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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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puisqu’elle était à celle-ci parallèle, et
de frapper à son huis à coups redoublés – la seule noise que pour
l’instant on pût ouïr en Saint-Denis dans le silence de la nuit glacée.
    Le cœur me
toqua comme fol tout le temps – qui me parut long – qu’on mit à me
répondre, la crainte m’assaillant que M. de Vic, comme L’Étoile, fît le sourd
la nuit par prudence à qui le voulait désommeiller. Mais la Dieu merci, au bout
d’une éternité, j’ouïs un bruit de pas, puis un déverrouillage, et le judas
s’ouvrant, je me trouvai confronté par le canon d’un pistolet derrière lequel,
levant ma lanterne sourde, j’aperçus la face camuse d’un valet effaré, auquel
je ne laissais pas le temps d’ouvrir le bec.
    — Maraud,
dis-je d’une voix forte, va dire tout de gob à M. de Vic que le maître drapier
Coulondre – je dis Coulondre – le veut voir dans la minute,
s’agissant d’une question de vie et de mort pour lui, pour sa garnison et pour
la ville.
    Sur quoi le
judas se reclouit avec un bruit sourd, et quelques secondes plus tard se
rouvrit, et ma lanterne sourde éclairant ma face à plein, M. de Vic apparut,
suivi de cinq à six valets tous armés, et m’ayant reconnu, me donna l’entrant,
l’huis se refermant sur nous en un battement de cil.
    — Maître
drapier ! dit M. de Vic, fort sourcilleux et plus grand jaseur que jamais,
son ire ayant ouvert grandes ses écluses, que faites-vous céans, après que je
vous ai interdit, comme à tous les Parisiens, l’entrant en Saint-Denis ?
Croyez-vous servir le roi en désobéissant à ses officiers ?
    Ceci fut dit
avec grand bombement du poitrail, grosse voix, éclair dans les yeux de jais et
grimace de gueule : accueil qui tant me déconcerta par sa stupidité que je
restai coi.
    — Et
Vertudieu ! poursuivit M. de Vic, sa voix se gonflant encore, comment vous
a-t-on laissé passer à la porte de Paris, contrevenant à mes plus formels
commandements ? Monsieur, avez-vous mot à dire avant que je vous baille
votre congé ? Qui êtes-vous pour me venir désommeiller dans mon premier
sommeil ? Et qu’avez-vous affaire à moi ?
    Quoi dit, il
mettait déjà la main sur le loquet de son huis sans m’ouïr le moindre pour me
bouter hors, étant comme entraîné et submergé par le flot irrésistible de ses
propres paroles, quand Miroul, me voyant interdit par cet insensé verbiage, dit
avec un profond salut :
    — Monsieur,
nous avons sauté votre muraille pour venir jusqu’à vous.
    — Quoi ?
Vous avez sauté ma muraille ! tonna M. de Vic, son gros nez blanchissant
en sa colère. Vous avez sauté ma muraille ! Vertudieu ! Mais c’est
crime capital et de mort en temps de guerre puni ! Et si mes sentinelles
vous avaient trouvés à ce faire, elles auraient eu mille fois raison de vous
arquebuser.
    — Par
bonheur, dis-je sèchement et redressant la crête, étant au bout de ma patience,
de sentinelles, nous n’avons pas encontré la queue d’une. Ce qui nous a permis
d’arriver jusqu’à vous afin que de vous prévenir.
    — Me
prévenir. Monsieur ! hucha M. de Vic au comble de son ire. Et me prévenir
de quoi, je vous prie ? Avez-vous la prétention de m’en remontrer sur mon
métier et de me donner leçon derechef ? Vertudieu ! Je n’ai jamais
ouï pareille impertinence ! Et de la bouche d’un maître drapier !
    — Que je
ne suis pas, Monsieur, dis-je avec la dernière froidure, et ce que je suis, je
vous le pourrai dire bec à bec sans la présence de vos gens. Monsieur,
poursuivis-je en haussant la voix et en levant la main pour arrêter un nouveau
déluge de paroles, nous perdons du temps ! À cette minute où je parle,
vingt volontaires ligueux ont sauté vos murailles et sont en train de déclore
la porte de Paris à mille hommes et deux cents cavaliers, commandés par
d’Aumale.
    — Mille
hommes, deux cents cavaliers et d’Aumale ! cria M. de Vic, son gros œil
d’un noir de jais saillant quasiment de l’orbite. En êtes-vous sûr ?
    — Je les
ai vus de ces yeux que voilà !
    — Vertudieu !
Que ne l’avez-vous dit plus tôt ! cria M. de Vic ! Mille hommes ! Deux
cents cavaliers ! Et d’Aumale ! Marauds ! cria-t-il à ses gens,
sellez les chevaux et armez-vous en guerre ! Et toi, Normand, va quérir
mon trompette ! Arrachez-le de sa coite où il s’apparesse et qu’il soit
céans dans deux minutes sous peine de la hart ! Monsieur, dit-il en se
retournant

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