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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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L’Étoile, à qui je
trouvai, depuis le département de sa famille, l’œil fort jeune au milieu de ses
rides.
    — La
mienne, dis-je promptement, est de m’abaisser à jouer les marchands, afin de
mieux servir mon roi. Aussi me paonné-je prou, en mon for, de mon humilité.
    — La
mienne, dit L’Étoile, est d’être l’oreille et l’œil de cette grande Paris, y
étant à toute heure l’homme le mieux informé de tout.
    — Buvons
donc à nos vanités, dis-je, lui tendant mon gobelet contre lequel il toqua le
sien en disant :
    — Qu’elles
durent autant que nous, puisqu’elles nous rendent félices !
    Langage bien
neuf chez mon cher L’Étoile, et dont je me permis de m’apenser qu’il n’était
plus tout à plein celui d’un moraliste.
    — Adonc,
repris-je, voici Nemours retirant vivement la patte des vivres ecclésiastiques
de peur de s’y brûler. Que fit-il donc de ce marron trop chaud ?
    — Il le
repassa aux Seize , lesquels décidèrent que les couvents bailleraient à
manger une fois le jour aux pauvres de leur quartier.
    — Voilà
qui paraît honnête.
    — Et
quasiment trop pour être vrai, dit L’Étoile qui, étant homme de robe, n’aimait
guère la soutane, et moins encore, depuis qu’elle avait tourné ligueuse et à
son roi rebelle.
    Huit jours
après cet entretien, j’appris par Miroul, qui avait lié langue avec un sergent
de Nemours, que la ville de Saint-Denis s’était rendue au roi, ce qui me parut
avancer grandement les affaires de Sa Majesté, Saint-Denis étant comme la
citadelle de la capitale. Ce sergent qui s’encontrait dedans la ville, avait
été capturé par les royaux, et relâché par le roi, ayant femme et enfants à
Paris. Et il avait ouï, durant qu’il était captif, que lors de sa visite à
l’église Saint-Denis, Navarre, se faisant montrer les sépultures de nos rois,
et s’arrêtant devant celle de Catherine de Médicis, avait dit avec un petit
sourire : Ho, qu’elle est bien là ! Remarque qui m’ébaudit
fort, me ramentevant comment la Florentine avait persécuté le malheureux
prince, Nostradamus ayant prédit en sa présence qu’il aurait tout
l’héritage, lequel, toutefois, Catherine morte, on lui disputait encore.
    Le dimanche
suivant, j’allai ouïr la messe à Notre-Dame de Paris, pour ce qu’on m’avait dit
que le curé Boucher, archiligueux s’il en fut, y ferait un sermon de grande
conséquence. Lequel j’endurai une heure durant avec une patience d’ange, n’y
trouvant rien que son ordinaire et sanguinaire violence, sinon, à la fin de son
enfiévrée harangue, un vœu solennel que Boucher présuma de faire au nom de la
ville de Paris, promettant à Notre-Dame de Lorette, sitôt que le siège serait
levé, une lampe et un navire d’argent pesant trois cents marcs, en reconnaissance
de la délivrance que son intercession auprès de son divin fils aurait apportée
à la ville. Vœu qui scandalisa prou ma conscience huguenote, étant en mon
opinion doublement païen : En premier lieu, parce qu’il suggérait que
Notre-Dame de Lorette se pouvait paonner de plus d’influence que Notre-Dame de
Paris sur les décisions du ciel. En second lieu, parce qu’il supposait qu’on
pouvait intéresser Marie à la défense de la capitale par des cadeaux.
Cependant, ce vœu, annoncé à grands sons de trompe, eut un grand succès auprès
du populaire, lequel accourut de tous les quartiers de la ville en Notre-Dame
et emplit si bien l’église que d’aucuns n’y purent pénétrer, l’affluence étant,
dans le fait, telle et si grande qu’une femme grosse y fut étouffée par la
presse avec son fruit. Quant au cadeau promis, le siège levé, personne n’y
songea plus, et la pauvre Dame de Lorette resta sur sa faim. Ainsi en va-t-il
des hommes. Ils mentent, même à leurs petits Dieux et Déesses.
    Avec Aubry,
avec le petit Feuillant et l’Écossais Hamilton (qui avait joué les sergents
lors de la cléricale procession que j’ai plus haut décrite), Boucher, le
bien-nommé, était, des prêchaillons de la Ligue, un des plus violents,
rajoutant même aux billets que la Montpensier lui faisait tenir. Et il faut
dire que les curés – j’entends les curés de la Ligue, d’aucuns, même en
Paris ne l’étant pas, et prêchant tout bonnement l’Évangile –, avaient
fort à faire à maintenir le bon peuple dans le parti de la guerre, ce qu’ils
faisaient par des processions, des prières de huit jours, et des

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