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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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contre Saint-Denis.
Après quoi, si elle réussit, on fera céans une belle Saint-Barthélemy du
Parlement et des politiques avec grande et juteuse pillerie des
meilleures maisons de Paris.
    — Quoi ?
Sans l’aveu de M. de Nemours ?
    — M. de
Nemours est bien trop respectueux du Parlement pour être mis dans ce complot.
On attendra qu’il soit départi de Paris.
    — Va-t-il
donc s’en aller ? dis-je, béant.
    — Sur le
commandement de Mayenne, Nemours doit rejoindre sous peu son gouvernement de
Lyon.
    — Après
tous les services que Nemours a rendus à Paris pendant le siège ! Quel
gentil frère que ce Mayenne ! Point jaleux pour un sol ! Et si
reconnaissant !
    — M. de
Belin remplacera Nemours.
    — Belin ?
Je ne le connais pas.
    — Personne
ne le connaît, Moussu, et d’après Rapin, les Seize le tiennent pour nul.
    — Ce
Rapin a de longues oreilles.
    — Et la
langue plus longue encore, quand il est dans ses coupes.
    — Est-ce
là tout ?
    — Nenni.
La Chapelle-Marteau n’est plus prévôt des marchands. Il va céder la place à…
Boucher.
    — Boucher !
Le curé Boucher ! Le sanguinaire Boucher ! Dieu juste !
    — Moussu,
si je ne devais être accusé derechef par vous de parader mon esprit, je dirais…
    — Diga
me.
    — Qu’après
avoir été martelés par la Chapelle, les Parisiens vont être écorchés par
Boucher…
    — Miroul,
je répéterai ce giòco à L’Étoile. Se peut qu’il le couche en ses
cahiers.
    — Mais
hélas, sans mon nom, Moussu. Je poursuis. Pour la date de l’attaque nocturne
contre Saint-Denis, vous aviez raison. On attendra que les douves gèlent assez
pour supporter des échelles.
    — Cela
s’est dit à ce repas ?
    — Oui-da !
    — Qui se
fut apensé que le très haut chevalier d’Aumale, cousin des Guise, se serait
acoquiné avec les Seize ?
    — Ha !
Moussu ! D’après Rapin, il est avec ces marauds cul et chemise ! Au
sortir de table, les quittant, il but à leur santé, en disant ces mots :
« Messieurs, voilà le dix-septième qui boit aux Seize ! »
    — «Le
dix-septième ! » Il s’est assimilé à ce ramassis !
    — Rapin
l’affirme, qui en fut le premier étonné.
    — Miroul,
dis-je, fort songeard de ce que je venais d’ouïr. Je n’aime pas cela. Nemours,
qui ne manquait pas d’entrailles, s’en va. L’encharné Boucher devient prévôt
des marchands. Et d’Aumale se ligue avec les Seize. Miroul, tout cela
annonce du sang !
    — Si le
crois-je, Moussu. Et le pis, c’est que nous ne pouvons même pas prévenir M. de
Vic, n’ayant plus l’entrant en Saint-Denis.
    À quoi,
sentant bien la difficulté de la chose, je rêvais tout le reste du jour, et la
nuit qui suivit, et dis le lendemain à Miroul :
    — Miroul,
pour prévenir M. de Vic, il n’est que d’être parmi ceux-là qui sauteront la
muraille de Saint-Denis pour ouvrir la porte à d’Aumale. Ce qu’au lieu de
faire, nous irons, nous, désommeiller M. de Vic.
    — C’est
bien rêvé, mais, Moussu, comment être de ceux-là que vous dites ?
    — Mais
par Tronson.
    Lequel
Tronson, après notre exploit du cimetière des Saints-Innocents avait tant fait
le fier, le fendant et le mangeur de charrettes ferrées, que le colonel de son quartier l’avait nommé capitaine, car ces messieurs de la
boutique, du petit négoce et de la basoche, depuis que les Seize leur
avaient donné des armes pour monter la garde sur les remparts, se donnaient
entre eux ces titres militaires. Non qu’ils fussent incapables, bien remparés
derrière les murs, de les défendre, mais entendez qu’à cela se limitaient leur
usance et leur vaillance. En rase campagne, devant des troupes éprouvées, ils
n’eussent pas tenu deux minutes, étant lents et balourds à l’estoc ou à la
pique, pour n’avoir point été émoulus à leur pratique dès l’enfance.
    Je dépêchai
donc au « capitaine » Tronson un petit « vas-y-dire » pour
le prier de venir boire un flacon avec moi en mon logis, et dès qu’il fut
advenu, assis, le gobelet en main, et l’huis clos sur nous, je lui dis :
    — Capitaine
Tronson, vous n’avez pas laissé d’apercevoir que maintenant que le Béarnais est
départi au diable de Vauvert, la présence d’une garnison royale à Saint-Denis
est pour la capitale un insufférable défi.
    — Oui-da !
dit Tronson, hochant la tête gravement sur son gobelet, lequel dans sa large
poigne paraissait à peine plus gros

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