrir comme eux.
    Sans préambule, Poulain raconta la réunion à laquelle il avait assisté et le guet-apens préparé par la duchesse de Montpensier.
     Le roi en resta un moment désemparé. Qu’on envisage de s’attaquer ainsi à lui alors qu’il venait de passer plusieurs jours
     à prier l’emplissait d’une douloureuse amertume. Avec désespoir, il se rendait compte chaque jour un peu plus combien on le
     haïssait.
    Tandis qu’il restait dans un long mutisme, le colonel d’Ornano ne put retenir sa rage.
    — Corpo di Christo! Laissez-moi faire, sire, je vais saisir ces félons et ce soir ils seront découpés en quartiers et cloués sur les portes de la ville, fulmina-t-il.
    Henri III respira profondément.
    — Non! Vous irez seulement quérir une centaine de gardes supplémentaires qui me raccompagneront.
    Il remercia Poulain et lui donna congé. Une fois de plus, le roi refusait de faire couler le sang.

    Les espions de Cabasset, voyant arriver un régiment au complet pour servir d’escorte, prévinrent les spadassins dans la maison
     de Bel-Esbat et l’entreprise fut annulée, mais Nicolas Poulain avait été remarqué à Vincennes.
    Le dimanche, au retour de la messe, il reçut la visite de Philippe Lacroix, le capitaine des gardes de Villequier, qui lui
     demanda de l’accompagner chez la reine mère où l’attendait aussi son maître. Poulain refusa, arguant qu’il ne pouvait laisser
     sa famille un dimanche. Lacroix ne cacha pas sa colère, mais comprenant qu’il ne pouvait le conduire de force, même avec le
     garde qui l’accompagnait, il se retira.
    Après son départ, Nicolas resta un long moment dominé par l’inquiétude. Villequier avait-il été informé de son voyage à Vincennes? Il avait l’impression qu’un piègeeffroyable se refermait sur lui sans qu’il ait la possibilité d’y échapper. Si Villequier le dénonçait à Guise, il était perdu.

    À la porte Saint-Denis, la matinée du lundi s’écoulait dans la tranquillité. On approchait de midi. Depuis la veille, la chaleur
     était revenue. Cassandre et son mari se promenaient quand soudain, un cavalier arriva au galop en criant à pleins poumons :
    — Monseigneur le duc de Guise arrive!
    Comme tout le monde, Olivier et Cassandre accoururent pour l’entendre. Les explications du cavalier paraissaient confuses.
     Selon lui, huit ou neuf personnes à cheval, visages cachés sous leur chapeau, avaient passé la porte Saint-Martin et se dirigeaient
     vers la porte Saint-Denis. L’un d’eux, par jeu, avait fait tomber le chapeau de celui qui était en tête.
    — C’était Mgr de Guise! C’est moi qui l’ai reconnu! répétait l’homme avec fierté, comme si c’était lui qui l’avait escorté jusqu’à Paris.
    Il avait déjà dû clamer sa nouvelle, car une marée humaine remontait la rue. Soudain, des cris et des vivats fusèrent. Olivier
     monta sur un pas de mule et distingua une dizaine de cavaliers en manteau de drap noir et pourpoint de damas blanc avec de
     grands chapeaux pointus emplumés.
    Autour de lui, des badauds répétaient en se congratulant :
    — Monseigneur de Guise entre dans Paris!
    — Courons au-devant du duc!
    — Il a détruit l’armée allemande, il vient enfin détruire ici les protecteurs de l’hérésie!
    — Bénissons-le, il vient nous sauver du massacre!
    — C’est enfin à la cour d’Hérode de trembler!
    Tous les véhicules s’étaient arrêtés. Les toits des maisons se couvraient de curieux. Entourés d’hommes repoussant la foule,
     les cavaliers approchaient avec à leur tête un géantblond aux cheveux courts, à la barbe taillée en pointe, aux moustaches aux extrémités élégamment relevées. Malgré ses yeux
     bleus étincelants et sa fine balafre, son visage énergique restait doux et aimable. Dans son pourpoint de soie blanche avec
     épée dorée à la taille, il faisait l’effet d’un demi-dieu. Olivier n’avait jamais vu le duc mais il ne douta pas que ce fût
     lui. Souriant à la foule qui l’acclamait, Guise venait défier le roi de France accompagné

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