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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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m’occire.
    — Monsieur,
dit Franz en se redressant avec roideur et suspicion, si vous complotez contre
ma bonne maîtresse, je ne saurai en rien vous aider, maugré vos œufs.
    — Mais
bien le rebours, Franz, dis-je, prenant le parti de la franchise comme étant
pour une fois le meilleur en cette intrigue, je suis céans pour envitailler ta
maîtresse d’ordre du roi.
    — Monsieur,
peux-je vous croire ? dit Franz, béant.
    — Franz,
te mentirai-je ?
    — Assurément
non, Monsieur, dit-il en confusion, mais d’un autre côtel, ne sais-je pas bien
que ma maîtresse hait de mort ledit Navarre.
    — Ha !
Franz ! dis-je, ne sais-tu pas bien aussi que nos princes à’steure se
caressent et à’steure se tuent, sans que personne n’y entende miette ?
    — Cela
est bien vrai, dit Franz en hochant la tête d’un air de sagacité.
    — Et où
est le mal d’envitailler ta maîtresse ?
    — Monsieur,
dit-il, dois-je tout de gob courre le lui dire ?
    — Non
point ! non point ! l’encontre n’est point sans péril pour moi, M me de Montpensier ou La Vasselière ayant attenté deux fois de me faire dépêcher,
comme bien tu sais.
    — Hélas !
Monsieur ! dit Franz (lequel, la deuxième fois, sa bonne maîtresse avait
chargé de ce soin qui, grâce à lui, faillit).
    — Je veux
donc être assuré, dis-je avant de me découvrir à elle, qu’elle soit tout à
plein au bout de son pain. Franz, me veux-tu encontrer chaque jour à midi sous
la grande horloge du palais pour me dire ce qu’il en est ?
    — Monsieur,
dit Franz après avoir balancé un petit, si vous me jurez par le Dieu
tout-puissant, et la Benoîte Vierge, et les saints, que vous n’en voulez pas à
la vie de ma bonne maîtresse, je le ferai.
    — Franz,
dis-je (abandonnant au passage Marie et les saints) je te le jure par le Dieu
tout-puissant. Es-tu content ?
    — Oui-da !
Car je ne voudrais point faire des cachottes à ma maîtresse qui lui seraient à
dol. D’autant que ma conscience me tabuste jà de lui rober ses chandelles pour
nourrir ma grande carcasse et le petit corps de ma liebchen.
    Ces paroles tant
m’atendrézirent que je lui dis, obéissant tout soudain à l’émeuvement du
moment :
    — À
laquelle, Franz, tu bailleras ces deux œufs que voilà.
    Quoi disant,
je les sortis de mon pourpoint et les lui mis dans les mains.
    — Ha !
Monsieur ! Monsieur ! Monsieur ! dit Franz, les larmes lui
venant aux yeux.
    Mais voyant
que sa gorge trop l’étouffait pour me dire un merci, je lui donnai son congé et
l’envisageai, tandis qu’il s’en allait aussi vite que la faiblesse de ses
grandes gambes le lui permettait, le cœur, à ce que je gage, lui toquant de
joie dans le pensement qu’il allait apporter, pour le jour du moins, sang et
vie à sa liebchen. Et quant à moi, regagnant, comme nous en avait avisé
le rusé et incestueux archevêque de Lyon, ma chacunière, je m’apensai que l’adage
si souvent cité (y compris en son oc par ma Babille) « Tel maître, tel
valet » est bien plus faux que vrai, le méchant aimant à se faire servir,
lui aussi, par de bons serviteurs.
    D’avoir pensé
à Babille me fit penser à celle dont elle m’avait consolé, mais cette pensée
m’attristant, je la chassai incontinent, ayant assez de sujet de chagrin à voir
les spectres qui peuplaient de présent les rues où j’allais cheminant.
    À dire le
vrai, je ne trouvai de retour au logis ni chagrin ni tristesse, mais bien le
rebours, mes gens étant attablés avec Héloïse devant des gobelets de vin, et
avec elle jasant joyeusement, mon Miroul montrant bien, toutefois par son
déportement, qu’il était le gouverneur, et non l’égal, des deux arquebusiers.
    — Ha !
Moussu ! dit-il, son œil marron fort chaleureux et son œil bleu à demi
froid, mais à demi seulement, subissant, pour ainsi parler, la contagion de
l’autre, avec votre permission, j’aimerais vous parler bec à bec.
    Ayant dit, et
sur un signe d’assentiment de moi, il me suivit dans ma chambre où je me défis
de prime de ma vêture bourgeoise, le temps étant fort pesant, et la marche
m’ayant mis en eau.
    — Eh
bien, Miroul, dis-je, me tournant à lui, quelle est donc cette pressante
affaire ?
    — Moussu,
dit-il, répondant par question à question avec sa coutumière adresse, est-il
constant qu’Héloïse ait quis de vous d’être notre chambrière et que vous l’ayez
refusée ?
    — Miroul,
dis-je d’un ton rogue

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