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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Corbeil, Saint-Maur et Charenton, villes par quoi il
avait ouvert aux Parisiens les vallées de Seine et de Marne, mais pour fort peu
de temps, car Parme sitôt retourné en ses Flandres, le roi reprit lesdites
villes, et d’autres encore tout autour de Paris, tant est que n’ayant plus
assez de forces pour recommencer le siège (la noblesse royaliste, après sa
levée, s’étant retournée en ses châteaux, pour y prendre ses quartiers d’hiver)
le roi ne laissait pas cependant d’investir la bonne ville, mais pour ainsi
parler à distance, ne pouvant supprimer tout à plein son envitaillement, mais y
mettant des traverses assez pour qu’on y souffrît encore, sinon de famine, du
moins de faim.
    La principale
épine dans la pauvre charnure de Paris cet hiver-là, c’était bien la ville de
Saint-Denis que M. de Vic, à sa porte même et à son nez, tenait bien remparée
avec une garnison royale, dont il faisait partir çà et là des troupes pour
surprendre les convois de vivres qui tâchaient d’entrer dans la capitale. Lui
même n’admettait plus personne en Saint-Denis, et pas même moi, comme il me le
dit bec à bec, quand j’y fus, la veille de Noël, pour la dernière fois, afin
d’y faire ma provende pour envitailler les princesses : résolution que je
trouvais fort sage, encore qu’elle me gênât. En cet ultime séjour je pus voir
La Goulue, non point au logis, mais dans la rue, comme elle allait à la
moutarde, et m’étant fait d’elle reconnaître, elle me dit que La Raverie se
baignait quasiment dans ses pleurs et maudissait à toute heure, et M. de Vic,
et la guerre, pour ce que son M. de Lundi s’était vu défendre l’entrant de
Saint-Denis dès la levée du siège : Ce qui me donna fort à penser.
    — Mon
Miroul, dis-je, quand je fus avec lui rentré dedans nos murs, n’étais-tu pas
accoutumé à encontrer le Rapin du chevalier d’Aumale en l’auberge de l’Épée
Royale ?
    — La
malnommée, dit Miroul, car l’épée du roi, de Montmartre à Longchamp, a plus
d’un fourreau, tandis que celle de Rapin n’en a qu’un, et encore lui en coûte-t-il
dix sols pour rengainer.
    — Trêve
de ces gaillardies. M’ois-tu ?
    — Comme
oreille de mouche ligueuse.
    — Il va
te falloir retourner à l’Épée Royale pour retrouver ce Rapin.
    — Et
perdre encore un de vos écus ? Rapine que ce Rapin !
    — Il le
faut. Devines-tu pourquoi ?
    — Au
quart de mot, Moussu. Le chevalier d’Aumale, ne pouvant plus mettre le pied, ni
le vit, en Saint-Denis, va prendre le diable au corps de ne pouvoir plus
étreindre sa diablesse, et au lieu que de passer muraille en douceur par
passeport et déguisure, va attenter de la sauter en force.
    — Et
d’autant, Miroul, que les Seize poussent comme fols à cette expédition,
Saint-Denis étant une grosse écharde en leur paume.
    — Toutefois,
Moussu, Saint-Denis est entourée de murs, lesquels baignent dans l’eau sale et
noirâtre des douves.
    — Mais il
gèle, Miroul. J’ai vu jà des glaçons flotter sur ces eaux-là.
    — Moussu,
je vous entends. Je cours à l’Épée Royale prendre langue avec ce petit
Rapineux, mais sans rengainer ni dégainer moi-même, ayant le souci de ma santé.
    — Et bien
le peux-tu, ayant bonne garce au logis.
    — Moussu,
ceci est amer. Moussu, savez-vous bien que vous m’inquiétez ? Vous
refusâtes Héloïse. Vous ne prîtes pas Lisette, quand vous pouviez la prendre.
Vous aimez M me de Nemours, mais non au-delà du baisemain. Et vous
contrefeignez de ne pas apercevoir que Doña Clara vous donne le bel œil. Que
vous voilà changé !
    — Doña
Clara est noble. Elle ne voudra pas d’un marchand drapier.
    — Moussu,
la preuve d’une chose est dans l’essai.
    — Donc,
Miroul, la preuve de mon hypothèse est dans le nez de Rapin. Cours lui en tirer
les vers.
    — Moussu,
ceci est une parade.
    — Miroul,
ne parade pas ton esprit davantage. Va, mon Miroul, montre-moi tes
talons !
    Belle
lectrice, ce qu’il y a de bon dans mon gentil secrétaire, c’est que ne pouvant
qu’il n’outrepasse, il n’outrepasse pas deux fois. Et qu’il suffit de lui taper
légèrement sur les cornes pour qu’il les escargote. Cependant, comme il a, se
peut, éveillé en vous quelque curiosité sur le présent désert de ma vie,
laquelle en d’autres temps se trouva si peuplée, j’aimerais confier à votre
tendre oreille ce que je n’ai pas distillé en la sienne et vous dire les
sentiments

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