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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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grande bataille, ne put me donner audience, se
bornant à me faire dire par M. de Rosny d’avoir à demeurer dedans Paris, où il
aurait, certes, l’occasion, derechef, de se servir de moi.
    Je rentrai
donc intra muros, et fort tristement, voyant mon roi privé comme devant
de sa capitale, et les Français comme devant désunis. Du moins eus-je
l’agrément de retrouver en mon logis de la rue des Filles-Dieu Doña Clara saine
et rebiscoulée, laquelle je convainquis de ne pas s’en retourner tout de gob en
ses Espagnes, ce voyage n’étant pas sans grand péril, dans le trouble des
temps, et la guerre flambant de nouveau partout en France entre ligueux et
royalistes.
    Je courus le
lendemain de mon retour visiter M me de Nemours, laquelle me recevant
en son petit cabinet, vêtue en ses robes de nuit, me tança de n’être venu la
voir de huit jours, mais s’apazima, dès que je lui eus dit où j’étais et
pourquoi, lui en contant aussitôt ma râtelée.
    — Ainsi,
Monsieur, dit-elle, mon cousin d’Aumale ne complote pas en Saint-Denis. Il
coquelique ! N’est-ce pas étrange ? Ne dirait-on pas que Paris est si
vide de femmes qu’il doive en aller chercher une en Saint-Denis dans le camp
des royaux ! L’avez-vous dit à Navarre ?
    — Madame,
dis-je, je ne l’ai dit à personne, et si je le dis à vous, c’est que m’en
tenant à nos conventions, je me suis acertainé qu’il s’agissait d’une affaire
privée, et non point d’un secret d’État.
    — Je
gage, Monsieur, dit-elle avec un sourire tout à la fois doux et moqueur, que
c’est guidé par cette même prudence que revenant de Saint-Denis, vous omettez
de me dire que Navarre y fait ses paquets.
    — J’ai
vu, en effet, Madame, dis-je, des préparatifs qui me l’ont donné à penser, mais
outre que j’imagine que M. de Nemours l’a su aussi bien et aussi tôt que moi,
il n’entre pas dans mon rollet de colporter ce genre de nouvelles d’un camp à
l’autre.
    — Monsieur,
dit-elle en m’envisageant l’œil fort pétillant, vous possédez un mérite
insigne : vous êtes constant en vos pensées. Cependant, afin que de
connaître la vérité sur les nuits de mon cousin, vous vous êtes mis à quelques
dépens, lesquels j’ai dans le propos de vous rembourser.
    — Ha !
Madame ! dis-je, fi donc ! Cela ne se peut !
    — Monsieur,
dit-elle avec un sourire mi-figue mi-raisin, est-ce à dire que vous vous tenez
assez payé de vos débours par la nuit que vous passâtes dans la chambre de La
Goulue ?
    — Madame,
dis-je quelque peu béant de cette inattendue attaque, en aucune guise !
cette nuit ne m’apporta pas d’autre commodité que le sommeil.
    — Eh
bien, Monsieur, reprit-elle gaîment, en ce cas, je vous dois cent écus !
    — Madame,
dis-je, je n’ai cité ces cent écus que pour vous amuser. Pas plus que mon
dévouement à vous ils ne sont repayables.
    Ceci parut lui
donner quelque émeuvement, car elle fut un moment à m’envisager de ses beaux
yeux sans dire mot ni miette. Après quoi elle sourit d’une façon douce et
connivente et dit sotto voce :
    — Monsieur,
ne craignez-vous pas que votre émerveillable libéralité me baille le soupçon
que vous n’êtes pas vraiment le marchand drapier que vous prétendez être ?
    — Mais,
Madame la Duchesse, dis-je en me mettant à ses genoux, si vous n’aviez eu
depuis longtemps ce soupçon, m’auriez-vous laissé vous baiser les mains ?
    — Est-ce
un aveu ?
    — Non,
Madame, dis-je en couvrant lesdites mains de baisers. C’est un paiement.
    — Allons,
Monsieur ! dit-elle avec un petit rire. Vous êtes fol ! Cessez
donc ! Vous me fâcheriez ! Si même vous étiez baron ou comte, déjà je
condescendrais prou ! Ensauvez-vous, Monsieur ! Et me revenez visiter
fidèlement deux fois la semaine. Il se peut, ajouta-t-elle, se servant
quasiment des mêmes mots que le roi, que j’aie de vous derechef quelque usance.
    Je dormais
fort profondément à l’aube du 30 août, quand mon huis sur la rue fut
ébranlé de grands coups, et cette noise ne cessant point, j’allai quérir Miroul
en sa chambre où ne le trouvant point, j’augurai qu’il était si occupé avec
Héloïse qu’il n’oyait rien au-delà de ses propres soupirs. J’allais donc voir
moi-même par le judas la raison de cette grande vacarme et l’ayant déclos,
aperçus par les barreaux la bonne trogne réjouie du maître menuisier Tronson.
    — Alléluia,
compère !

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