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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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à ces drolettes à l’entrant que le
plus rapide, et en apparence du moins, le moins appétant des regards, entendant
bien que je ne pourrais les envisager davantage sans offenser mortellement M me de Nemours. Cependant, assis muet sur cette menue escabelle, enserré dans
l’enclos de ce cabinet parfumé, la face au niveau des virevoltants vertugadins
des chambrières, et n’ayant d’yeux que pour la duchesse, je ne laissai pas de
sentir, avec un plaisir infini, la suave douceur féminine qui pour moi émanait
d’elle, et tout ensemble des filles qui la servaient, celles-ci ayant,
par-dessus la duchesse, qui avait toutes les autres, la vertu de
l’accessibilité.
    Je m’avisai
toutefois au bout d’un moment, encore que M me de Nemours ne
m’envisageât jamais, et alors très en bref, par l’intermédiaire de son miroir,
qu’elle paraissait elle-même fort aise de posséder là, à l’âge où les frimas en
rétrécissaient le cercle, un ardent soupirant : zélote d’autant plus
précieux que sa roture le rendait aussi peu périlleux que s’il avait appartenu
à une autre espèce. Aussi m’ayant là, à ses pieds, comme un second miroir,
réfléchissant ses grâces et celui-là, maugré tout, plus vivant, vibrant et
viril que le premier, trouvait-elle trop de charmes à ce moment ambigueux pour
ne pas le prolonger autant qu’elle le pouvait, sans trop surprendre ses
chambrières, ni leur mettre puce au poitrail du singulier soulas qu’elle
trouvait en ma muette compagnie.
    — Eh
bien, mes filles, dit-elle à la parfin, d’une voix enjouée, mais sans bouger de
son siège, voilà qui est fait ! Laissez-moi de présent ! J’ai affaire
à mon maître drapier.
    Si je n’avais
pas su l’us de nos hautes dames qui, à leur toilette, et quasiment en leur
bain, ne font pas plus de cas d’un marchand que d’un laquais, et d’un laquais
que d’un chien dammeret, j’eusse été béant qu’elle me reçût bec à bec en son petit
cabinet, dévêtue comme elle l’était. Il est vrai que lus, ici, avait bon dos,
et qu’il y avait, de la part de la duchesse, une fort charmante chattemiterie à
contrefeindre d’ignorer les regards qu’elle avait surpris, mais que, cependant,
je pris le parti d’éteindre, dès que je fus seul avec elle et que le miroir de
la chambrière eut cessé de lui servir de relais. Et mon ire se rallumant alors
des paroles odieuses que ce misérable Boucher lui avait prêtées ex cathedra, je les lui répétai tout crûment et œil à œil, fort content de la voir rougir
sous son rouge, et de vergogne, et de colère.
    — Benoîte
Vierge ! s’écria-t-elle, indignée, j’eusse préféré que ma langue se
flétrît et séchât, plutôt qu’elle articulât de si méchants propos !
Monsieur, reprit-elle (me « Monsieurisant » derechef) je vous sais le
plus grand gré d’avoir été le premier à m’apporter l’écho des cancans de ce
prêchaillon. Je le ferai tancer par mon fils Nemours. Il est vrai, reprit-elle,
que ce Boucher, grand impudent qu’il est, va plaider la confusion, et qu’il n’a
fait que prêter à la mère ce que la fille a dit, car, Monsieur, il faut que
vous le sachiez, la duchesse de Montpensier, hélas, a bel et bien tenu ces
propos insensés, et le renardier Boucher bien le sait, mais sachant aussi qu’ils
sont de petite conséquence dans la bouche d’une furieuse qui n’a pas d’enfant,
il a préféré les mettre dans la mienne, moi qui suis mère et, en outre, connue
pour ma modération.
    Je m’accoisai
à ouïr ceci, le blâme à la Boiteuse étant si peu déguisé que je ne pouvais
ouvrir le bec sans renchérir dessus, comme l’envie certes m’en démangeait,
« insensée » et « furieuse » me paraissant doux, appliqués
à cette ménade. Mais voyant bien que M me de Nemours elle-même ne
voulait pas poursuivre, je quis d’elle mon congé, ce qu’elle ne voulut de prime
m’accorder.
    — Quoi,
Monsieur ? dit-elle, avec un soupçon de coquetterie, à peine vous voilà
céans que jà vous vous sauvez ! Est-ce que d’autres visites à d’autres
dames vous requièrent ce matin, et est-ce ainsi que vous entendez me servir,
comme vous m’en avez fait le serment ?
    — Hé !
Madame ! dis-je avec chaleur, vous n’ignorez pas que je suis tout dévoué à
votre commandement dans toute affaire qui ne toucherait pas à l’État, comme
vous l’avez si bien dit vous-même.
    — Monsieur,
dit-elle avec un rire gai,

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