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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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assez, sans lui jeter un œil, contrefeignant d’être tout
à ma dévêture, si tu le sais, pourquoi me le demandes-tu ?
    — C’est
que, Moussu, je me suis apensé que ce ne serait pas une mauvaise idée que
d’avoir Héloïse céans pour cuire notre pot, rendre les chambres proprettes…
    — Faire
et défaire les lits…
    — Moussu,
je n’ai pas dit cela.
    — Mais,
tu le penses, c’est tout le même.
    — Moussu,
je ne suis pas le seul à l’avoir en l’esprit.
    — Tiens
donc ! Pissebœuf et Poussevent aussi ! Voilà notre chambrière de tous
côtés arquebusée. À ce jeu, elle ne court pas grand risque de rester
maigrelette.
    — Moussu,
êtes-vous fâché et dépit contre votre Miroul ?
    — Seulement
de ce que mon Miroul se bande avec mes valets.
    — Ha,
Moussu, dit Miroul, fort alarmé, cela n’est point ! Je ne regarde qu’à vos
intérêts !
    — Mes
intérêts vont à ne pas faire cinq parts de notre pain, quand quatre
suffiraient.
    — Moussu,
touchant au pain justement, vos valets et moi-même sommes accordés à rogner sur
nos parts pour faire celle d’Héloïse.
    — Tiens
donc ! Que voilà une chanson nouvelle ! Souvent valet varie !
    — C’est
que, Moussu, il n’y a pas que la faim du ventre. Celle-là contentée, il reste
l’autre.
    — Ne le
sais-je pas bien aussi ?
    — Mais,
Moussu, vous n’êtes pas compté hors en ce bargouin.
    — La
grand merci à toi, Miroul, mais outre que je ne suis pas grand partageux, si la
pauvrette grossit trop vite, je ne veux point être réputé le père.
    — Moussu,
vous êtes docteur médecin, vous connaissez les herbes et où les mettre.
    — C’est
merveille comme tu as pensé à tout.
    — Ha,
Moussu ! Ce fut merveille d’ouïr en cette maison le rire clair d’une
garce.
    — Pauvre
Florine !
    — Moussu,
dit-il avec un sourire entendu, je me vêts du drap que je peux, ne fût-il pas
de Châteaudun…
    Et moi, voyant
qu’il me renvoyait si adroitement le caillou en mon petit jardinage, je ne pus
que je ne m’esbouffasse, tant j’aimais ce fripon, si vif et si frisquet.
    — Moussu,
dit-il en prenant cœur à me voir rire, n’avez-vous pas compassion à la
pauvrette ?
    — Pourquoi,
dis-je, pour citer notre Pissebœuf, avoir plus de compassion à cette drola plutôt qu’à l’une quelconque des milliers de garces qui à’steure en Paris
crèvent de verte faim ?
    — Parce
que nous l’avons là, sous la main.
    — Sous la
main est bien dit. La défendriez-vous si fort, si elle n’était pas pliable à
vos appétits ?
    — Non,
certes.
    Ayant dit, je
m’accoisai, lui laissant les plumes fort rebroussées par mon silence, lequel il
ne manqua pas de rompre à la parfin pour me demander du ton le plus
modeste :
    — Moussu,
en tout respect, qu’allez-vous décider ?
    — Je le
dirai demain.
    À vrai dire,
la chose en mon esprit était jà conclue, encore que je fusse bien aise de
laisser Miroul mûrir en son mijot. Mais, m’apensai-je après mon entretien avec
Franz, dans huit jours, dix jours au plus, ou bien la Montpensier m’aura par
Nemours baillé passeport, et je l’aurai envitaillée à plein, et nous avec. Ou
bien je serai dagué et mes gens envoyés tout bottés au gibet. Dans le meilleur,
Héloïse ne rognera guère sur nos parts. Dans le pire, que mes gens aient du
moins ce soulas de l’avoir eue huit jours, eux que j’entraînerai à coup sûr
dans ma mort, tout bon maître que je sois.
    Toutefois, je
me trouvai très peu content de moi, m’ayant laissé rafler par mes droles la drola que je n’eusse assurément pas refusée, si mon entretien avec elle
avait suivi, et non précédé, mon encontre avec Franz et les espoirs qu’elle
m’avait donnés d’un prompt aboutissement. Qui pis est, je n’étais pas fort fier
de m’être avec Miroul montré si graffigneur, trahissant jaleuseté et dépit,
sentiments que je tiens pour infantins, tout universels qu’ils soient.
    Je courus le
lendemain au logis de mon cher L’Étoile pour le désir que j’avais de quérir de
lui ce qui était résulté du tumulte du Grand Palais où le peuple avait tant
mortifié Mendoza en dédaignant ses moneditas. Mais je n’y trouvai que la
chambrière que j’ai dite, laquelle me voulut derechef retenir, et dans les
filets de qui je m’eusse volontiers entortillé, si je n’avais commencé à
croire, observant l’épousante humeur de la mignote, que si L’Étoile avait
envoyé hors

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