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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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qu’entre le commandement de
Nemours et son exécution, il y eut de grands remuements.
    — Immenses
et feutrés. Mais point si feutrés, quand même, qu’ils ne transpirassent. C’est
ainsi qu’on sut que Tyrius, le recteur des jésuites, avait été trouver le légat
Cajetan, pour le supplier qu’il lui plût d’exempter la maison de son Ordre de
la visite. À quoi, le prévôt des marchands qui se trouvait là répliqua d’une voix
tonnante : « Monsieur le Recteur, votre prière n’est ni civile ni
chrétienne ! N’aurait-il pas fallu que tous ceux qui avaient du blé
l’exposassent en vente pour subvenir à la nécessité publique ? Pourquoi
seriez-vous exempt de cette visite ? Au nom de quoi ? Votre vie
a-t-elle plus grand prix que la nôtre ? »
    — C’est
La Chapelle-Marteau qui a dit cela ?
    — Ipse [23] . Le
connaissez-vous ?
    — N’est-ce
pas un grand escogriffe, jaune comme coing, le nez tordu, et le regard lui
aussi jaunâtre ?
    — Son
portrait tout craché.
    — C’est
donc bien lui, dis-je, qui nous a rançonnés au nom de la Ligue, de trois écus,
Alizon et moi, le jour des barricades, pour franchir lesdites et rentrer au
logis.
    — Le
chiche Sire vous a bien martelé pour sa chapelle ! dit L’Étoile en riant. Lisette,
poursuivit-il en se tournant vers sa chambrière qui venait d’apparaître,
portant sur un plateau un flacon de vin et deux gobelets, pose ceci sur le
coffre, à côté de la cheminée.
    — Monsieur,
verserai-je ? dit Lisette.
    — Oui-da !
    Quoi voyant,
et craignant que mes regards ne trahissent l’appétit que j’avais à la mignote,
je m’allai planter devant la verrière, tournant le dos, mais toutefois gardant
l’œil sur la scène par un petit miroir à ma dextre. Et c’est ainsi que je vis,
tandis que l’accorte garce se baissait pour verser le vin, L’Étoile en tapinois
lui mignonner les arrières. Geste qui prouvait, d’un côtel, que L’Étoile
n’était point tant rigide moraliste qu’il l’eût voulu, et d’un autre côtel, que
rigide, il l’était bien encore en quelque mode et manière, maugré son âge.
    — Eh
bien, dis-je, quand Lisette eut fermé l’huis sur nous et que L’Étoile m’eut mis
le gobelet en main, que fut le résultat de ces recherches en les maisons de nos
ecclésiastiques ?
    — Édifiant.
En toutes, on trouva des vivres au-delà de ce qu’il était nécessaire pour la
demi-année. Chez les jésuites, en particulier, on trouva de grandes provisions
de blé, de chair salée, de légumes et de biscuits. En bref, de quoi les nourrir
tous plus d’un an, sans rogner sur les parts.
    — J’imagine
que Nemours commanda la saisie d’une partie de ces vivres et leur distribution
aux pauvres.
    — Nemours
l’eût voulu en sa colombine innocence. Mais la reine-mère l’en détourna,
craignant pour lui, qui aspire en secret au trône, la haine des dévots.
    — D’où
vient, dis-je, que M me de Nemours soutienne l’ambition de son cadet,
et non celle de son aîné Mayenne, lequel est fort bon capitaine et, qui plus
est, un Guise ?
    — Pour ce
qu’elle n’est Guise elle-même que par alliance. En outre, Mayenne est
bedondainant ; il gloutit comme quatre ; il boit comme un soulier
percé ; il s’apparesse au lit ; il est goutteux. Et Nemours est si
charmant avec son œil bleu et l’aurore sur ses joues…
    — Mon
cher L’Étoile, dis-je en riant, comme je vous sais gré de m’expliquer les mystères
de la Sainte Ligue !
    — Il n’y
a pas de mystère, dit L’Étoile. Le peuple et le clergé croient défendre la
maintenance de la religion catholique. Mais quand on en arrive aux princes, la
religion n’est que prétexte. Seul le couvre-chef fait question.
    — Le
couvre-chef ?
    — La
couronne. La mitre. Le chapeau. La couronne pour Mayenne, Nemours ou
Philippe II. La mitre pour Cajetan. Le chapeau de cardinal pour Pierre d’Épinac.
Comme bien vous savez, poursuivit-il en souriant, toute la vanité de l’homme se
porte sur ses cheveux.
    — Nenni,
nenni, mon cher L’Étoile ! dis-je en riant à mon tour, elle se porte aussi
sur les colliers, qu’ils soient de Saint-Michel ou du Saint-Esprit. Pour les
Anglais, elle se porte sur la jarretière. Et pour tout le monde sur l’outil que
l’on brandit en sa dextre : Le sceptre pour le roi, le bâton pour le
maréchal et la crosse pour l’évêque.
    — Et
touchant notre vanité à nous, qu’allons-nous dire ? dit

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